Détaché du Danemark, le Groenland possède des ressources minières peu exploitées, qui deviennent accessibles du fait du réchauffement. Mais les ressources immédiates sont l’eau des icebergs, et la farine de roche, un nutriment minéral de première importance.
Au Groenland, le dernier bout de calotte glaciaire de l’hémisphère nord, qui fond, des milliards de tonnes de poudre très fine de roche contenant tous les nutriments minéraux absents sous les tropiques se sont libérées.
En fondant, la glace broie les roches en une fine poudre qui s’accumule à la sortie des fjords, où elle est facile à récupérer. Selon plusieurs expérimentations menées au Brésil et au Ghana, leur utilisation a permis d’augmenter la production de maïs de 30 %. Plus connus sous le nom de farine de roche glaciaire, les sédiments sont obtenus à partir de la glace qui, en fondant, broie les roches en une fine poudre qui s’accumule à la sortie des fjords. Le Groenland en produit 1 milliard de tonnes par an, un chiffre qui pourrait toutefois augmenter ces prochaines années, avec le réchauffement des températures, trois fois plus rapide dans l’Arctique qu’ailleurs sur la planète.
Autre propriété intéressante de ces sédiments : ils absorbent le CO2 au contact de l’air. Grâce à ses minuscules particules, le limon se dissout dans l’eau de pluie, libère ses nutriments et subit une réaction chimique qui emprisonne le dioxyde de carbone de l’atmosphère. Ce qui pourrait même permettre aux agriculteurs de vendre des crédits carbone en consommant de la farine de roche glaciaire, et compenserait surtout les émissions de dioxyde de carbone provenant de leur transport par bateau.
Valoriser l’eau des icebergs
Jusqu’ici, les icebergs allaient se perdre en fondant dans l’Atlantique nord … Un beau gâchis qui s’emballe actuellement, alors que l’eau manque sur toute la terre …
Plusieurs projets de récupération de l’eau sous forme de glaçons transportés sur des barges, soit d’icebergs carrément remorqués sur des milliers de kilomètres on été envisagés, jusqu’ici sans solution financière avérée.
« Les icebergs contiennent une eau si pure que c’est un gâchis de la voir disparaître dans la mer salée, affirme Thomas Vildersboll. Alors, pourquoi ne pas la boire ? » Flairant la bonne affaire, cet entrepreneur suédois a décidé de les mettre en bouteille. Et pas n’importe lesquelles : les mêmes que celles des vins de Bordeaux, pour justifier leurs prix. Il les vend jusqu’à 12 euros l’unité, en Chine, dans les pays du Golfe, aux Etats-Unis ou encore au Danemark. La marque Inland Ice, distribuée aussi dans les restaurants gastronomiques, promet une eau qui a « la pureté de la préhistoire » et le « goût d’il y a cent mille ans ». M. Vildersboll, qui travaillait auparavant dans l’industrie pétrolière, y voit là un « nouveau pétrole ».
« L’eau est ici tellement abondante que l’on n’avait jamais imaginé qu’elle aurait une telle valeur », reconnaît Pele Broberg, le ministre groenlandais du commerce. Sur l’île, on n’utilise d’ailleurs les icebergs que pour en extraire des glaçons aux légers reflets bleus, qui fondent dans le gin ou le whisky en craquant. Le ministre souhaite toutefois que « les entreprises ne versent pas que des royalties, mais créent aussi des emplois ». Le gouvernement veut, par exemple, que les firmes étrangères y construisent des usines d’embouteillage ou y installent leurs bureaux. La distribution de licences a été suspendue, en attendant qu’une nouvelle politique des investissements directs étrangers soit mise en place.