Notre système immunitaire et vigilant, mais il peut également se laisser endormir par des informations antigéniques uniformes, permanentes. On sait le réveiller artificiellement (vaccins), mais “dans la vraie vie”, il faut savoir entretenir son attention.
la théorie de la continuité / discontinuité
Si l’on observe les pathologies pour lesquelles le système immunitaire est défaillant, comme les cancers (cellules cancéreuses repérées comme dangereuses, mais peu ou pas éliminées) ou encore les parasites intracellulaires, on s’aperçoit qu’elles ont en commun de présenter de manière constante leurs spécificités antigéniques, sans variation particulière.
D’où cette hypothèse de trois chercheurs français (Thomas Pradeu, Eric Vivier et Sébastien Jaeger) : le système immunitaire se laisserait « endormir » lorsqu’il y a continuité dans ses relations avec le pathogène (au sens large), et il serait stimulé au contraire lorsqu’il y a discontinuité, sous forme qualitative de nouveauté antigénique (primo-infection, vaccin) ou de variation antigénique (virus mutants), ou bien sous forme quantitative (nombre de molécules en jeu, changements de localisation), on bien encore discontinuité dans le temps (importance de la chronobiologie).
Tout se passe comme si ce n’était pas la stimulation par une molécule antigénique, mais la variation de cette stimulation, qui déclenchait l’activité des cellules immunitaires.
Selon ces chercheurs, cette théorie « ne va pas contre la théorie du soi et du non-soi, mais elle l’englobe dans un cadre plus large qui permet de comprendre des phénomènes qu’on ne pouvait pas expliquer ». En particulier lors d’affections chroniques, infectieuses, tumorales ou auto-immunes.
Mais cette théorie permet également d’expliquer les phénomènes de tolérance, d’acceptation ou non d’un tissu (greffes d’organes), d’un organisme vivant (fœtus, parasite, tumeur), de bactéries (microbiote digestif), ou de virus (comment une « vieille varicelle » peut devenir un zona ?)…
S’il y a continuité, il y a acceptation, tolérance … ou bien carence immunitaire. Au contraire, s’il y a discontinuité, il y a activation, efficacité … avec peut-être des effets délétères (rejet de greffe, maladie auto-immune).
Cette théorie ne va pas chambouler l’immunologie. Elle donne un éclairage judicieux et une interprétation simple (continu/discontinu) à des phénomènes connus, mais touffus, et noyés dans une terminologie réservée aux spécialistes.
Concernant les applications thérapeutiques, elle permet de saisir tout l’intérêt de provoquer des discontinuités antigéniques pour exciter un système immunitaire indolent ou trompé.
Par des moyens physiques (action thermique ou électro-magnétique) ou biologiques (le jeûne en est le meilleur exemple…), on peut attiser des systèmes biologiques dans les cellules cibles, qui vont se signaler par des productions d’antigènes nouveaux (HSP) ou en grandes quantités.
Dans le domaine très confidentiel de l’isothérapie, on comprend que pour les molécules issues de liquides biologiques (urine, sérum, etc …) et qui sont représentatives d’une pathologie qui n’en finit pas par déficience immunitaire, le fait de les modifier physiquement (dynamisation) et quantitativement (dilution), puis decles présenter à son même organisme dans un compartiment immunologique différent (muqueuse buccale par exemple), constitue une discontinuité majeure qui peut expliquer les résultats surprenants d’une telle pratique… qu’on appelle l’isothérapie homéopatique.
Et puis ça nous ramène au Covid …et au VIH … Ces deux virus qui n’ont rien à voir sur un plan phyllogénique, présentent une similarité: ils mutent en permanence, même au sein d’un même malade … Donc une discontinuité antigénique qui affole le système immunitaire: fièvre, inflammations, destructions tissulaires, y compris des pans entiers du pool lymphocytaire, les fameux T4 dans le cas du Sida, pour le Covid on n’est pas encore très fixé.
Et pour l’élaboration d’un vaccin mêmes difficultés … On est à 23 ans de l’ère post SIDA et toujours pas de vaccin, ils sont tous inefficaces ou bien carrément dangereux. Pour le Covid, bon courage !
Jean-Yves Gauchet
Dossier en six articles à paraître courant mai:
1 – l’immunologie est née de la bactériologie
2 – retour vers la cellule : on comprend la « réaction immunitaire »
3 – avec les années 90 et le SIDA, retour vers l’immuno-infectiologie.
4 – quelle place pour nos bactéries intégrées ?
5 – la théorie de la continuité / discontinuité
6 – Et maintenant ?