Hypersensibilité: tout se joue dans notre conjonctif.(#1)

Longtemps appelé « tissu de remplissage et de soutien », le conjonctif apparaît désormais comme un domaine clé  de notre physiologie, qui bien au delà de son rôle nutritif et hydratant, organise à distance la gestion des gènes (épigénétique) en fonction de  facteurs extérieurs (l’environnement) ou intérieurs (émotions, encrassements métaboliques, etc.). Et c’est la qualité hydrique du conjonctif qui conditionne les équilibres (ou les pathologies)  de bien des tissus qui y sont plongés.

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La médecine dite « moderne » s’est fourvoyée dans une vue organique et parcellaire de la maladie. Et en soignant spécifiquement l’organe malade (les médicaments du Vidal sont catégorisés strictement selon un ciblage organique), elle a bien sûr obtenu des succès immédiats grâce à de puissants médicaments de synthèse. Mais ce ,’est pas le cas pour les maladies chroniques et les cancers : là il faut considérer l’organisme comme un système ouvert, où toutes les fonctions se recoupent… au niveau du tissu conjonctif.

Car cette « substance fondamentale », loin d’être seulement un élément de remplissage et de soutien, assume un rôle de nutrition et de régénération, de médiateur des activités humorales et nerveuses, et de gestion de l’expression des gènes de chaque cellule qui s’en imprègne.

En aucun point de l’organisme, les vaisseaux comme les nerfs ne possèdent un rapport direct avec la cellule : le conjonctif est l’intermédiaire obligé de toutes les interactions entre les éléments figurés (tissus, cellules sanguines) et les molécules libres (hormones, nutriments, médiateurs). Le tissu conjonctif s’insinue partout entre les vaisseaux sanguins et les principales structures, avec en prime des informations venues de l’extérieur, de l’environnement immédiat ou lointain. Dont les ondes électromagnétiques qui nous entourent et qui nous traversent.

Ce conjonctif peut se comparer à un terroir dans lequel chaque organe puise ses forces et ses informations pour se développer (embryon, cicatrisation, tumeur) ou pour jouer son rôle fonctionnel.

De fait, il n ‘est pas toujours facile, dans un organe, de distinguer la partie conjonctif de la partie tissu spécifique. Pour la peau, c’est simple, le derme (conjonctif), est nettement séparé de l’épiderme (tissu épithélial), par une basale bien distincte. Mais dans un néphron du rein, dans une alvéole pulmonaire ? Dans une artère sclérosée et encrassée par un athérome, faut-il soigner le dépôt lipidique (donc modifier le métabolisme, statines et tout le schéma anti cholestérol…), ou agir sur l’inflammation du tissu conjonctif sous-jacent ?

Les variations du métabolisme général ont de sérieuses répercussions sur le tissu conjonctif. Les glycoprotéines qui s’accumulent sous forme d’amyloïdes en se combinant avec des protéines solubles (anticorps, complément, albumines), donnent lieu à un encrassement où se mêlent peu à peu des dizaines de substances de tous ordres (cholestérol, acide urique, etc). Il s’ensuit une véritable asphyxie des tissus (donc des organes) environnants, et une inflammation des parois vasculaires (artérites oblitérantes, coronarites).

Le tissu le plus touché par cet encrassement, c’est le réseau des micro capillaires, qui tout à la fois sert à nourrir les tissus, et à les purger des leurs produits de dégradation.

Avec l’âge, et bien sûr selon le régime alimentaire, on estime que plus de la moitié de ce réseau est inactivé, les capillaires bouchés et inopérants. Ce qui par effet domino diminue les capacités physiologiques des organes mal irrigués (donc toute une fonction mise à mal), et pire encore, ne permet plus la collecte intégrale des déchets : on a un empoisonnement progressif de l’organisme et un florilède de « maladies en ose »).

Certaines maladies génétiques sont la conséquence de problèmes du conjonctif : le précurseur protéique de l’amyloïde est codé par un gène du chromosome 31. Les trisomiques sont donc sujets à un dépôt d’amyloïde plus précocement que les autres.

