Les coronavirus sont partout, se développent chez de nombreuses espèces autour de nous. Le pangolin et la chauve-souris ont été vite considérés comme des vecteurs “privilégiés”. Un article très récent dans le journal du CNRS démontre que c’est une piste peu étayée, et que l’accident de labo est probable.
Dès les premiers séquençages du Covid 19, on a pu constater que son génome est à 96% identique à celui d’un virus de chauve-souris , qui jusqu’ici ne se transmettait qu’entre chauve-souris. D’où l’hypothèse d’une mutation et du passage à l’homme. Mais 4% d’un génome, c’est énorme pour une simple mutation.
On a alors cherché un hôte intermédiaire. Chez le pangolin, on a trouvé un coronavirus qui avait une courte séquence génétique similaire à SARS-CoV2, alors on a suspecté cet autre vecteur, d’autant qu’il fait l’objet d’un trafic permanent sur le territoire chinois.
Et pourtant, ça ne colle pas: les chauve-souris du Yunnan où ont été faits les prélèvements sont à près de 1500 km du Wuhan, où a éclaté la pandémie, et ils vivent dans des écosystèmes très différents. Quant au pangolin, son virus n’a que 90,3% de taux d’dentité avec “notre” covid, et il y a bien d’autres espèces qui hébergent de coronavirus très proches du “notre”. La civette , par exemple, avec 99% d’identité. Mais elle aussi, sans rapport avec les chauve-souris …
D’où l’hypothèse de l’accident de laboratoire.
Dans la revue du CNRS, le virologue Etienne Decroly avance trois hypothèses:
1 – ce virus est universel, cette pandémie a toutes chances d’être une zoonose, avec franchissement récent de la barrière d’espèce. Dans ce cas, on doit trouver une espèce animale dans notre environnement immédiat, qui héberge un virus quasi identique. Cette espèce, on ne l’a pas trouvée.
2 – ce virus provient bien d’une espèce animale, et transmis à l’homme, mais il ya plusieurs années, qui aurait circulé à bas bruit jusqu’à une mutation qui l’aurait rendu plus transmissible d’homme à homme, et surtout plus agressif pour les malades. A vrai dire, les recherches sur les échantillons collectés sur des personnes décédées ces dernières années n’étayent en rien cette hypothèse.
3- Il nous reste alors l’accident de laboratoire. Des coronavirus issus de chauve souris, étudiés en labo sur d’autres espèces (des manips tout à fait logiques et scientifiques pour comprendre l’activité de ces micro-organismes), et qui seraient échappés accidentellement.
Après tout, plusieurs incidents dans le monde ont conduit à des sorties accidentelles de virus. Le cas le plus connu est celui du virus Marburg, issu de contaminations par des singes sauvages. La pandémie grippale de 1977 a vraisemblablement pour origine une souche virale collectée dans les années 50 et “travaillée” en labo sur diverses espèces.
De là à suspecter un travail de génétique intentionnel (le fameux rajout de séquences qu’on trouve dans le VIH), certains franchissent le pas, mais sans fondement partagé par les chercheurs.
A suivre.