Ce savon contre un cancer de la peau ?

Heman Bekele, adolescent américano-éthiopien de 15 ans, a été nommé « enfant de l’année » par le magazine Time en 2024 pour avoir proposé une idée innovante : un savon destiné à traiter le cancer de la peau, en particulier le mélanome, forme rare mais agressive de cancer cutané.

Son projet s’inspire de son enfance en Éthiopie, où il a observé de nombreux travailleurs exposés au soleil sans protection, ce qui l’a sensibilisé à la problématique des cancers de la peau11.

Le principe actif central de son savon est l’imiquimod, une molécule déjà utilisée en dermatologie, notamment dans la crème Aldara, pour traiter certaines tumeurs bénignes et des cancers cutanés superficiels comme le carcinome basocellulaire11. L’imiquimod agit en stimulant l’immunité innée, première ligne de défense du corps, via l’activation du récepteur TLR7, spécialisé dans la reconnaissance de l’ARN viral11. Cette activation déclenche la production d’interférons, molécules antivirales qui favorisent la destruction des cellules infectées ou anormales, y compris les cellules cancéreuses11.

L’intérêt de l’imiquimod dans le traitement du mélanome repose sur la capacité des cellules de la peau, notamment les cellules de Langherans (macrophages épidermiques), à exprimer fortement le TLR7 et à initier une réponse immunitaire puissante contre les cellules tumorales11. Après stimulation, ces cellules peuvent migrer vers les ganglions lymphatiques et activer d’autres cellules immunitaires, amplifiant la lutte contre la tumeur11.

L’innovation de Bekele réside dans l’idée d’intégrer ce principe actif dans un savon, produit universellement utilisé, rendant le traitement potentiellement accessible à toutes les couches de la population, y compris dans les pays à faibles ressources11. Cependant, la formulation pose des défis techniques, car la mousse du savon pourrait réduire l’efficacité de l’imiquimod. Pour y remédier, Bekele envisage d’utiliser des nanoparticules lipidiques permettant au médicament de persister sur la peau après usage711.

Le projet a suscité l’intérêt de la communauté scientifique et Bekele collabore avec des chercheurs de l’université Johns Hopkins pour mener les premiers tests précliniques sur des modèles animaux711. Malgré l’enthousiasme, le chemin vers une éventuelle commercialisation reste long : il faudra prouver l’efficacité et la sécurité du savon, obtenir des brevets, puis l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA), ce qui pourrait prendre jusqu’à dix ans711.

L’article souligne que, même si cette innovation est prometteuse, la prévention reste la stratégie la plus efficace contre le mélanome. Se protéger du soleil avec des vêtements adaptés et des crèmes solaires demeure essentiel11. Enfin, l’exemple de Bekele illustre le potentiel de la jeunesse et de la science pour apporter des solutions innovantes aux grands défis de santé publique, tout en rappelant que l’accès universel aux traitements reste un enjeu majeur11.PartagerExporterRéécrire

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admin1402

Vétérinaire à Toulouse, je gère bénévolement ce blog suite à l'arrêt de parution du journal "paper" Effervesciences" survenue durant la crise covid. Désormais, les infos sont en ligne, gratuietement.