Le Dr Gatenby est un radiologiste un peu hors normes, qui a publié dans Nature un papier provocateur, à la suite de recherches statistiques qu’il détaille dans cette parution. Le principe qui sort en conclusion, est que les efforts thérapeutiques qu’on fait actuellement sur les cancéreux pour éliminer les tumeurs ( comprendre chimios et radiothérapies), ne permettent de gagner que des victoires à la Pyrrhus : ces traitements en effet permettent en permanence la sélection des cellules les moins sensibles, car contrairement aux anti-infectieux par exemple, on ne peut pas utiliser la dose maximale, celle qui va tuer TOUTES les cellules cancéreuses : il faut protéger les cellules saines. Et donc laisser forcément s épanouir en quelques semaines les cellules résistantes, celles contre lesquelles on ne sait plus lutter… mais au sein d’un organisme blessé, dénutri, avec des tissus enflammés qui peuvent eux mêmes cancériser …
Gatenby considère alors qu’il faudrait éviter ce « coup de pouce évolutionnel » qui aggrave finalement le tableau. Il préconise un traitement à bas bruit, à des niveaux tolérables pour l’organisme, et qui sur la tumeur n’auraient d’autre ambition que de la transformer en maladie chronique contrôlée, les éventuelles cellules métastatiques étant, elles, éradiquées au fur et à mesure de leur production.
On retrouve là une préconisation française du Dr Gernez, des cures préventives d’hydrate de chloral, on est dans le même esprit. Mais au lieu d’expérimenter sur cette idée, les décideurs de notre santé ont plus simplement interdit l’hydrate de chloral …
Un autre exemple d’interaction entre évolution et médecine : nous autres humains sommes dépourvus d’enzymes permettant la synthèse de vitamine C, ainsi que de l’enzyme uricase , ce qui nous impose un taux d ‘acide urique important. Ces défections moléculaires correspondent à des mutations à des périodes déterminées ( miocène), lorsque nos ancêtres étaient avant tout frugivores : leurs besoins en sucres (fructose) et en vitamine C étaient largement couverts , et ces mutations étaient donc sans conséquences négatives, mieux, elles permettaient de maintenir un stress oxydatif favorable à la mise en réserves graisseuses pour l’hiver de tous ces sucres disponibles en été. Et puis le mode de vie a bien changé …
L’Homme est devenu carnassier, et l’acide urique a dépassé la dose. Quant aux glucides, on les retrouve maintenant sous forme de glucose à fortes doses dans nos régimes alimentaires, et ceci pendant toute l’année : l’obésité est au bout de ce changement.