Le baume du tigre

Un remède centenaire et mille fois copié

Si vous vous approchez de coureurs à l’arrivée d’un marathon ou d’un critérium cycliste, vous sentirez toujours la même odeur, agréable pour certains, beaucoup moins pour d’autres (cette « odeur de dentiste » due à l’huile de girofle), celle du « baume du tigre ». En petits pots de verre, ou bien en tubes souples plus facile à appliquer, ce vieux remède est dans le monde entier, toujours présent pour calmer des douleurs musculaires. Un concurrent du doliprane ou du nurofen ?

Pas du tout, il agit bien autrement.

Le baume du tigre dérive d’un onguent traditionnel de la pharmacopée chinoise, amélioré en 1870 par un herboriste birman, puis développé de manière industrielle à Singapour.

 Il existe sous deux variétés principales, le baume rouge, plus riche en cannelle, et destiné à soulager les douleurs musculo-tendineuses et articulaires, et le baume blanc, plus riche en camphre, et lui destiné plutôt à soulager des douleurs cutanées ou d’organes internes (céphalées, douleurs menstruelles).

Il s’agit de produits sans danger d’utilisation, qu’on réserve tout de même aux adultes, et évitant également de traiter les femmes enceintes.

Il faut également se méfier de sources de chaleur (radiateur, bouillotte) qui peuvent entrainer des brulures.

L’œil est également sensible, il faut éviter tout traitement près des paupières, et bien se laver les mains après toute utilisation.

Les ingrédients et leurs effets

Le camphre : il réduit localement la douleur en agissant sur des récepteurs nerveux sensibles au froid, tout comme agirait une application de glace ou de neige carbonique : le cerveau reçoit cette information de type « c’est froid, je ne sens rien … »).

La menthe (menthol) a un effet similaire sur les récepteurs du froid, plus accentué en surface qu’en profondeur. Elle réduit également le flux sanguin, et évite ainsi les oedèmes. On a également constaté que le menthol agit sur des récepteurs opioïdes, agissant alors comme un véritable médicament.

Le menthol est parfois accompagné, voire remplacé par du menthone moins onéreux, mais moins efficace.

Le clou de girofle entraine lui une impression de chaleur qui agit dans un deuxième temps et plus longuement. Très utilisé en dentisterie pour gommer des douleurs en cours de soins, le clou de girofle (5% dans le baume rouge, seulement 1,5% dans le baume blanc) est associé dans les baumes avec les huiles de cassia et de cajeput.

L’excipient huileux est un mélange de paraffine et de vaseline, qui fonctionnent de concert, la vaseline pour une bonne pénétration, et la paraffine pour en garder l’effet dans le temps en diminuant la volatilité.

Les utilisations

Les baumes du tigre sont utilisés dans les cas suivants :

  • douleurs articulaires et musculaires. Avec en premier lieu les douleurs vives dues à un effort, mais généralement tous les états douloureux du tissu tendineux ou musculaire.
  • Les migraines et les maux de tête d’intensité légère à modérée (baume blanc sur le front et les tempes).
  • Piqures d’insectes (calme la douleur due au venin, mais diminue également le prurit).
  • Les inflammations respiratoires (sinusites, toux), par applications de baume blanc sur la poitrine et les lêvres supérieures).
  • Les douleurs abdominales, en particulier génitales (ovarites, endométrioses, règles douloureuses) mais également urinaires (cystites).
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Les effets secondaires

Nous avons évoqué les contre-indications (yeux, enfants, gestation), il faut ajouter certaines irritations cutanées chez des sujets sensibles, et prendre en compte le fait qu’il s’agit (voir photo) d’une substance combustible qui peut se consumer en provoquant des brûlures.

Un produit efficace, mais susceptible de contrefaçons dangereuses.

Les dangers sont alors multiples.

Ils tiennent à un mauvais dosage des ingrédients (risques de surdosages ou d’inefficacité), à une mauvaise qualité des ingrédients (le camphre synthétique, dérivé du pétrole, est plus caustique qu’antalgique, il existe différentes qualités de menthol ou d’eugénol, dont certaines sont frauduleuses), ou encore l’ajout d’huiles moins onéreuses et moins efficaces.

Angelina Viva

La douleur, c’est un thème qui a été traité dans plusieurs numéros d’Effervesciences, en particulier dans le n° 80.

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