Les nouveaux variants s’annoncent en fanfare. Très contagieux, peu pathogènes, ils entraînent néanmoins une mortalité importante en touchant une très large population. Mais surtout, ils sont totalement insensibles aux immunités acquises, tant par des infections précédentes (whuan ou delta) que par les vaccinations répétées.
Comment comprendre la vitesse et l’intensité des infections actuelles aux variants omicron et consorts, et ceci dans le monde entier, sur des populations triplement vaccinées, voire même “rescapées” d’une infection par les virus historiques (whuan et delta)?
Une étude, publiée le 14 juin 2022 dans la revue Science, comprend deux volets. La première partie a consisté à évaluer la réponse immunitaire (en l’occurrence, d’une part l’immunité dépendante des lymphocytes B, d’autre part, l’immunité dépendante des lymphocytes T) chez ces sujets ayant reçu trois doses de vaccin anti-Covid-19. La seconde partie a analysé chez ces mêmes personnes triplement vaccinées la réponse immunitaire T et B chez celles qui avaient tout de même développé une infection par le variant Omicron après vaccination (breakthrough infection).
Certains individus de cette cohorte ont été identifiés comme ayant été infectés par la souche ancestrale (Wuhan-Hu-1) ou par le variant Alpha ou le variant Delta, ou encore plus récemment par Omicron, au cours des différentes vagues épidémiques et après la première, la deuxième et troisième dose de vaccin Pfizer.
Les chercheurs ont mesuré le titre (quantité) en anticorps dirigés contre la région (RBD) de la protéine spike (impliquée dans l’entrée du virus dans les cellules). Ils ont observé que les sujets qui avaient déjà été infectés par la souche ancestrale Wuhan-Hu-1 présentaient un moindre titre en anticorps anti-RBD contre les variants Beta, Gamma et Omicron.
Par ailleurs, les individus qui avaient été antérieurement infectés par la souche ancestrale et par le variant Alpha avaient une meilleure réponse en anticorps neutralisants contre la souche ancestrale, le variant Alpha et le variant Delta. Surtout, la capacité de neutralisation du variant Omicron était significativement plus réduite que celle vis-à-vis des autres variants préoccupants, et ce quel que soit leur historique d’infection par le SARS-CoV-2.
Les auteurs de l’étude soulignent que 14 semaines après la troisième dose de vaccin, les sujets antérieurement naïfs d’infection puis infectés par Omicron ont développé une réaction immune contre la protéine spike (domaine S1) d’Omicron, mais pas ceux qui ont été infectés par la souche ancestrale. Ces résultats montrent que l’empreinte antigénique de la souche Wuhan Hu-1 a donc entravé la production d’une réponse immunitaire contre Omicron malgré le fait d’avoir pourtant été infecté par Omicron.
Cette étude montre donc qu’une infection antérieure par tel ou tel sous-lignage du SARS-CoV-2 influe sur l’immunité dédiée par les lymphocytes B et T vis-à-vis du variant Omicron chez des sujets triplement vaccinés. En d’autres termes, le profil de l’immunité antivirale (réponse en anticorps, cellules B mémoires, réponse cellulaire T) apparaît être déterminé par l’empreinte antigénique laissée par une infection antérieure et la vaccination.
Et ceci nous amène à une grande vérité de l’immunologie, ce péché original antigénique (développé ici dans ce blog), c’est à dire qu’une primo-infection (ou un premier vaccin) va imprimer dans l’organisme une mémoire implacable, une primauté de réponse immunitaire qui prendra le pas sur toute nouvelle infection (ou vaccination) d’antigénie proche (c’est le cas des variants).
Ce qui veut dire que le stock des millions de doses de vaccins à visée “spike” qu’on nous réserve pour la rentrée, devrait rester dans les frigos: ces vaccins sont sans action protectrice, et ne pourront procurer que des effets secondaires désormais constatés, quoique misérablement occultés.
Jean-Yves Gauchet
Source: Réalités Biomédicales