Dans l’Univers, tout est vibrations.
Depuis le spin du photon jusqu’aux tsunamis galactiques, on sait que la matière est un concentré d’énergie vibratoire, et bien sûr l’Homme ne fait pas exception.
Notre vocabulaire en fait foi : « ça me fait vibrer », ou bien « je sens comme un frémissement », ou également « il a encore ses palpitations »… C’est du langage courant !
Les ostéopathes, qui poussent le ressenti corporel à son plus haut degré, nous manipulent selon des séquences qui peuvent évoquer l’univers musical. Avec un instrument emblématique: la guitare !
Les ostéopathes décrivent et agissent sur cette force de traction médullaire (FTM) qui relie dans une même tension des organes que la médecine traditionnelle traite séparément.
A l’intérieur du crâne et de notre colonne vertébrale ossifiée, les éléments nerveux (hémisphères cérébraux, tronc cérébral, cervelet, moelle et son filium terminal) constituent une unité structurelle très compacte.
Cette unité a une tension (la FTM) qui se transmet depuis ses ancrages du périoste crânien (la dure-mère) jusqu’à l’insertion de la moelle dans le sacrum (filium).
Elle est, à part l’intestin, l’élément structurel le plus long du corps humain.
L’ostéopathie est souvent décrite comme la « science des fascias » puisqu’elle prend en compte et elle gère les tensions qui raidissent (ou au contraire relâchent) les enveloppes fasciales de la peau, des muscles, des os, et des organes mous, au delà ou en deçà d’une valeur physiologique normale.
Ce qui permet des traitements qui peuvent étonner les patients, libérés de mal de dos ou de boiteries par des manipulations effectuées loin de la zone douloureuse.
La colonne vertébrale et ses annexes fonctionnelles sont constituent une cible privilégiée, et sont manipulées dans pratiquement chaque consultation.
L’axe vertébral est constitué comme un manche de guitare
Si l’on se réfère à ce schéma comparatif, on note une concordance étonnante entre le rachis humain et une guitare espagnole. Les éléments équivalents y sont notés avec le même chiffre.
Le long du manche, la corde de guitare entre sa cheville (3a) et le chevalet (8a), peut vibrer librement, et produire ainsi un son, lequel son sera amplifié et enrichi par la caisse de résonnance 6a.
Concernant notre rachis, les traités d’anatomie (réalisés à partir d’observations sur cadavres), la moelle est supposée centrée à l’intérieur du canal rachidien, et équidistante du pourtour osseux vertébral et de la dure-mère.
Mais en fait, pour un organisme bien vivant, la moelle n’est pas flottante dans ce canal, mais tendue en suivant le chemin le plus droit entre les deux extrémités : ainsi, dans la courbure lombaire, la moelle entre en contact avec la partie postérieure des vertèbres (arcs vertébraux), alors que dans la partie dorsale, elle touche la partie antérieure (les corps vertébraux). La dure-mère suit les courbures de la colonne, ce qui montre qu’elle est plus détendue que la moelle..
Revenons sur les éléments constitutifs de ces deux entités :
1a : la corde de la guitare. Primitivement issue de boyaux d’animaux (encore un fascia !), la corde est tendue entre le sillet 4a et le chevalet 8a, la tension étant contrôlée par une clé dédiée, par un mécanisme denté qui permet d’accorder la guitare. Plus la corde est tendue, plus le son est aigu. Et l’ensemble des cordes est actionné avec les doigts pour donner un « accord » harmonieux.
1b : la moelle épinière (voir plus haut) est tendue entre les os du crâne et le sacrum (chez les animaux, beaucoup plus loin au bout de la queue).
2a : la tête de manche est en matériau solide car les contraintes mécaniques (tension des 6 cordes) sont importantes.
2b et 3b : les os du crâne : sous les os du crânes denses, mais flexibles, la dure-mère fibreuse agit comme un périoste pour réunir et solidariser à la fois les différents os et l’encéphale sous-jacent.
