Y a t’il un substratum anatomique ou histologique bien spécifique et individualisé du point d’acupuncture ? Complexe neuro-vasculaire, complexe neuro-musculaire, magnétosome, théorie de Bonghan, les thèmes de recherche sont nombreux. Ici, une explication par la réaction des mécano ou nociréceteurs du tissu conjonctif.
Dans ce billet, nous nous limitons à cette théorie de la réaction neuro-tissulaire à la rotation de l’aiguille. Elle est séduisante car elle repose sur des réalités biologiques (toute la chaîne mécanique/nerveuse, c’est du tangible), mais elle n’explique pas la localisation précise des points d’acupuncture, ce qui reste encore à comprendre (et l’article princeps en fait ici un tableau détaillé).
Il s’avère qu’aucune étude ne démontre de manière irréfutable l’existence d’un substratum bien individualisé anatomique ou histologique du point d’acupuncture, que ce soit par l’existence d’un complexe neuro-vasculaire de type CNV, d’un complexe neuro-musculaire, d’un magnétosome ou d’un corpuscule de Bonghan.
Le principal problème auquel on se heurte ici est la reproductibilité des observations et une méthodologie insuffisante. Dans la plupart de ces études, il manque de nombreuses données dans la description de l’expérience. On doit faire confiance à l’expérimentateur, ce qui n’est pas un comportement scientifique. C’est pourtant le premier intérêt d’une publication : rendre accessible à la critique une expérience qui doit pouvoir être reproductible. L’analyse statistique constitue, habituellement, une part importante d’une étude expérimentale ou clinique, même si elle ne suffit pas à apprécier l’intérêt du résultat obtenu. Un bon jugement scientifique est également nécessaire qui dépend à la fois de la précision de sa description, de sa mesure, mais aussi de ses conditions d’observation, car la crédibilité d’un fait observé est liée aux conditions dans lesquelles l’étude a été réalisée. La notion de mesure fait fréquemment appel aux statistiques. Aucune de ces études ne fit état des analyses statistiques permettant de comparer les points d’acupuncture versus non-points d’acupuncture.
Heureusement, quelques travaux dont essentiellement ceux de Langevin et coll. s’avèrent satisfaire à toutes les contraintes d’une étude expérimentale scientifique.
Le point d’acupuncture se situerait donc à l’emplacement des points de clivage du tissu conjonctif lâche inter ou intramusculaire. L’action acupuncturale se ferait par l’intermédiaire de la recherche du deqi, avec rotation de l’aiguille qui engendre une mécanotransduction, faisant intervenir les molécules informationnelles libérées par la déformation du cytosquelette du fibroblaste.
Celle-ci entraînerait aussi par la déformation de la matrice extracellulaire du tissu conjonctif une stimulation des différents types de récepteurs neuro-sensoriels avec activation des différentes fibres nerveuses appartenant aux groupes I à IV, déclenchant à leur tour une cascade de réactions aussi bien au niveau local qu’au niveau du système nerveux central.
En conclusion, ce modèle pourrait servir de nouveau paradigme tout à fait plausible et vraisemblable au concept de substratum anatomique du point d’acupuncture.
Source:
Dr Jean-Marc Stéphan jm.stephan@acupuncture-medicale.org Président de l’ASMAF-EFACo-directeur de la revue Acupuncture & Moxibustion Membre du Collège Français d’Acupuncture (CFA) Médecin acupuncteur attaché au CH de Denain Attaché d’enseignement à la faculté de médecine de Lille (AUEC d’acupuncture obstétricale) |