Allergies au pollen d’ambroisie: le pire est à venir.

Rhinites, conjonctivites, voire crises d’asthme… Le pollen de l’ambroisie à feuilles d’armoise – dont le pic de libération se situe généralement à la mi-août – est hautement allergisant, et provoque des symptômes souvent aigus. Et l’évolution climatique ne va rien arranger.

C’est entre juin et juillet, avant le début de la floraison de la plante, que chacun peut prendre un certain nombre de mesures, notamment procéder à l’arrachage des plants détectés sur son terrain et signaler ceux repérés en dehors de chez soi. En juin, les Journées de lutte contre les ambroisies furent l’occasion de rappeler l’importance de ces gestes pour limiter la propagation de cette espèce invasive.

Selon l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), à l’heure actuelle 3 % de la population française y est sensibilisée.

Mais ce sont surtout les projections du nombre d’allergiques à l’horizon 2050 qui alarment : d’après certains travaux scientifiques, jusqu’à 15 % de la population française pourrait devenir sensibilisée !

Originaire d’Amérique du Nord, l’ambroisie est une plante invasive dans notre pays. Elle a été accidentellement introduite en France au milieu du XIXᵉ siècle, importée des États-Unis en même temps que des semences de trèfle violet.

Comment s’expliquerait une augmentation aussi fulgurante sur une période de quelques décennies seulement ? La pollution atmosphérique est-elle impliquée ? Quel rôle jouera le changement climatique ? L’augmentation de la concentration atmosphérique en dioxyde de carbone (CO2) aura-t-elle un impact ? Et surtout, comment lutter contre cette progression ?

Des allergies plus difficiles à prendre en charge

Toux, nez bouché, qui coule et qui gratte… L’allergie à l’ambroisie provoque des symptômes plus sévères et plus difficiles à prendre en charge que ceux des allergies à d’autres pollens, selon les professionnels de santé.

En France, la saison pollinique de l’ambroisie dure près de deux mois, ce qui en fait l’une des plus longues. Les conséquences en cas d’allergies étant particulièrement invalidantes, la qualité de vie des personnes concernées s’en trouve particulièrement dégradée.

Historiquement, les zones principales de l’implantation de l’ambroisie étaient les vallées du Rhône et de la Loire. Mais depuis 2005, une accélération de l’expansion est observée dans d’autres régions : Nouvelle-Aquitaine, Occitanie, Nord de PACA, Centre-Val de Loire (FREDON). Cette expansion s’effectue naturellement par la dispersion des graines qui peut être favorisée par les activités agricoles.

La pollution atmosphérique, suspecte mais pas coupable ?

La pollution de l’air est le premier coupable potentiel qui vient à l’esprit en cas d’allergies. Pourtant, dans le cas de l’ambroisie, elle n’est probablement pas en cause.

Certes, les polluants atmosphériques ont bel et bien un effet avéré sur l’aggravation de la sévérité des symptômes. La période de pollinisation de l’ambroisie coïncide d’ailleurs parfois avec des pics de pollution à l’ozone ou aux particules fines (notamment issues des feux de forêt). Les polluants atmosphériques sont en effet responsables à la fois de l’irritation de l’appareil respiratoire et d’une altération directe du pollen. Ces deux phénomènes peuvent aboutir à une exacerbation de l’inflammation et des symptômes de l’allergie respiratoire.

Photo en microscopie électronique d’un grain de pollen d’ambroisie.
Les grains de pollen d’ambroisie peuvent provoquer de sévères allergies. cellimagelibrary.org / Louisa Howard – Dartmouth College EM Facility

Cependant, le rôle que pourrait jouer la pollution atmosphérique sur la sensibilisation, autrement dit la possibilité de développer des symptômes, n’a pas encore été formellement démontré.

Au-delà de la pollution, les rôles de l’augmentation de la concentration atmosphérique en CO2 et du changement climatique font partie des principaux suspects.

Des températures plus chaudes favorisentla production de grains de pollen. Or, une corrélation positive est établie entre la quantité de pollens dans l’air et le nombre de personnes malades. Autrement dit, une plus grande production de pollens signifie davantage de personnes allergiques à ce pollen.

Photo en gros plan d’une inflorescence d’ambroisie.
L’ambroisie pourrait bénéficier du changement climatique. Shutterstock / Lipatova Maryna

Le changement climatique pourrait également allonger la durée de la saison pollinique, ce qui augmenterait la durée de la période pendant laquelle les symptômes des personnes allergiques se manifesteraient. Cependant, cet effet d’allongement de la saison n’est pas assez documenté en l’état actuel des connaissances pour avoir des certitudes à propos de cette tendance dans les décennies à venir.

Une chose est certaine : le climat futur sera plus propice à la propagation de l’ambroisie. Un plus grand nombre de régions françaises vont être infestées par cette plante invasive, et une population plus nombreuse se retrouvera donc exposée à son pollen. Avec pour conséquence, encore une fois, une augmentation de la probabilité d’être sensibilisé au pollen et, in fine, une augmentation du nombre de personnes allergiques.

Lire la totalité de cet article paru dans TheConversation.

Auteurs de cet article:

  1. Klervi Vandenbossche.   Doctorante, Université de Lille
  2. Marie Choël. Maître de conférences, Université de Lille
  3. Nicolas Visez. Chimiste, maître de conférences, Université de Lille