Comment une cellule agressée se défend …ou se suicide .

Stress, maladie ou vieillesse … autant de causes de dysfonctionnements. La cellule doit décider elle même si elle est réparable ou si elle doit tirer sa révérence.

En cas de désordres sévères dans une cellule (intrusion virale, accumulations toxiques), le premier réflexe cellulaire est de  tenter de réparer les molécules lésées. C’est le rôle des protéines chaperon (HSP) qui regroupent les fragments moléculaires et les enserrent comme un presse-livre afin de les reconstituer. 

En cas d’échec (critères mal compris actuellement), ces déchets décidément  inutiles, voire dangereux, peuvent avoir deux destinées :

  • soit la cellule « décide » de survivre, et elle va tenter de recycler ces molécules endommagées pour en synthétiser de nouvelles. C’est le phénomène d’autophagie. Les HSP déversent alors ces déchets moléculaires dans une vacuole digestive très performante, l’autophagosome.Les sous produits de digestion sont relargués dans le cytoplasme pour édifier de nouvelles molécules toutes neuves.
  • Soit les dégâts semblent irréversibles, et le plus sage pour cette cellule est de disparaître proprement, sans léser les cellules voisines. C’est l’apoptose. Les HSP vont alors en bordure de cellule, pour présenter aux lymphocytes voisins les signes de l’aliénation cellulaire.Ceux–ci réagissent immédiatement en imposant (par des procédés différents selon les lymphocytes) le suicide cellulaire, une fragmentation propre de la cellule en petites vésicules toutes prêtes à être gloutonnées par d’autres cellules blanches, les macrophages.

L’irradiation, par exemple, entraine une production violente et continue de radicaux libres qui lèsent les molécules cytoplasmiques (dont les HSP elles-mêmes …) comme  les acides nucléiques du noyau. Avec pour voie prioritaire l’apoptose si des lymphocytes sont encore actifs, ou bien la mort par nécrose si la cellule est livrée à elle-même.

A l’inverse, au cours d’un jeûne bien mené, la cellule se reprogramme entièrement pour économiser ses composants, elle met édifie des phagosomes performants et met en route toute une chaine de HSP qui repèrent les molécules non essentielles et les embarquent pour être proprement digérées en interne.

On comprend ainsi l’efficacité du jeûne chez des irradiés, puisque cette privation métabolique permet de booster l’action des HSP, une meilleure protection du contenu cellulaire, et une efficacité accrue des phagosomes recycleurs. Les témoignages d’irradiés qui récupèrent plus vite, qui souffrent moins, sont dans la logique de ce processus biologique qui est actuellement le thème de recherches le plus couru dans le monde entier …

Angelina Viva

Article associé: jeûne et cancer, les travaux de Walter Longo