Notre microbiome évolue avec l’âge … et joue sur notre vieillissement.

Notre microbiome, essentiellement intestinal, est un marqueur assez fidèle de notre état de santé. Il évolue avec l’âge, la nourriture, l’environnement (et très peu de génétique). Une étude solide sur le vieillissement (“La vie élastique“, par Eric Bapteste) nous en montre le fonctionnement, les précautions à prendre, et les promesses.

Nous hébergeons quelques millards de bactéries dans la couche de mucus qui tapisse notre tube digestif. On savait depuis longtemps que si ce microbiome est déséquilibré, il participe à un dérèglement immunitaire, source d’inflammations et de maladies diverses. D’où les yaourts activia, et autres compléments de rééquilibrage.

Mais quel est l’effet de l’âge (voire du vieillissement) sur la composition du microbiome, et inversement, est ce qu’un microbiome vieillissant peut accélérer le nôtre, et allons encore plus loin… est ce qu’un microbiome “de jeune” peut ralentir les effets de l’âge ? J’ai trouvé des informations très pertinentes dans l’ouvrage d’Eric Bapteste: “la vie élastique”.

Prenons en exemple celui qu’on connaît le mieux, l’Homme. Au cours du vieillissement, on constate une altération de la dentition, de la production de salive, une perte du goût, une altération du transit intestinal, autant de modifications qui vont de pair avec une modification du microbiome. Mais dans quel sens ? Ce sont des bactéries fatiguées qui nous abandonnent, ou bien notre faiblesse intrinsèque qui déserpère notre microbiome ?

Nota: Ici, nous parlerons du microbiome, le cadre génétique et moléculaire de nos bactéries. Dans certaines tournures de phrases, le terme “microbiote” (la face vivante du microbiome) serait plus adapté.

De fait, ces impacts jouent de façon croisée les uns sur les autres, notemment parce que les microbes intestinaux peuvent communiquer avec notre cerveau et modifier nos sensations et nos comportements, y compris les fonctions cognitives d’ordre supérieur. grâce à des médiateurs neuronaux, immunitaires, et hormonaux.

Modifications avec l’âge

Le microbiome évolue rapidement au cours des 3 premières années de la vie, (à partir d’un apport bactérien de la mère), puis il mature progressivement pour rester relativement stable tout au long de l’âge adulte, et prendre différentes trajectoires à partir d’environ 60 ans: ou bien une détérioration (baisse de diversité, apparition de souches bactériennes délétères), ou bien une stabilité “de senior résistant” avec un équilibre de bactéries résistantes aux aléas de l’âge.

Les fonctions biologiques gérées par les microbiomes évoluent avec l’âge: le métabolisme des sucres, comme la synthèse de butyrates sont peu à peu amoindris, entrainant une hyperglycémie chronique et des syndromes inflammatoires répartis en divers organes. Cette régression des capacités métaboliques se trouve accentuée dans les ehpads ou les centres de soins pour seniors, lorsque les résidents reçoivent une alimentation pauvre en substances végétales fraîches, riche en graisses saturées et en sucres cachés, cohabitent en permanence (échanges de souches bactériennes), et sont traités par antibiotiques.

A contrario, le microbiome des centenaires “en bonne santé” révèle des atouts uniques ! Fort potentiel de production d’acides gras aà courte chaîne, et capacité à réduire une inflammation et donc maintes pathologies liées à l’âge.

On a donc , chez les jeunes (microbiome “tout neuf”) mais aussi chez les “vieux bien conservés”, des microbiomes pleins de ressources pour une santé entretenue . Il y a là des promesses de santé qui pourraient faire lorgner bien des labos !

Et il a donc des recherches en cours pour comprendre si un transfert de microbiomes entre jeunes et adultes (ou entre seniors chanceux et seniors lambda) peut apporter un gage de santé…

Chez les abeilles, les jeunes reines (strictement équivalentes génétiquement et avec le même microbiome dès leur naissance) sont nourries plus richement que les ouvrières … Un régime qui leur permet d’acquérir un microbiome particulier, une taille triplée, et une longévité de même. Et si on prélève quelques ouvrières pour leur fournir un “repas de reine”, elles voient leur longévité augmentée …

Autre observation, cette fois ci avec des poissons: dans un aquarium, on note la croissance, puis l’évolution vers la sénescence d’un groupe de poissons (de type Nothobranchius). Puis on les sépare en deux groupes: un groupe témoin dans un aquarium 1, et un groupe expérimental (aquarium 2) , puisqu’on y introduit des poissons de même espèce, mais tout jeunes. On y laisse simplement les adultes se nourrir des selles des alevins. Et là oh surprise, on note que les adulte du groupe 2 semblent rajeunir, et l’on constate que leur microbiote s’est modifié pour ressembler à celui des alevins …

Et c’est là que l’on rejoint les projets de transferts fécaux, jusqu’ici compris dans un sens thérapeutique (MICI, obésité), mais qu’on peut alors envisager comme “cure de jeunesse”….

Pour en savoir plus, tournez vous vers l’ouvrage d’Eric Bapteste: “la vie élastique”.

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admin1402

Vétérinaire à Toulouse, je gère bénévolement ce blog suite à l'arrêt de parution du journal "paper" Effervesciences" survenue durant la crise covid. Désormais, les infos sont en ligne, gratuietement.