Une tendance actuelle chez certains généralistes : “un motif par rendez-vous”. Si vous avez à la fois une cystite et un mal de dos … il faut prendre deux rendez-vous. La médecine actuelle est ainsi débusquée: on soigne une maladie, pas un malade …
Souffrant d’un cancer, une patiente ornaise près d’Alençon a décidé de prendre rendez-vous avec son médecin traitant pour trois raisons différentes : une prise en charge à 100% par la Sécu, une ordonnance pour une échographie et un traitement contre une diarrhée, qui la faisait souffrir depuis quelques jours.
Mais, lors de la consultation, tout ne s’est pas passé comme elle l’espérait. Cette patiente, qui avait jusque-là uniquement vu le remplaçant du médecin, a été accueillie par ce dernier. “C’était la première fois que je le voyais. Avant, j’ai eu trois rendez-vous avec son remplaçant et ça s’est toujours très bien passé”, assure-t-elle auprès de l’Orne Hebdo. “J’ai beaucoup de problèmes de santé dus aux effets secondaires d’un traitement, donc quand je vais chez le médecin, j’ai souvent plusieurs questions car plusieurs symptômes. Là, je lui ai dit que la Sécu m’avait enlevé ma prise en charge à 100 % et je lui ai demandé comment faire pour en bénéficier de nouveau. Il m’a fait mon renouvellement et quand je lui ai dit que j’avais besoin d’une ordonnance pour une échographie, je me suis fait entendre “‘C’est un motif par rendez-vous! Venez voir sur la porte’”.
Dans la salle d’attente, en effet, le praticien avait épinglé une affiche stipulant que la règle de son cabinet était “un motif par rendez-vous”. Sidérée, la patiente reprend un rendez-vous pour le mardi suivant…afin de récupérer son ordonnance pour une échographie. Quant à sa diarrhée, elle n’a pas pu en parler. “Je suis allée dans une pharmacie qui m’a remis de l’ultra-levure. Et pour le reste, je verrai début juillet avec mon oncologue du Mans que je vois tous les trois mois”, raconte-t-elle encore. Elle avait également des examens sanguins à faire contrôler, mais face à l’attitude du médecin, la patiente a préféré renoncer.
Bon, il s’agit là d’une anecdote, relatée par un journal local. Mais c’est révélateur de cette dérive “organicienne” de la médecine. Cela touchait bien sûr les “spécialistes”, chez lesquels les généralistes réfèrent un cas particulier. On a glosé sur les “spécialistes du genou gauche” . Mais si cela touche la médecine générale, c’est le risque d’une médecine “le nez dans le guidon” où le malade n’existe que par des symptômes immédiats .
Pas de législation dans ce domaine
Le Dr Jean-Michel Gal, président du Conseil de l’Ordre des médecins dans l’Orne, précise qu’il « n’y a pas de législation là dessus. Chacun fait comme il veut ».
Selon lui, « une consultation se fait dans un contexte général de santé. C’est un acte général, c’est un tout. Il peut y avoir plusieurs choses à voir chez un même patient. »
Et de conclure : « On s’aperçoit, en effet, depuis peu de temps, qu’une nouvelle génération de médecins commence à fonctionner sur des consultations avec un seul motif ».