Que vaut l’expertise des experts ?

Indispensables experts ! Feutrés et très secrets dans les cabinets ministériels, ou dans la lumière sur les plateaux télé, ce sont eux qui mènent le navire. Sans être du même avis sur le cap à tenir…

Quand on est expert, c’est qu’on est expert en quelque chose. Et plus on est un expert « pointu », plus on sait des choses dans un domaine très étroit, à l’écart des connaissances générales.

C’est très bien d’avoir des « pointures », qui maitrisent un sujet, mais comment les insérer dans un partage des connaissances ?

Le fruit des recherches (exemple, la virologie) n’est qu’un préliminaire à l’action. La recherche rassemble des faits et donne une connaissance partielle des liens de causalité. La prise de décision dans le monde réel ne peut pas simplement reposer sur des faits et d’autres éléments de connaissance partielle. Elle doit peser l’influence d’une multitude de circonstances, qui ne sont pas toutes bien connues, et qui ne sont pas toutes directement liées au problème en jeu.

Elle doit arriver à des conclusions équilibrées, parfois dans des circonstances qui évoluent rapidement. C’est précisément dans de telles circonstances, lorsque les enjeux sont importants, que la confrontation impartiale et l’exploration concurrentielle de différents points de vue revêtent une importance capitale.

Les tsars de recherche et les planificateurs centraux ne sont ici d’aucune utilité. Ils font partie du problème, pas de la solution.

Il est également important de garder à l’esprit que les universitaires – et cela inclut les épidémiologistes tout autant que les économistes – sont généralement des employés du gouvernement et que cela colore leur approche de tout problème pratique. Ils sont susceptibles de penser que les problèmes graves, en particulier les problèmes à grande échelle touchant la plupart ou la totalité des citoyens, devraient être résolus par l’intervention de l’État. Beaucoup d’entre eux sont en effet incapables d’imaginer autre chose.

Ce problème est renforcé par un biais de sélection néfaste. En effet, les universitaires qui optent pour une carrière administrative ou politique et qui accèdent aux échelons supérieurs de la fonction publique ne peuvent manquer d’être convaincus que l’action de l’État est appropriée et nécessaire pour résoudre les problèmes les plus importants. Sinon, ils n’auraient guère choisi de telles carrières, et il serait également pratiquement hors de question qu’ils se retrouvent à des postes de direction.

Dans sa longue interview à BFM, le DR Raoult a bien décrit comment les « experts » ont la haute main dans les ministère : les ministres se succèdent, mais la même équipe reste en place, de gens cooptés selon des critères plus politiques ou sociaux que professionnels. Le ministre, de fait, est leur porte-paroles …

En fin de pandémie, il y aura un bilan. Sans doute fâcheux pour ce cénacle qui se fera tout petit.

Il sera temps, à tous niveaux, de changer de méthode.

Angelina Viva