Les “mauvaises herbes” relèvent la tête: ensemble, oui, elles sont utiles

Pourquoi “mauvaises herbes”? Ces coquelicots, bleuets et tant d’autres, ont été matraqués depuis un siècle pour éviter le sarclage et augmenter les rendements. Hé bien c’était une erreur: une diversité de plantes favorise le bon fonctionnement des écosystèmes avec une grande économie de moyens…

En agronomie, on les appelle les “adventices”. C’est déjà plus joli, mais c’est pas plus gentil puisque au total, c’est une cible à éradiquer. Car ces plantes sauvages entrent en compétition avec les cultures dans l’accès aux ressources (humus, eau, lumière), donc on les élimine à grand coups de pesticides.

Mais une science assez nouvelle, l’agroécologie, est en train de démontrer graine par graine, les rôles essentiels que jouent ces indésirables dans les parcelles cultivées. Ils abritent en effet des insectes auxilliaires et pollinisateurs ainsi que des micro-organismes essentiels à la fertilité du sol.

Le projet Disco-Weed entrainé par Sabrina Gaba confirme les bienfaites de nos “mauvaises herbes”: plus les espèces d’advantices sont diversifiées et abondantes, et plus le nombre de fonctions écologiques (pollinisation, régulation des ravageurs, fertilité du sol), sont importantes. Et cette hausse du “pouvoir écologique”n’engendre pas de baisse de productivité.

Cette étude semble réinventer l’eau tiède.

En effet, il y a belle lurette que les agriculteurs bio, avec beaucoup d’huile de coude pour enfouir les adventices dans le sol au moment adéquat, primo n’utilisent pas de pesticides, secundo ont des rendements plus faibles et quelques pertes sur la conservation des produits, mais au total s’y retrouvent par l’économie en “intrants”, c’est à dire en sème la mort.

Jean-Yves Gauchet