La “maladie du soda”, ça parle mieux que la “stéatohépatite non alcoolique”. Mais c’est tout aussi fumeux!
On a appris l’existence de cette maladie lorsqu’elle a touché Pierre Ménès, célèbre journaliste footbalistique, qui on s’en doute depuis, buvait beaucoup de sodas …
La NASH est la forme la plus sévère de la surcharge du foie en lipides, la stéatose hépatique. Cette stéatose hépatique est très courante et elle accompagne des maladies comme le diabète ou le syndrôme métabolique. La cause est bien connue: malbouffe, grignotage, excés permanent de sucres, en particulier du fructose caché dans les plats industriels. De fait, cette stéatose touche la majorité des obèses.
Si l’inflammation du foie est absente ou minime dans la banale stéatose hépatique, en cas de NASH, une inflammation chronique plus importante peut conduire à la cirrhose, c’est à dire à la destruction du foie.
Pourtant, en France tout du moins, si la stéatose hépatique est banale, les décès liés à une cirrhose consécutive à une NASH sont si rares qu’ils ne sont pas individualisés dans les causes de décès recensées par l’INSERM.
Nous assistons actuellement à la “sensibilisation” du public, à l’existence de la NASH, avec un glissement subtil de la banale stéatose hépatique vers la” terrible hépatite non alcoolique touchant des millions de français” et responsable à court terme de centaines de milliers de décès.
On sait depuis Knock, on sait que toute personne bien portante est un malade qui s’ignore …
Alors, s’il est ignorant, le bien portant, puisque surchargé du foie, va subir une subtile confusion entre la banale surcharge en graisse, l’inflammation chronique du foie et l’inflammation grave qui conduit à la cirrhose. C’est un peu comme si on prétendait que 20% des grains de beauté banals vont se transformer en mélanome mortel.
Il commence à être question du dépistage, qui suivra logiquement la phase de sensibilisation du public. Cela rappelle furieusement l’histoire du cholestérol et des statines, et de bien d’autres…
Et derrière tout ça, des professionnels de la communication bien outillés
Sont de la partie certains médecins “spécialistes” du métabolisme, des chaines de laboratoires d’analyses, et bien sûr des laboratoires qui “ont la solution dans les tuyaux”.
Les études marketing mondiales se projettent à dix ans, et font miroiter sur ce marché (jusque là inexistant) des profits atteignant 60 milliards de dollars. Voici d’ailleurs les labos en question, avec leur écurie de “remèdes”, et leurs espérances de chiffre d’affaire:
Il existera bien sûr des cas réels d’emballement des stéatoses, les médecins généralistes, dûment sensibilisés (comme pour le cholestérol) par le lobbying des labos, en diagnostiquent ça et là, mais les choses vont s’emballer sur le terrain de la prévention: tests sanguins de dépistage, campagnes de sensibilisation par tranches d’âge ou par typologie médicale (les obèses, les diabétiques), et bien sûr prescription du remède miracle à ingurgiter à vie …
Sachez que le 12 juin est déjà “la journée du NASH” aux Etats-Unis.
Et tout cela, convenons-en c’est la faute à Coca-Cola …
Jean-Yves Gauchet