Le tissu cérébral (neurones comme cellules gliales) ne possède aucun récepteur de la douleur. Ce sont les tissus annexes (vaisseaux sanguins, méninges) qui ont un rôle nocicepteur et qui transmettent l’information “douleur”aux zones cérébrales capables de l’analyser et de réagir.
Le cerveau n’a pas de nocicepteurs –les nerfs qui détectent les dommages ou (menace de dommages) subis par notre corps et qui signalent la situation à notre moelle épinière et à notre cerveau. En conséquence, la croyance que ce dernier ne ressent aucune douleur a pris forme, jusqu’à entrer dans la culture populaire.
La douleur ressentie lorsque l’on mange une glace semble être causée par des changements soudains du flux sanguin dans les veines qui se trouvent entre le fond de la gorge et le cerveau. La déshydratation, quant à elle, provoque des céphalées en irritant les vaisseaux sanguins de la tête. C’est une des raisons des maux de crâne palpitants des lendemains de fêtes un peu trop alcoolisées… Et n’importe quel dentiste vous dira que le mal de tête peut être l’indice que vous surmenez vos mâchoires, peut-être parce que vous grincez des dents pendant votre sommeil.
L’origine de la douleur ressentie durant une migraine n’est pas encore bien comprise, mais on pense qu’elle résulte de l’activation de nocicepteurs situés dans les méninges –les membranes qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière comme de la cellophane. La cause de cette activation n’est cependant pas encore claire.
Même si le cerveau n’a pas de nocicepteurs, un mal de tête peut être le signe qu’il rencontre un problème. Les maux prolongés qui ne répondent pas aux médicaments ou qui sont soudains et extraordinairement sévères peuvent être des signes d’une grave anomalie au cerveau, comme une tumeur, une hémorragie ou une infection. Les douleurs qu’engendrent ces problèmes ne sont pas générées par l’activation de nocicepteurs situés dans le cerveau lui-même (il n’y en a pas); elles résultent de la pression que le cerveau, en gonflant, exerce sur les autres structures de la tête.
Les scientifiques font la distinction entre la nociception –le signal nerveux correspondant aux dommages causés à notre corps– et la douleur, l’expérience émotionnelle et cognitive désagréable qui survient normalement lorsque nos nocicepteurs sont activés.
Cela signifie que la douleur est plus qu’une simple expérience sensorielle, elle est influencée par nos pensées, nos sentiments et nos relations sociales. Par exemple, la façon dont nous ressentons la douleur est affectée par ce que nous pensons: ce que nous croyons que la douleur peut signifier, ce dont nous nous souvenons des expériences douloureuses antérieures.
La douleur est aussi une expérience émotionnelle: les personnes dépressives rapportent expérimenter davantage de douleurs dans leur vie quotidienne. Et induire une baisse de moral chez des personnes par ailleurs non sujettes à la dépression augmente leur ressenti de la douleur et diminue leur tolérance vis-à-vis d’elle.
La perception de la douleur est sous influences, et celles-ci sont nombreuses. Dès lors, il n’est pas étonnant qu’il soit si complexe et frustrant de la soulager. La bonne nouvelle, c’est que chacune de ces influences représente également un moyen de gérer la douleur. Aider les gens à changer leur façon de penser, leurs sentiments vis-à-vis de leur douleur constitue un point important dans sa gestion, tout comme le maintien de leurs relations sociales.
Source: Slate