Les “impatiences urinaires” sont des moments douloureux … et parfois humides, touchant à la fois les femmes (affaiblissement du plancher pelvien) et les hommes (adénome prostatique). Les remèdes actuels sont le buscopan (scopolamine) et le spasfon (phloroglucinol), qui sont autant de dérivés de substances amères végétales.
L’hyperactivité vésicale, communément appelée “impatiences urinaires”, se caractérise par des envies soudaines et pressantes d’uriner qui peuvent perturber considérablement la qualité de vie. Environ une personne sur cinq de plus de 40 ans souffre de vessie hyperactive, avec une prévalence plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Face à cette problématique, la phytothérapie offre des solutions naturelles prometteuses, notamment à travers l’utilisation de substances amères. Cette étude propose une analyse approfondie des principales plantes amères pouvant contribuer au soulagement des troubles urinaires liés à l’hyperactivité vésicale.
Comprendre les impatiences urinaires
Les “impatiences urinaires” correspondent principalement à une hyperactivité vésicale, caractérisée par des contractions involontaires des muscles de la vessie qui provoquent une envie soudaine et intense d’uriner, même lorsque la vessie n’est pas pleine. Cette condition se manifeste par un besoin pressant et soudain d’uriner sans signe précurseur, des envies fréquentes d’uriner ainsi que parfois des émissions involontaires d’urine. Pour beaucoup de personnes atteintes, même des activités quotidiennes comme une promenade en ville ou une sortie au cinéma peuvent devenir sources d’anxiété, nécessitant une planification constante autour de l’accès aux toilettes.
Types d’incontinence associés
L’incontinence urinaire, souvent liée aux impatiences urinaires, se présente sous différentes formes :
- L’incontinence d’effort : due à un relâchement du muscle qui ferme la vessie et des muscles du périnée, provoquant des fuites lors d’efforts comme la toux ou le rire.
- L’incontinence par impériosité : résultat d’une trop grande sensibilité de la vessie qui se contracte alors qu’elle n’est pas pleine.
- L’incontinence par regorgement : caractérisée par de petites pertes d’urine dues à une vessie trop pleine.
- L’incontinence fonctionnelle : fuites urinaires résultant d’une incapacité mentale ou physique à atteindre les toilettes à temps.
Cette condition touche significativement la population, concernant 25% des femmes françaises de plus de 50 ans et 15% des hommes de plus de 60 ans?
Substances amères efficaces contre les impatiences urinaires.
Deux médicaments (spasfon et buscopan) sont couramment utilisés, ils dérivent tous deux de molécules végétales amères, qu’on a su synthétiser. Le spasfon est actuellement sur la sellette, pour des effets secondaires pourtant rares. A suivre.
L’angélique officinale (Angelica archangelica) est l’une des substances amères les plus étudiées pour son efficacité contre l’hyperactivité vésicale. Cette plante contient une multitude de tanins et de substances amères qui lui confèrent des propriétés remarquables.
Des études cliniques rigoureuses ont démontré son efficacité :
- Une étude en double aveugle contrôlée par placebo a révélé que l’extrait d’angélique entraînait une augmentation significative du volume de la vessie chez les participants, doublant même sa capacité par rapport au groupe placebo.
- Une autre étude a établi que l’angélique officinale réduisait les mictions nocturnes d’environ 43%, améliorant considérablement la qualité du sommeil des personnes touchées.
L’angélique officinale contient près de 60 substances différentes, dont de nombreux composés amers qui agissent sur la fonction vésicale en relaxant les muscles lisses et en augmentant la capacité de rétention.
La gentiane (Gentiana lutea), plante emblématique des montagnes européennes, est reconnue pour sa richesse en composés amers qui lui confèrent des propriétés thérapeutiques significatives. Bien que principalement connue pour ses vertus digestives, certains de ses effets peuvent être bénéfiques pour les troubles urinaires.
La gentiane contient plusieurs principes amers à fonction lactone :
- Le gentiopicroside (ou gentiopicrine), qui constitue 1 à 3% de sa composition.
- Le swertiamaroside et l’amarogentioside, ce dernier possédant l’indice d’amertume le plus élevé.
- Des alcaloïdes comme la gentianine.
Ces composés amers agissent comme antispasmodiques, possédant la capacité de relâcher les muscles lisses, ce qui peut s’avérer bénéfique pour les muscles de la vessie hyperactive. De plus, ses propriétés anti-inflammatoires peuvent contribuer à réduire l’irritation des tissus vésicaux.
Autres plantes amères aux vertus curatives pour ces crispations vésicales: la bruyère, le bouleau, l’ortie (racines) et la busserole.
Mécanismes d’action des substances amères
Effets sur la contractilité vésicale
Les substances amères agissent principalement en modulant la contractilité des muscles détruseurs de la vessie. L’effet antispasmodique de plantes comme la gentiane permet de réduire les contractions involontaires qui caractérisent l’hyperactivité vésicale. L’angélique officinale, quant à elle, semble avoir un effet direct sur l’augmentation de la capacité vésicale, permettant à la vessie de contenir davantage d’urine avant de déclencher le réflexe de miction.
Propriétés anti-inflammatoires et apaisantes
De nombreuses substances amères possèdent également des propriétés anti-inflammatoires qui peuvent contribuer à réduire l’irritation des tissus vésicaux et urétraux. Cet effet apaisant permet de diminuer la sensibilité excessive de la vessie aux stimuli qui provoquent habituellement une envie pressante d’uriner.
Sans oublier l’effet para-sympathique issu des récepteurs buccaux ! Régulièrement oubliée dans la littérature médicale, l’action de soulagement due au nerf vague dès la prise en bouche de substances amères, constitue une mise en route immédiate de production d’acétyl choline (action apaisante) en attendant le relais des amers au cours de la digestion.
Jean-Yves Gauchet