Considérée à tort comme une “médecine parallèle”, la mésothérapie est une approche particulière de l’allopathie, elle utilise des remèdes tous reconnus et utilisés par la médecine conventionnelle, mais en injections à doses minimes et dans des localisations choisies. Avec des résultats impressionnants dans les domaines de la douleur, mais pas que …
Il s’agit d’une technique de soins relativement récente, et développée en France dans les années 60 par le Dr Michel Pistor, et qui s’est étendue dans différents pays, en particulier dans le domaine des soins de beauté.
Dans le domaine vétérinaire, la mésothérapie a fait ses preuves d’abord sur les chevaux, dont les tendons sont très sollicités, et heureusement très réceptifs à cette technique, puis à nos petits compagnons, avec une excellence particulière sur les teckels dont l’anatomie spéciale est la cause de douleurs vertébrales allant jusqu’à des parésies: sur eux, la mésothérapie fait des merveilles.
Le principe est relativement simple: au lieu d’inonder un organisme avec des remèdes qui vont agir sur tout l’organisme (exemple: pour une douleur à l’épaule, trois grammes de paracétamol par jour, merci pour le foie), on se limite à quelques mini-injections d’antalgique en intra-dermo, au plus près de la zone douloureuse. Ces injections sont autant de gouttes de remèdes qui, insérées dans l’épaisseur de la peau (d’où le terme intra-dermo), vont diffuser en quelques jours dans les tissus voisins pour agir sur la zone visée. Au total, on n’utilise que 10% du remède efficace, en une seule séance, avec des effets qui s’étalent dans le temps (de 15 jours à plusieurs mois).
La mésothérapie est un rameau “intelligent” de l’allopathie. Elle utilise peu de principes actifs, mais pas en dilution: il ne s’agit pas d’homéopathie. De même, les injections multiples apportent le remède, ce que ne fait pas l’acupuncture.
Il est intéressant de noter que dans la mésothérapie, le remède injecté dans le derme suit son chemin dans un tissu très particulier qui tapisse tous nos organes: le tissu conjonctif, qui lui-même dérive dans l’embryon d’un feuillet majeur: le mésoderme, qui se développe en tissu de soutien (osseux, cartilagineux) et musculaire, circulatoire, et enfin conjonctif qu’on nommait autrefois “de remplissage” avant d’en connaitre toute l’importance et toutes les subtilités.
Lire notre article sur l’interstitium.
Lire notre article sur “l’eau et le conjonctif”
Lire notre article sur l’hypersensibilité
C’est donc à travers ce tissu conjonctif que les remèdes cheminent dans l’organisme pour atteindre la zone à soigner.
Les remèdes utilisés sont tous issus de la pharmacopée “officielle”, donc des médicaments injectables produits par des labos officiels et disponibles en pharmacie.
Les produits utilisés (ici dans leur usage vétérinaire)
La procaïne à 2% :
Elle permet notamment la diffusion des produits et « une microcirculation ».
Les corticoïdes :
La déxaméthasone ( Dexadreson ND , Voren ND…)
La methyl prednisolone à action immédiate (solumédrol ND… ) ou retard ( Demethyl ND, Depomedrol ND…)
Les AINS:
L’acide tolfenamique ( tolfédine ND ), le kétoprofène (Profenid ND ), le meloxicam ( Mobic ND ou Metacam ND ) ect…
Les antibiotiques :
Tout antibiotique en solution aqueuse (de la pénicilline à la marbofloxacine :marbocyl ND!)
Les vitamines injectables :
Notamment celles du groupe B : la B1( Bevitine ND ), la B5 ( Bepanthène ND ) ,la B12 .
Les spasmolytiques :
Le phloroglucinol (spasfon ND ou spasmoglucinol ND), le metoclopramide ( Primpérid ND ou Primperan ND ) l’oméprazole (Mopral ND )…
Les oligoéléments :
Le silicium organique silanol (Conjonctyl ND ).
L’iode ( du labo Vetoquinol )
Les injections demandent un certain coup de main que n’ont pas, et de loin, tous les praticiens. Les aiguilles d’injection sont en effet très fines et doivent servir à plusieurs reprises pour le même acte. Bizarrement, la mésothérapie est restée dans le giron des médecins, et les infirmières sont semble t’il tenues à l’écart de ces soins.
Les indications de la mésothérapie sont multiples, avec les résultats les plus probants dans les domaines de la douleur.
1- phénomènes algiques: névralgies, sciatiques, torticolis d’origine arthrosique, polyarthrites, contusions, tendinites, entorses, tennis elbow, douleurs cicatricielles, etc.
2- troubles vasculaires: artérites, troubles veineux et lymphatiqes, cellulite, ulcères, escarres, nécroses.
3 – dérèglements du système neurovégétatif: spasmes, colites, énurésies, cystites.
4 – infections locales chroniques: sinusites, gingivites, bronchites et asthme, herpès et zona.
5 – indications esthétiques (“malheureusement”, au moins 80% des actes de mésothérapie sont cantonnés dans ce domaine): chute de cheveux, cicatrices cheloïdes, vergetures, cellulite.
Certains médecins vont jusqu’à soigner des troubles sensoriels, comme les acouphènes ou des presbyties. Il faut alors un sacré coup de main et un certain recul.
Pour ma part, et en tant que vétérinaire, je n’ai qu’à me louer de cette technique (qui n’est enseignée, ni dans les écoles véto, ni dans les universités médicales…) simple et économique. J’ai remis en route des dizaines de chats et chiens dont les radios montraient des “becs de perroquets” inopérables, avec des incontinences et un amaigrissement de mauvais aloi …
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