4a : le sillet de la guitare constitue le point d’appui supérieur des cordes. Il doit être très rigide et résistant, et ses défauts (usure, fêlure) rendent la guitare impropre à un bon usage.
4b : le foramen magnum est placé dans l’os occipital, à qui la verticale de la colonne. Dans cet orifice s’insèrent la moelle épinière et la dure-mère. Un rétrécissement de ce foramen entraîne des pathologies diverses du dos ou de la tête.
5a : le manche (ou diapason) et ses 19 frettes est légèrement courbé et comprend 19 frettes, ces barrettes incrustées en travers du manche, régulièrement placées pour que les doigts du guitariste y prennent appui pour déterminer la note de chaque corde. Si les frettes sont trop dépassantes, elles vont élimer les cordes et les faire grésiller. Si au contraire elles sont trop effacées, elles ne jouent plus leur rôle de repère pour la tension et le son sera défaillant.
5b : la colonne cervico-dorsale et ses 19 vertèbres. La colonne n’est pas droite mais doublement courbée, la moelle tendue de part et d’autre ainsi que la dure-mère s’y insèrent de bout en bout avec de multiples ramifications au niveau de chaque vertèbre.
Si une vertèbre présente une saillie (hernies) ou des bords coupants (ostéophytes), la moelle sera comprimée ou lésée, avec des conséquences sur toute la zone concernée par les racines nerveuses de ce niveau.
6a : la caisse de résonnance est rigide, elle amplifie et module les vibrations de chaque corde, transformant des sons bruts (les notes fondamentales) de chaque corde, en réelle musique (déploiement des harmoniques) par le brassage de l’air qui entre en résonnance avec les vibrations.
6b : le sac dural dans la colonne lombo-sacrée constitue un espace terminal au pied de la colonne, où s’accroche l’extrémité caudale de la dure-mère. Il contient comme une poche de liquide céphalo-rachidien, lui-même en relation (pression, circulation) avec l’ensemble du parcours nerveux, jusqu’aux os crâniens. Toute vibration ou tensions dans cette poche a des répercussions du sacrum au cerveau.
8a : le chevalet est le point de fixation des cordes, il doit être à la fois souple et très solide.
8b : les vertèbres S2 etS3 du sacrum arriment le « filum terminale », c’est à dire l’extrémité distale de la dure-mère. Ces vertèbres sont protégées par le bassin , mais elles peuvent subir arthrose ou traumatismes, avec conséquenses sur la tension de la dure-mère jusqu’au cerveau.
9a : le tasseau est un renfort de la caisse de résonnance qui la rigidifie lui donne plus de qualités musicale.
9b : le ligament sacro-coccygien a le même rôle que le tasseau en renforçant le fond du sac dural et en le solidarisant au coccyx.
Il faut tout de même avouer que la concordance entre tous ces éléments pour des entités, l’une parfaitement physique et créée par l’homme pour son plaisir, l’autre biologique et créée par l’Evolution … pour simplement fonctionner au mieux, a de quoi faire réfléchir !
On pourrait penser que la même recette a été appliquée dans les deux cas.
Concernant la guitare, on sait qu’il y a toute une filiation entre les premiers instruments monocordes (en fait, des arcs améliorés), puis les instruments multicordes sans frettes, où l’on a constamment amélioré la caisse de résonnance, puis enfin les vraies techniques des luthiers qui ont théorisé et appliqué (avec des petits secrets pour chacun) des recettes à la fois de menuisiers et de musiciens.
Concernant les êtres vivants, la recette a commencé avec l’apparition des cordés, des vers qui ont évolué en enfouissant au niveau de l’embryon toute une ligne de tissu externe (l’ectoderme) vers l’intérieur pour former un axe neural qui se verra développer à une extrémité (là où se trouvent les yeux, les narines et la bouche) un encéphale, et tout le long du corps (métamères) une « autoroute » nerveuse protégée par une gangue fibreuse, qui avec l ‘évolution ira en s’ossifiant.
