De l’intelligence des oiseaux

« Tête de linotte ! », « cervelle de piaf ! »… Les humains abusent de noms d’oiseaux et se moquent au passage de leur prétendue bêtise. Mais savons-nous réellement de quoi nous parlons ? De la corneille japonaise qui casse ses noix en utilisant les feux de circulation, de la fauvette à tête noire qui fait la liaison pôle Nord-pôle Sud, du geai buissonnier qui sait évaluer « la date » de péremption des aliments cachés ou de la pie qui imite à la perfection la sonnerie du téléphone ?… Les exemples abondent, amusent, intriguent, et toujours remettent en question nos clichés.

Observez ainsi ce corbeau qui, pour s’abreuver, s’évertue à introduire des cailloux dans la bouteille afin d’en rendre accessible le contenu…

“Le corbeau et la cruche” est une fable célèbre attribuée à Esope. Déja il y a quelques siècles, on avait remarqué la capacité de certains oiseaux à créer des outils pour obtenir de la subsistance, pour bâtir un nid, pour leurrer les congénères, ou encore pour séduire une partenaire.

Les oiseaux de la famille des corbeaux (freux, pies) savent instinctivement utiliser des outils (cailloux, brindilles) qu’ils peuvent “manipuler”, disons “bequipuler”avec leur bec. Les perroquets rajoutent une capacité “manuelle” avec leurs pattes.

Autre savoir instinctif: le lâcher de fruits à coque (noix diverses) ou de coquillages sur sol dur pour en casser la coque …

Ne parlons pas des nids, dont la construction, en solo ou à plusieurs, est un régal des yeux et une grande source de modestie pour

Il vient de sortir un ouvrage très complet sur le sujet, qui montre que certes leur cerveau est petit de taille, mais avec des connections neuronales plus fouillées. Les oiseaux n’ont pas de cortex préfrontal, mais un “nidopalladium” situé plutôt en interne et en arrière du cerveau, en relation très ténue avec toutes les autres parties du cerveau. En fait, un plan d’organisation plus efficace….

Jean-Yves Gauchet