Il y avait eu une alerte avec le Vioxx, que le laboratoire avait retiré de lui-même. Puis sont arrivés les antalgiques opioïdes, très vite devenus LA DROGUE médicale dont on ne se débarrasse qu’en passant à l’héroïne. Un drame national aux USA, négligé pour cause de Covid …
L’oxycodoneest un antalgique stupéfiant très puissant dérivé de la thébaïne. Il appartient à la famille des opioïdes. Elle est semblable à la codéïne, mais plus puissante et avec un potentiel de dépendance plus élevé.
Développé en 1916 en Allemagne, il est prescrit pour soulager les douleurs modérées et sévères sous la dénomination commerciale, entre autres, d’OxyContin. Avec une introduction record aux USA, du fait de méthodes de marketing très agressives et d’une complicité fâcheuse de nombreux médecins qui ont désormais à en répondre.
C’est une étude publiée en 2015 (Anne Case et Angus Deaton), qui a révélé au monde scientifique que quelque chose de grave était en train de se produire sur le territoire américain: l’espérance de vie fléchissait dramatiquement, avec des causes internes propres au pays (à comparer aux autres populations occidentales):
Une mortalité sans cesse croissante, à partir des années 95. Et cette mortalité, due essentiellement à des overdoses, des hépatites fulgurantes et des suicides : le panorama médical classique des populations en dépendance de drogues injectables.
Case et Deaton ont regroupé les surdoses de drogue, les suicides et l’alcoolisme chronique sous le terme de « morts de désespoir ». Ils soutenaient que la cause centrale de la situation mortelle de l’Amérique était l’épidémie de médicaments opioïdes sur ordonnance, produite par l’approbation, en 1996, par la FDA de l’OxyContin. Oui, 1996, tout commence à cette date.
Les baisses les plus frappantes de l’espérance de vie ont été observées dans la classe ouvrière, mais Sam Quinones a souligné que, contrairement à la plupart des épidémies de drogue précédentes, celle-ci était non seulement entièrement concentrée dans la population blanche américaine, mais touchait même fortement les blancs des classes moyennes et moyennes supérieures des petites villes et des banlieues, chez qui la consommation de drogues dures était auparavant très rare.
Ces opioïdes puissants ont été massivement commercialisés comme médicaments antidouleur légitimes, prescrits par des médecins et obtenus en flacons dans les pharmacies. Ce canal de distribution tout à fait légale a permis de surmonter la stigmatisation sociale antérieure, mais une fois que les victimes sont devenues dépendantes, un grand nombre d’entre elles ont commencé à s’injecter de la drogue et se sont finalement tournées vers l’héroïne illégale.
Une vague sans précédent de ces décès dus à l’héroïne a soudainement inondé les communautés blanches aisées, qui n’avaient jamais connu de tels événements auparavant. Ce qui semblait inhérent aux quartiers pauvres multiculturels, était devenu une catastrophe qui touche tout le pays.
Et le Covid est passé par là, masquant complètement les données épidémiologiques et déviant les efforts de soutiens aux malades, pour se consacrer aux tests, vaccins et autres exigences appliquées aux populations.
Jean-Yves Gauchet