Masques chirurgicaux: un incroyable gâchis.

Mais oui, au lieu de les jeter, on peut les laver, repasser (la vapeur à 80°est un désinfectant majeur), et ceci une dizaine de fois. On économise sur les budgets et sur l’immense vague de déchetsqui désormais nous encombre. Seulement il y a des lois, des décrets, qu’il faudrait abroger ou contourner … faisons le point.

Ces masques dits “chirurgicaux” sont composés de plusieurs couches d’un plastique nommé polypropylène, un composant qui fait partie des polluants à bannir … on n’en prend pas le chemin. Après 4 heures d’utilisation, ils sont considérés comme des déchets non recyclables . Et pourtant !

Car ce type de masque est régi par le code de santé publique, il ne devrait être utilisé que par des professionnels, d’où tout un arsenal juridique de précaution.

Pourtant, même au niveau des hôpitaux, des initiatives se sont développées pour évaluer la possibilité d’une réutilisation (celle ci est possible pour les masques FFP2 dans des contextes de décontamination très stricts). C’est le cas du CHU de Grenoble, où l’équipe a démontré en laboratoire que les masques chirurgicaux peuvent être lavés 10 fois en machine et conserver une capacité de filtration de plus de 98% des aérosols d’un diamètre de 3 microns, c’est à dire parfaitement dans le normes.

De plus, le repassage à la vapeur (on peut d’ailleurs y adjoindre un désinfectant) exerce un effet microbicide, et resserre les fibres du masque.

Tous les essais réalisés ont montré que les masques ainsi traités gardent une excellente capacité de protection.

Oui mais …

Oui, mais …. On en reste toujours, pour nos élites médicales et administratives, au fait que ces masques doivent n’être utilisés que par des professionnels de santé. Et là, on est intransigeant.

En avril, le Haut conseil à la santé publique (HCSP) “déconseille”, c’est à dire interdit ce type de recyclage en milieu hospitalier. Pour des raisons (pas forcément mauvaises) de collecte et de surveillance des procédés.

Mais avec le déconfinement, et l’arrivée de ces masques par centaines de millions dans les supermarchés, c’est le grand public qui en est le principal utilisateur … et secondairement le principal pollueur (dans le hôpitaux, tous les masques ont récupérés en interne). Mais sur le recyclage chez les particuliers, silence radio.

Les journalistes “d’investigation” avaient là un sujet tout trouvé et d’importance sociale, environnementale… mais aussi politique … Silence radio .

Des magasins comme Carrefour ont organisé des collectes de recyclage, 

De multiples ateliers se sont lancés dans ce créneau, tant l’évidence crève les yeux.

Mais c’est au niveau du grand public, encore une fois tenu à l’écart, que cette possibilité de réutilisation est la plus importante. Des associations de consommateurs ont pris ce sujet à bras le corps, mais toujours rien de la part des dirigeants de notre pays …

Jean-Yves Gauchet