Mettant en scène des êtres surhumains dans des actions remarquables, mythes et légendes avaient (ont encore) une valeur explicative du Monde, au même titre que la philosophie, puis nos sciences modernes.
Les récits mythiques sont nés en même temps que l’humanité (voir notre prochain article), et ils ont été véhiculés par les détenteurs du savoir, les initiés, ceux qui étaient en relation avec le sacré.
Ils répondent aux interrogations des hommes de l’époque qui cherchent à comprendre comment la terre a été créée, comment un fleuve est apparu, s’est installé, ou encore comment eux-mêmes sont venus à la vie. Pour le mythologue Mircea Eliade, le mythe raconte un histoire sacrée qui se déroule dans un temps immémorial, une période fabuleuse qui est celle des origine du monde. Le récit met en scène les exploits des Dieux et des Héros en narrant “comment une réalité est venue à l’existence”.
Principale question (qui nous touche tout aussi bien), la création du Cosmos, donc de l’Univers, à partir d’un Chaos et en plusieurs étapes.
Il est d’ailleurs remarquable que dans les religions polythéistes, les Dieux sont apparus à partir des Eléments (le Chaos), chacun créant ou s’appropriant des morceaux de notre terre (le ciel, les océans, etc), alors que dans les religions momothéistes, c’est un Dieu unique et immémorial, venant du néant (?), qui crée les éléments.
Au delà de la Création du Monde, des mythes “secondaires” peuvent narrer une réalité partielle, en fixant le récit seulement sur une fraction du monde de. Par exemple le récit de Hyacinthe, qui tué accidentellement par Apollon, est alors changé en fleur: ce récit nous explique comment se créa un fragment de l’Univers, ici une fleur.
Ces histoires dites “véridiques” correspondent à des questions essentielles
A contre courant de notre définition moderne du mythe, les récits véhiculés sont considérés comme des histoires vraies: puisque le récit raconte la création du ciel, de la mer ou d’une fleur, et que le ciel, la mer et le fleur sont devant nous bien réels, le récit qui explique leur création est forcément vrai … C’est ainsi que par les mythes, les hommes appréhendaient le monde de leur entourage, et s’expliquaient les choses de leur vie: en inventant la manière dont elles furent crées, ils se donnaient le pouvoir de les maitriser.
Des récits exemplaires, à la base de religions
La fonction maitresse d’un mythe est de révéler les modèles exemplaires de tous les rites, de toutes les activités humaines, aussi bien l’alimentation ou le mariage, que le travail, l’éducation ou la sagesse. Pourquoi l’homme est-il mortel, pourquoi cette distinction entre l’homme et la femme, comment sont nés la musique, ou l’art du feu? Les réponses à toutes ces questions se trouvent dans les actes des Dieux et des Héros qui dans ces temps immémoriaux, ont pour la première fois accompli un acte exemplaire qui peut (ou qui doit) servir de modèle aux Hommes.
Au nombre de ces mythes exemplaires, on peut citer celui de Prométhée qui vola le feu aux Dieux pour l’offrir aux Hommes. Ou bien celui de Dionysos qui a appris aux hommes l’art de la vigne …
A la différence de la simple histoire, le mythe est à l’origine un récit qui va au delà de ce qu’il raconte puisqu’il permet aux hommes d’agir et de refaire des actes accomplis une première fois par les dieux. Mais tout ceci sous la contrôle et la houlette de “sachants” que sont les prêtres, chamânes et autres devins, dans le cadre de religions plus ou moins constituées autour de mythes spécifiques.
Différences entre mythes, contes, et légendes
Le mythe fait partie des récits d’ordre sacré, alors que légendes et contes se définissent comme des récits profanes, en dehors de tout contexte religieux, et qui ne peuvent faire en aucun cas l’objet d’un rituel public.
Les anciens récitaient des passages d’un mythe lors de cérémonies afin de produire par la parole la re-création du monde par la force du rite.
Les contes sont plutôt des récits imaginaires, sans fondement véridique, emprunts d’une morale populaire, mais sans aucune accroche religieuse.
Les légendes se basent su un fond de vérité historique, où le réel est déformé et embelli (ou noirci …), son objet essentiel est le miracle. Elles s’emparent souvent de personnages réels auxquels elles attribuent une vie imaginaire.
Suite de cet article: comment les mythes ont circulé parmi les civilisations.