Le méthane est le second facteur atmosphérique de réchauffement, 30 fois plus puissant que le CO2. Ces deux dernières années, son taux a nettement grimpé. On fait le point.
En 2020, les concentrations de méthane, un gaz à effet de serre très puissant, ont connu une hausse spectaculaire (+ 50 % par rapport à 2019), alors la plus importante jamais enregistrée depuis le début des mesures atmosphériques, il y a près de quarante ans. Un bond inattendu alors que les activités humaines étaient fortement limitées par les confinements liés à la pandémie de Covid-19.
Un récent article dans Nature nous en donne des explications. Et il y a du bon et du mauvais.
Le méthane est actuellement responsable de 30% du réchauffement climatique selon les avis du GIEC, et ses émissions ont fortement augmenté ces dernières années, pour atteindre environ 600 millions de tonnes par an. Il provient (schéma plus haut) à 60 % des activités humaines (agriculture, énergies fossiles et déchets) et à 40 % des sources naturelles (zones humides, etc.)
Dans les mauvaises nouvelles:
1- Le méthane stratosphérique, qui est régulièrement “cassé”en H20 et CO2 30 fois moins “toxique”, est actuellement moins dégradé sous l’action du radical OH (hydroxyle). Cette minuscule molécule, présente en quantités infimes,fait office de nettoyeur de l’atmosphère, en éliminant 85 % des émissions de ce gaz chaque année. Ces radicaux apparaissent sous l’effet du rayonnement solaire en présence de certains polluants atmosphériques, notamment les oxydes d’azote (NOx). La réduction du trafic routier et aérien pendant les confinements a entraîné une baisse des émissions de NOx et donc des radicaux OH. Une diminution faible (1,6 %) mais suffisante pour laisser bien plus de méthane dans l’atmosphère. Les chercheurs ont donc mis le doigt sur un paradoxe : lorsque la pollution baisse, le méthane augmente.
2 – Avec le réchauffement en cours, les micro-organismes des zones humides ont tendance à s’emballer, et à produire plus de méthane.
Dans les pas trop mauvaises nouvelles:
1 – les relargages de méthane lors des forages d’hydrocarbures (en particulier avec les gaz de schistes) sont en baisse.
2 – De même pour les méthane coincé dans les pergélisols, en particulier sous-marins, les émissions sont bien moindre de ce qu’on pouvait craindre: la fameuse “bombe de méthane” n’éclate pas...