Chuintement, zozottement … un désaccord entre la langue, le palais, et les incisives …

C’est parfois un problème dès le plus jeune âge, parfois suite à des travaux en bouche, en particulier du fait d’appareils plaqués contre le palais … Qu’y peuvent les orthophonistes ?


Le chuintement, une modification de l’expression de certains phonèmes, peut apparaître au plus jeune âge, comme lors de la pose d’appareils dentaires.

Le chuintement naturel (sans appareil)

Chez certaines personnes, le chuintement ou le zozotement est naturel, sans qu’aucun appareil ne soit en cause. Cela peut provenir :

  • D’une position ou mobilité anormale de la langue (langue trop basse, trop avancée, ou interposée entre les dents)
  • D’une malocclusion dentaire (alignement anormal des dents)
  • De la forme particulière du palais ou du volume buccal
  • D’habitudes acquises dans l’enfance (parfois liées à une succion de pouce, tétine, etc.)
    Tout facteur qui perturbe le point de contact précis de la langue avec le palais peut provoquer un chuintement.

Le chuintement provoqué (suite à des soins dentaires)

  • Modification de l’espace buccal : L’appareil modifie la configuration du palais et augmente parfois l’épaisseur ou la hauteur du toit de la bouche, changeant ainsi le parcours et la direction du flux d’air lors de la parole.
  • Position de la langue perturbée : Pour prononcer certains sons – notamment les sifflantes comme le « s » ou le « z » – la langue doit venir s’appuyer très précisément contre le palais ou juste derrière les dents du haut. L’appareil gêne ce mouvement naturel, ce qui entraîne une dispersion ou une dérivation du flux d’air. Résultat : le « s » devient plus « chuintant » ou « zozotant », car la langue ne se stabilise plus correctement, rendant l’articulation de ces sons moins précise.
  • Résonance modifiée : L’appareil peut également contribuer à modifier la résonance dans la cavité buccale, ce qui affecte la qualité acoustique du son produit et accentue le bruit.

Comment évolue ce chuintement ?

Comment évolue ce processus ?

Ces phénomènes sont généralement temporaires. Le cerveau et les muscles oraux s’adaptent la plupart du temps à la nouvelle configuration créée par l’appareil en quelques semaines, petit à petit, la prononciation redevient naturelle. Des exercices d’articulation ou de lecture à voix haute peuvent faire évoluer le processus.

Pourquoi certains phonèmes sont plus affectés que d’autres avec un appareil dentaire?

Certains phonèmes sont plus affectés que d’autres par le port d’un appareil dentaire, notamment ceux dont l’articulation dépend d’un contact ou d’un rapprochement précis entre la langue et le palais, ou une gestion fine du flux d’air dans la bouche.

  • Nature de l’articulation : Les sons dits « sifflants » ou « fricatifs » (comme « s », « z », « ch ») ont exercé un canal étroit entre la langue et le palais ou les dents supérieures pour produire un flux d’air précis. Lorsque l’appareil modifie la configuration du palais ou gêne la mobilité de la langue, le canal ne se forme plus correctement, ce qui provoque un chuintement ou un zozotement. D’autres phonèmes qui nécessitent moins de précision ou sont articulés dans d’autres zones de la bouche (comme les voyelles ou les sons produits avec les lèvres) sont moins impactés.
  • Modification de la résonance : L’appareil dentaire peut altérer la résonance de certains sons selon sa position dans la cavité buccale. Les sons dont la qualité dépend fortement du volume et de la forme du palais (notamment les sifflantes) sont donc particulièrement sensibles à ce type de modification.
  • Entrave des mouvements de la langue : Un appareil situé contre le palais gêne davantage les mouvements nécessaires aux consonnes produits par une action fine de la langue sur le palais ou les dents supérieures. Cela explique pourquoi les phonèmes « s », « z », « ch », mais aussi parfois « t », « d », sont plus touchés que d’autres.
  • Impact moindre sur d’autres phonèmes : Les sons produits avec les lèvres (comme « p », « b », « m ») ou à l’arrière de la gorge (comme « k », « g ») nécessitent moins la participation du palais et de la partie avant de la langue et sont donc moins impactés par un appareil dentaire.

En résumé, les phonèmes dont la production nécessite une coordination étroite entre la langue et le palais ou une direction précise du flux d’air (surtout « s » et « z ») sont les plus affectés par les appareils dentaires, car ceux-ci perturbent directement les mécanismes essentiels à leur articulation.

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admin1402

Vétérinaire à Toulouse, je gère bénévolement ce blog suite à l'arrêt de parution du journal "paper" Effervesciences" survenue durant la crise covid. Désormais, les infos sont en ligne, gratuietement.