A quoi ça sert ?
Les scientifiques sont d’insatiables curieux. Les deux question qui reviennent sont : « comment ça marche ? », et immédiatement après : « oui, mais à quoi ça sert ? ».
Si on prend la guitare, on a la réponse aux deux questions, puisqu’on a créé l’instrument !
Si on prend l’homme, on a plié la première, mais pas la seconde …
Oui, à quoi ça sert, cette tension interne (FMT), et pourquoi ce sont des ostéopathes qui l’ont mis en exergue ?
Revenons maintenant sur des considérations purement énergétiques.
Les phénomènes de la vie s’accompagnent de dégradation d’énergie et de création soit de matière, soit d’information.
L’énergie électromagnétique arrive sur terre depuis le cosmos, sous forme de lumière (photons), elle est captée par les végétaux au cours de la photosynthèse, et concentrée sous forme de composants organiques complexes avec un haut niveau d’énergie.
Ultérieurement, soit par décomposition et humification, soit par consommation par les animaux, cette grande quantité d’énergie se consumera durant les étapes de la chaîne trophique. Toutes ces cascades énergétiques sont couplées entre elles, et à leur terme, l’énergie du cosmos se sera dissipée sous forme de chaleur (catabolisme et mouvements) ou d’autres radiations électromagnétiques, et rendues à l’espace.
Les tissus des organismes vivants ont une capacité particulière, celle de mettre en mémoire une partie de l’énergie reçue sous forme d’informations.
- informations de faible niveau dans les tissus ectodermiques et mésodermiques, en particulier les os, les tendons et les muscles. On parle alors de mémoire tissulaire sous forme de cicatrices cutanées, d’adhérences entre viscères, de déformations osseuses, d’inflammations chroniques de compressions, etc. Actuellement d’ailleurs , les chercheurs sont mobilisés pour trouver les matériaux bio-compatibles qui ne seront ni sourds, ni aveugles, ni muets lors d’actions extérieures, ces matériaux intégreront une mémoire et pourront réagir en mesurant leurs contraintes, voire leurs lésions, par des capacités de récupération et d’autoréparation.
- Informations de haut niveau dans les tissus nerveux, dans les cellules sanguines et immunitaires, qui forment une mémoire personnelle où s’accumulent tous les ressentis de l’organisme depuis sa conception. Emotions, douleurs, disfonctionnements, mémoires de la vie ordinaire.
- Informations de très haut niveau qui s’appuient sur les mémoires précédentes, et sur l’intelligence pour forger des concepts sociaux, moraux et spirituels. Et pourquoi pas jusqu’à Dieu, et là, retour à l’envoyeur !
La musique se situe dans ce domaine où la sensibilité côtoie les souvenirs, un domaine transcendant qui a de multiples influences sur nos comportements, voire sur notre santé (La musique adoucit les mœurs !). Le joueur de guitare sait nous envouter, nous passionner, nous faire danser. Il entretient en nous la vie.
Dans un organisme, chacun de nos mouvements est sous contrôle, conscient ou inconscient, de nos centres nerveux. Les mouvements du quotidien sont automatisés et déconnectés de nos hémisphères cérébraux, mais sous surveillance constante du cervelet et des centres inférieurs de la base du cerveau. Et à la moindre alerte, le cerveau tout entier reprend la main pour rectifier le tir et organiser l’attitude qui convient.
Mais au centre du cerveau, le système limbique abrite des noyaux qui régissent nos mouvements involontaires, nos émotions et nos instincts. Il n’est pas étonnant que des mouvements involontaires et des émotions soient intimement liés. La musique facilite des états émotionnels reliés au mouvement et à la danse. La danse et la musique sont utilisées par certaines pratiques religieuses (derviches, baptistes, etc) et en psychothérapie pour induire des états émotionnels déterminés.
