Les criquets dévastateurs sous l’influence d’une phéromone

Lors d’une nuée de criquets dans une zone de culture, un essaim d’un kilomètre carré contient environ 40 millions de criquets. Or, chaque criquet consomme chaque jour l’équivalent de son poids en nourriture, c’est-à-dire environ deux grammes. Autrement dit, chaque essaim de criquets consomme autant de nourriture que 35 000 personnes. Voilà, le ton est donné. Mais pourquoi et comment ces insectes se regroupent-ils et comment les recadrer ?

Que ce soit en Inde, au Pakistan ou dans toute l’Afrique (leur domaine de prédation s’étend d’année en année), les criquets sont régulièrement la cause de désastres agricoles, donc alimentaires, donc sociaux, et à part quelques pitchenettes chimiques par ailleurs très toxiques pour le Vivant, on ne sait toujours pas réagir à ces catastrophes.

Une piste vient d’être dévoilée, publiée dans la revue Nature le 12 août 2020. La cause en serait une phéromone nommée 4-vinylanisole (4VA). Cette substance est secrétée par le criquet en présence de congénères. Il s’agit d’une sorte de “parfum” irrésistible causant un inévitable effet boule de neige. De plus en plus de criquets se regroupent et sécrètent à leur tour cette fameuse phéromone. Et plus il y a de cette substance dans l’air, plus les criquets se regroupent et foisonnent en un lieu donné.

Comment réagir, par rapport à ces nouvelles données ?

1- on peut couillonner des nuées naissantes en leur présentant de cette phéromone pour les regrouper dans des lieux déserts où on pourra les exterminer. Plan A

2- On peut mettre en route des essaims de criquets modifiés génétiquements, et insensibles à cette phéromone. C’est très théorique et plutôt dangereux … Plan B.

3 – On peut trouver une substance qui soit capable de bloquer les récepteurs de cette phéromone, pour la diffuser dans les nuées en formation et en bloquer la progression. Plan C.

Le plan D, personne n’en parle, mais ce serait de capturer des tonnes de criquets dans des filets adaptés, et d’en faire un aliment pour les productions animales locales (volailles, porcs…).

Jean-Yves Gauchet