Un équilibre d’autocontrôle souvent dépassé

Le conjonctif possède un système de régulation qui fait intervenir ses propres cellules selon deux phénomènes :

  • les exosomes (ou vésicules matricielles, décrites par Heine en 1987) sont des microvésicules  issues des fibroblastes, qui sont expulsées et désagrégées dans la substance fondamentale, en libérant de nombreux produits actifs : enzymes, cytokines, éléments membranaires. L’action de ces exosomes permet de contrôler l’acidité du conjonctif, mais également les fonctions cellulaires, nerveuses et immunitaires : elles participent donc à l’homéostasie générale (lire notre article: les exosomes, le langage secret des cellules).
  • La leucocytolyse. Il est traditionnellement admis que le foie et la rate sont les deux « cimetières » des globules du sang. Là encore, le conjonctif est oublié, alors qu’il constitue le premier lieu d ‘élimination des leucocytes. Mais alors que dans les deux organes cités, les cellules sanguines sénescentes sont lysées et phagocytées par des macrophages, la leucocytolyse est un phénomène actif qui s’engage sous la dépendance du pH, de la température (fièvre), et de substances extérieures (toxines bactériennes, etc) agissant localement. Le contenu des leucocytes répandu dans la substance fondamentale constitue un réel système tampon et un facteur d’homéostasie très ancien dans l’évolution, peut-être même le premier : chez l’hydre d’eau douce, les cellules mésenchymateuses du liquide coelomique subissent le même sort en cas de stress, avec déjà une remontée des constantes physiologiques.

Cas particulier du cancer : lors du développement de tumeurs cancéreuses, on assiste à la production par les cellules tumorales, d’exosomes très spécifiques, riches en enzymes protéolytiques, qui altèrent la substance fondamentale, en particulier les protéoglycanes : il reste, autour de la tumeur, une solution d’acide hyaluronique (eau libre) au lieu d’un gel structuré de protéoglycanes (eau liée).

Il est d’ailleurs intéressant de noter que l’acide hyaluronique est phylogénétiquement, une composante ancestrale des premiers pluricellulaires. Chez l’homme, il apparaît lors de la deuxième semaine du développement, et sera suivi ensuite par la synthèse des protéoglycanes.

Important 1: l’acide hyaluronique apparaît donc comme un mitogène, qui pousse à la multiplication des cellules, alors que les protéoglycanes sont structurantes des tissus. Le parallèle entre un embryon et une tumeur prend encore là tout son sens biologique.

Important 2 : l’action cytostatique de la « chimio » possède une action nocive pour la substance fondamentale et fait le lit d’une poussée ultérieure des cellules tumorales rescapées. La prise en compte du bon état du conjonctif n’est toujours pas à l’ordre du jour…

Important 3 : l’acide hyaluronique est employé à tire larigot en suite de chirurgie reconstructrice, ou pour des simples rides à effacer … sans crainte de déclencher ou de relancer (après un cancer du sein par exemple) une poussée tumorale …

Conjonctif et chronobiologie

Si l’on considère notre substance fondamentale comme notre « océan intérieur » (ou plutôt comme une lagune ou un marais), on comprend qu’il soit sous l’influence (système ouvert) de bien des influences extérieures (alternance jour/nuit, rythme des saisons, lunaisons) et qu’il fasse jouer ses capacités de régulation pour maintenir un équilibre compatible avec la santé.

Un conjonctif « en bonne santé », riche en protéoglycanes, garde une eau liée pour « éponger » l’organisme.

En cas de maladie chronique ou tumorale, ces protéoglycanes perdent leur capacité nocturne à capter l’eau des tissus conjonctifs, il s’ensuit une polyurie nocturne, souvent exacerbée lors des séances de chimiothérapie.

Conjonctif et hémilatéralité

Le sang étant brassé par un organe unique, puis réparti uniformément dans l’organisme, il est surprenant de constater que les que les secteurs droit et gauche d’un organisme présentent des différences physiologiques notables.

Le bon vieux thermomètre à mercure nous donnait LA température rectale, c’est à dire centrale.

Les nouveaux thermomètres à mesure auriculaire, qui prennent la température des tympans, marquent en moyenne 3 dixièmes d’écart entre l’oreiille droite et gauche. Mais cette variation thermique, reposant sur des différences de métabolisme ou d’inflammation, est accompagnée de variations de valeurs oxymétriques du sang veineux, et des taux respectifs des électrolytes, des graisses, des immunoglobulines.  

