L’immunologie, ou le « péché originel » des vaccins (1)

Engoncée dans son rôle historique de « science de la défense contre les micro-organismes”, l’immunologie voit son modèle totalement transformé à l’aune de nombreux travaux et découvertes, mais surtout de chercheurs « qui osent » sortir de la référence pastorienne.

Dossier en six articles à paraître courant mai:

1 – l’immunologie est née de la bactériologie

2 – retour vers la cellule : on comprend la « réaction immunitaire »

3 – avec les années 90 et le SIDA, retour vers l’immuno-infectiologie.

4 – quelle place pour nos bactéries intégrées ?

5 – la théorie de la continuité / discontinuité

6 – Et maintenant ?

un germe, une maladie, un vaccin“, c’est le credo de l’immunologie pasteurienne.

Premier article : l’immunologie est née de la bactériologie

C’est avec plaisir que nous voyons actuellement apparaître dans la presse scientifique des réflexions et des voies de recherches… que nous avons mis en avant dans « Effervesciences » depuis plus de quinze ans …

En immunologie désormais, les certitudes de type « un germe, une maladie, un vaccin », ne sont plus de mise : le système immunitaire voit son rôle biologique complètement remis en ordre, bien au delà du statut de « défense immunitaire », mais dans celui de « grand ordonnateur » pour gérer les rapports entre les différents tissus de l’organisme.

Actuellement, au moins deux nouvelles théories participent à cet aggiornamento (on peut utiliser ce terme de conclave, tant l’immunologie primale a pu être considérée comme une religion !).

  • la théorie du « super-organisme » (qui comprend nos tissus, mais aussi tout le microbiote qu’il héberge).
  • La théorie de la discontinuité (le système immunitaire ne réagit qu’à une modification (discontinuité) dans le temps ou dans l’espace des informations qu’il perçoit).

L’immunologie a suivi les traces de la bactériologie.

Au XIXème siècle, la science médicale n’était pas encore cloisonnée comme maintenant, et les chercheurs avaient le champ libre (selon financement…) pour avancer sans risquer de faire de l’ombre au voisin. C’est ainsi que Pasteur, chimiste éprouvé, s’est installé dans la microbiologie, ce qui désormais est impensable. Il a fait la relation entre les petites bactéries qu’il apprenait à connaître, et la protection obtenue par injection de ces mêmes bactéries après atténuation de leur virulence. La « variolisation » pratiquée depuis deux siècles, devenue « vaccination », puisque utilisant la « vaccine » qui elle ne touchait que les bovins, donc cette « variolisation servait de modèle pour tenter d’utiliser les germes eux-mêmes comme protection de la maladie. Avec un succès tangible sur les hommes comme sur les bêtes.

D’où la formule-étendard « un germe, une maladie, un vaccin », qui a servi longtemps de schéma unique pour comprendre et utiliser nos capacités immunitaires.

A cette époque, les subtilités des globules blancs sont encore ignorées, on sait qu’ils ont en grand nombre dans la rate et les ganglions, mais pas grand chose sur leur fonctionnement.

Les observations montraient que l’organisme savait réagir à des faibles doses de « miasmes », en particulier si on le provoquait à l’aide de substances stimulantes : on obtenait une protection pour quelques mois, ou quelques années, sans trop savoir comment … la vaccinologie n’a jamais été une science exacte …

En attendant, « l’immunologie », la science de nos capacités de réponse et de guérison, était devenue une discipline prestigieuse, très lucrative, et considérée par les politiques comme par le petit peuple . Etre « majeur et vacciné » était l ‘apanage du citoyen respectable.

Avec les bactéries, le vaccin s’avérait relativement facile à développer. Certaines étaient néanmoins rétives (tréponème de la siphyllis, bacille de la lèpre), ou bien une modification soudaine en cours d’élaboration du vaccin conduisait à des catastrophe. Comme le fameux drame de Lubeck, en 1928, lorsque une centaine de nourrissons décédaient après une injection de BCG).

Mais un certain nombre de maladies, assurément infectieuses, refusaient de révéler le germe autrement que par la contagion d’un organisme à l’autre : on suspectait des « agents filtrants » qu’on put ensuite déceler comme des virus, qui ne pouvaient se reproduire qu’au sein de cellules … ou de bactéries.

La bactériologie devenait « microbiologie », pour englober d’autres agents infectieux (parasites, champignons, prions), et petit à petit intégrer la notion de bactéries commensales, de « bactéries utiles ».

Second article : retour vers la cellule : on comprend la « réaction immunitaire »