Le mouvement est plus que l’activation d’un groupe de muscles pour un déplacement donné. Il est en relation intime avec la conscience.
Prenons un enfant qui s’applique à ses premières leçons d’écriture : il est crispé sur sa chaise, ses doigts sont tendus, sa bouche froncée, son dos voussé… tout son corps participe à cet effort tant intellectuel que physique. Et l’émotion qui l ‘accompagne restera à tous jamais gravée dans l’inconscient de sa mémoire.
L’ostéopathe est il un guitariste ?
L’ostéopathe dans certains de ses traitements, prend des positions qui nous rappellent la manière de jouer de la guitare. Il visualise et travaille les tensions sur l’axe longitudinal crâno-sacré, en les augmentant ou en les diminuant comme s’il s’agissait d’une corde à tension.
Il fait « vibrer » cette corde en accompagnant avec ses mains les mouvements qui s’exercent dans le corps, en recherchant l’harmonie cinétique et en corrigeant les restrictions mécaniques qui la perturbent. Avec le contact de sa main, il permet que se produisel e gradient de dissipation d’énergie entre les tissus. La chaleur et le mouvement seront certains des vecteurs de cette circulation d’énergie. On favorise l’entropie à l’intérieur du corps, la connexion avec la cascade énergétique, en permettant ainsi le rétablissement de ces mécanismes d’autoguérison, qui sont parfaitement ignorés par la médecine académique. En agissant sur la structure (neuro-axe), on agit aussi sur la fonction (l’activité neurophysiologique).
Les traitements ostéopathiques respectent et accompagnent les mouvements spontanés qui ont lieu dans le corps. Ils sont un dialogue avec la mélodie cinétique et émotionnelle qu’est le corps de l’homme. Dans un corps sain, ces mouvements sont doux, rythmiques, et harmoniques.
« Quand le corps est en pleine santé et vitalité, chaque organe émet des vibrations qui se modulent harmonieusement avec les manifestations mentales, émotionnelles ou spirituelles ». V Frymann.
Ces mouvements sont accompagnés par l’ostéopathe sans aucune gène pour le patient, puisqu’on ne dépasse pas les limites physiologiques articulaires. Le corps se protège, par la douleur et la contraction musculaire, des mouvements qui pourraient lui être nuisibles. Sous leurs mains, les mouvements sont perçus de différentes façons selon qu’elles suivent les mouvements ou qu’elles restent fixes. Si elles suivent les mouvements sans s’y opposer, on perçoit leur amplitude, leur rythme, leur force vitale.
Si elles s’y opposent avec une palpation statique, elles induisent une résistance qui indiquent bien le degré de perturbation de cette zone.
Dans certaines maladies mentales, ou états émotionnels, on observe des mouvements involontaires qui se répètent ; on peut alors repérer des mouvements oscillatoires, ondulatoires, longs et lents, rapides et courts, entrecoupés …ceci est évident dans des troubles maniaco-dépressifs.
Les compositeurs de musique écrivent dans leur partition des mélodies et des rythmes pour en induire, chez ceux qui les écoutent, certains états émotionnels comme la peur, la tristesse, la joie, la satisfaction (c’est bien sûr le cas des musiques de films). Ils utilisent pour ce faire des intervalles musicaux, des distances entre deux notes ou deux phases musicales. Un silence au milieu d’une mélodie provoque une sensation de situation non résolue.
L’ostéopathe, lui aussi recherche et respecte les silences apparents (Sill points) des tissus qui précèdent l’apparition de nombreux blocages.
L’ostéopathe agit avec son patient comme le guitariste avec son instrument : avec ses mains, il fait quelque chose de bien plus qu’une succession de mouvements ou de manipulations raisonnées et bien exécutées.
Dr Antonio Ruiz de Azua Mercadal.