Intox aux métaux: l’étain des implants contraceptifs

On savait pour le mercure des amalgames dentaires, pour l’aluminium des vaccins, voici apparaître l’étain des implants contraceptifs improprement appelés Essure.

L’idée de départ était de réaliser un stérilet, non pas pour une insertion dans l’utérus, mais bien plus haut au niveau des trompes, sous forme de “stents”qui restent à demeure et empêchent la migration des spermatozoïdes. Là où le bon vieux stérilet est placé par le gynéco “maison”, ces stents doivent faire travailler des obstétriciens … Où est le progrès ? En attendant, les implants Essure développés par Bayer (toujours dans les bons coups!), ont été utilisés comme méthode de stérilisation définitive de 2001 à 2017, puis retirés du marché. Ils ont été implantés chez plus de 750 000 femmes.

Pourquoi retirés du marché ?

Pour des effets secondaires de type inflammatoire, qui pourraient passer pour une endométriose , sauf que ces symptômes intolérables ne sont pas liés au cycle menstruel, et qu’ils sont centrés sur les trompes, avent se s’étendre à d’autres tissus.

Comme les stents cardiaques n’entraînent pas ces inflammations dans les vaisseaux traités, on a mis un certain temps à envisager ces stérilets comme cause primaire … donc, diagnostic d’endométriose, traitement hormonal, et on verra bien … On a vu !

Selon des travaux qui doivent être prochainement publiés dans une revue scientifique, et qui confirment de précédentes observations parues en avril dans la revue European Journal of Obstetrics and Gynecology –, la soudure à l’étain de l’implant, défaillante, serait à l’origine d’une grande part des effets secondaires observés. L’un des tests fournis en 2004 aux autorités sanitaires par la société Conceptus – rachetée en 2013 par Bayer – montrait lui-même des taux de relargage d’étain considérables. Mais ce défaut de conception de l’implant est passé sous le radar des agences du médicament, notamment en France et aux Etats-Unis, les deux pays où l’implant a été le plus posé (sur un million d’Essure implantés dans le monde, environ 200 000 l’ont été en France).

Les auteurs, dont certains sont experts auprès d’associations de victimes, ont analysé les tissus prélevés sur dix-huit femmes ayant subi un retrait chirurgical, suivant une méthode originale d’anatomopathologie. Ces données s’ajoutent à celles produites par l’analyse de dix autres cas publiée précédemment. « Dans la majorité des cas, nous observons une inflammation qui ne se limite pas aux trompes, mais qui se propage jusqu’à la paroi de l’utérus », explique le docteur Michel Vincent, coauteur de ces travaux. Ainsi, pour M. Vincent, pneumologue qui a développé de nouvelles méthodes d’anatomopathologie fondées sur la microscopie électronique, « le premier enseignement de ce travail est qu’il ne faut pas se limiter au retrait des trompes de Fallope dans les procédures d’explantation, mais qu’il faut procéder à une hystérectomie [un acte chirurgical consistant à retirer l’utérus] complète ».

Surtout, ajoute-t-il, « dans tous les granulomes [amas de cellules signalant une inflammation] que nous observons, nous trouvons de l’étain ». Les auteurs y voient l’explication la plus plausible aux troubles systémiques dont se plaignent les femmes sujettes aux effets indésirables de l’implant. Outre des douleurs pelviennes et des hémorragies, une fatigue chronique, des douleurs musculaires et-ou articulaires ainsi que des troubles de la mémoire sont fréquemment rapportés. 

Source LE MONDE