Certes, leurs chenilles sont voraces, et les adultes ailés sont de piètres pollinisateurs. Ce qui fait que dans l’apocalypse des insectes qui s’annonce, les papillons seraient peu regrettés. Vraiment ?
Je viens de lire un ouvrage passionnant qui m’a ouvert le yeux sur plusieurs problématiques qui touchent les insectes. Il s’agit de L’apocalypse des insectes, dont l’auteur est Olivier Milman.
Cet ouvrage fait le tour des causes et modalités de cet effondrement biologique qui se passe sous nos yeux . J’y reviendrai sans doute, en particulier à propos des abeilles, et surtout des abeilles sauvages qu’on oublie et sacrifie avec l’apiculture forcenée.
Mais notre sujet ici, ce sont les papillons. Et je laisse s’exprimer l’auteur.
En fin de compte, que perdrions nous si tous les papillons venaient à disparaître? Depuis des milliers de millénaires, s’est jouée une lente course aux armements en matière d’évolution entre les plantes et les chenilles affamées, jusqu’à devenir codépendantes.
De fait, aucune plante ne dépend exclusivement de papillons pour la pollinisation, et aucune espèce animale (insectes, batraciens, oiseaux) n’en mourrait de faim. De façon cynique, et malgré tous les efforts déployés pour sauver les papillons (action sur les jachères, sur l’emploi de chenillicides), notre vie se poursuivrait normalement sans eux.
“D’un point de vue écologique, ils sont inutiles”, assène l’entomologiste Erica Mac Alister, et elle ajoute que si les mouches sont bien moins appréciées que les papillons, elles s’avèrent être des pollinisatrices bien plus utiles … “Et ce qui m’agace vraiment, c’est que leurs larves font des ravages, et que nous leur pardonnons tout sous prétexte qu’ils sont jolis !”
Alors, pour leur défense, quels sont les arguments des papillons ?
Les papillons constituent un moyen d’accéder aux plaisirs de la nature, qui nous extraient de notre environnement. Ils représentent de précieux et sensibles indicateurs des changements environnementaux, mais également ils incarnent de manière inspirante et sereine, un stimulant dont les effets sur notre santé mentale sont magiques. Ces insectes sont des trésors, décorelés de toute valeur monétaire.
La crise des insectes ne se contente pas d’arracher le plancher de la maison que nous partageons, elle décroche aussi de splendides oeuvres d’art qui ornent nos murs…
C’est joliment dit, merci Olivier Milman.