Il existe effectivement deux compartiments hémilatéraux, dont les valeurs du sang veineux démontrent l’autonomie physiologique ou pathologique. A noter : seuls les homéopathes prennent en compte cette hémilatéralité…

Le conjonctif est un tissu en constante transformation

En tant que « remplissage », il est partout, au contact des différents tissus d’organes.

  • le tissu conjonctif lâche  est omniprésent, et riche en substance fondamentale.Il accompagne les capillaires et s’introduit dans tous les organes pour constituer alors un tissu intersticiel.
  • Lorsqu’il « colle » à un organe, le conjonctif voit sa substance fondamentale se densifier pour former une membrane basale (en particulier contre les épithéliums qui ne peuvent se développer sans elles (pas de basale = difficultés de cicatrisation), ou bien en participant à l’élaboration d’une fine couche biologiquement très importante, le glycocalyx (ou cell coat). Dans ce revêtement très ténu (20microM d’épaisseur) qui adhère à toutes les cellules qui « nagent » dans la substance fondamentale, de nombreuses molécules de type glycoprotéines établissent des contacts permanents et solides avec le contenu de la cellule. Ainsi, toute modification de la substance fondamentale entraîne des conséquences physiologiques et énergétiques dans les cellules des organes sous-jacents.
  • Le conjonctif peut se structurer pour construire des zones fibreuses (capsules d’organes, fascias), voire de véritables organes anatomiques comme les os, lesquels ne sont qu’une spécialisation presque caricaturale du conjonctif. Les os, en effet se modifient sans arrêt en fonction de leur utilisation propre. Les astronautes en l’absence de gravité voient leurs os s’amollir, ils s’obligent à de la culture physique …

Conjonctif et acupuncture

L’efficacité de l’acupuncture, en particulier dans les domaines métaboliques et la douleur, est « acceptée » par la science académique puisqu’on a pu constater et mesurer la production d’endorphines. Phénomènes biochimiques de type réflexe ?

De fait, les aiguilles n’agissent pas selon des zones isolées, mais selon des réseaux de points qui sont en général éloignés de l’organe cible. La recherche moderne n’a pu trouver de structure anatomique de la peau correspondant aux points d’acupuncture. On a constaté qu’ils présentaient une conductivité électrique et thermique plus élevées que la peau environnante. La différence est donc énergétique, elle n’est pas moléculaire.

Le tissu conjonctif, avec ses longues fibres de collagène assemblées en réseaux, elles-mêmes enfournées dans des coques d’hydratation dont les molécules d’eau peuvent échanger des protons à très grande vitesse, est bien sûr le support idéal pour transmettre des signaux énergétiques. Il s’étend à tout l’organisme et est sensible aux sollicitations de l’extérieur, l’aiguille d’acupuncture bien localisée en étant l’aiguillon remarquable.

Conjonctif et expression génique

On commence à y voir plus clair sur la manière dont l’ADN nucléaire fonctionne, en fonction de son organisation propre bien sûr (un gène, une fonction), mais aussi selon des actions de l’environnement : niche écologique > état de santé physique et émotionnelle > caractéristiques du conjonctif > influence directe sur la membrane cellulaire > expression génique du noyau.

A partir du niveau « conjonctif », on ne peut pas séparer les influences respectives des molécules  actives et celles des cocons d’hydratation qui leur sont associés. Jusqu’à l’ADN lui-même dont le déploiement pour mettre en route tel ou tel gène dépend entièrement de la fluidité de sa gangue d’hydratation.

Et (lire l’eau du tissu conjonctif ), l’eau du conjonctif est très sensible aux influences électromagnétiques de son environnement.

Ainsi donc, tout le brouillage électromagnétique (aussi appelé electrosmog) de notre environnement a automatiquement une influence sur l’expression de certains gènes. Avec le déclenchement de symptômes divers (un vent de panique sur des gènes désorientés) pour un ensemble de troubles qu’on a rassemblés sous le terme d’hypersensibilité. Lire la suite.

Jean-Yves Gauchet