Comme les cellules cancéreuses, le gui, ce parasite végétal vigoureux, présente un métabolisme original, gros consommateur de glucose, avec une déficience des mitochondries. Comme le gui “pompe” les sucres de son soutien végétal, la tumeur est avide du glucose sanguin du malade.
Plusieurs équipes de recherche se sont penchées récemment sur cette particularité du gui: ses mitochondries sont totalement incapables de produire de l’ATP, le carburant énergétique naturel des cellules. En effet, il manque à ces mitochondries les gènes nécessaires à “lancer” le processus du cycle de Krebs qui au final produit l’ATP. Une sacrée déficience puisqu’il manque un pool d’une cinquantaine de protéines, signe de mutations génétiques très anciennes. Et pourtant, le gui est un végétal vigoureux, au point de survivre sur l’arbre même en hiver en gardant sa couleur vert de chlorophylle …
Comment comprendre ?
Hé bien le gui est un parasite, qui va chercher directement au sein des branches qui le supportent, la sève riche en eau, sels minéraux et surtout en sucres élaborés pr l’arbre parasité. En prime, une bonne charge en chlorophylle qui lui permet un appoint énergétique même en hiver.
En fait, le gui se comporte exactement comme une tumeur: un métabolisme très axé sur les sucres tirés de l’organisme parasité, avec une orientation métabolique hors mitochondries par fermentation du glucose. Au total, un maigre rendement pour produire de l’ATP, mais une capacité de synthèse très puissante pour élaborer des substances vitales (acides nucléiques, lipides membranaires, enzymes) pour non seulement survivre, mais se développer sans arrêt.
Le gui est donc une plante qui s’est parfaitement accommodée de sa vie parasitaire, au point de “perdre” des gènes en fait inutiles puisque la plante porteuse “fait tout le boulot” de la production de sucres.
Un qui avait bien compris cette correspondance entre le gui et le cancer, c’est Rudolphe Steiner. Il a donc proposé l’utilisation du gui pour traiter les tumeurs chez l’homme, avec deux objectifs:
1- provoquer une réaction d’hyperthermie pour s’opposer au processus tumoral. Souvenons-nous qu’à la même époque, on soignait les tumeurs et la malaria par infections controlées (bactéries, essence de thérébentine ).
2- provoquer une réaction immunomodulatrice de type “le mal par le mal”: l’organisme, en luttant contre cet intrus paracancéreux, met en route (à l’époque, on parlait plutôt de “réaction vitale”) une stimulation de cytokines (TNF, interférons, IL 2), des lymphocytes T et des Natural Killers, justement ceux qui agissent actuellement lors des traitements d’immunothérapie des cancers.
Ces traitements à base d’extraits de gui (totum) sont désormais interdits en France, et pourtant pratiqués en Belgique, Suisse et Allemagne.
On manque cruellement d’études académiques récentes sur les effets du gui sur un organisme. Le gui est pourtant un modèle bien pratique, économique, et certainement prometteur.
Mais les anticorps monoclonaux spécifiques , tumeur par tumeur, sont beaucoup plus rémunérateurs …
Jean-Yves Gauchet
Pour 3,50 €, procurez vous le numéro 103 d’Effervesciences , justement dédié au gui, mais aussi au cannabis …