Certaines météorites contiennent de la matière organique qui a pu participer à la mise en œuvre d’une chimie nécessaire à l’émergence de la vie sur Terre. Cette matière organique météoritique pourrait avoir un lien avec les molécules observées dans les nuages moléculaires denses, lieu de formation de notre Système solaire
Présentes dans les nuages moléculaires denses où naissent les étoiles, les glaces interstellaires sont principalement composées d’eau, de dioxyde de carbone, de monoxyde de carbone, de méthanol et d’ammoniac. Ces glaces pourraient être à l’origine de matières organiques qui auraient pu être apportées sur Terre, via des météorites appelées chondrites carbonées. Ces bouts d’astéroïdes contiennent en effet un ensemble d’éléments chimiques potentiellement nécessaires à une chimie qui a précédé, puis mené, à l’émergence de la vie sur Terre.
L’étude CNRS de l’université Aix-Marseille:
La glace et ses trois composants de base ont été irradiés par des UV et soumis à des températures entre 77K et 300 K. Cela a abouti à la formation d’un résidu organique constitué de milliers de molécules différentes. Ce résidu est considéré comme un analogue d’une partie de la matière organique qui aurait été présente au niveau du disque protoplanétaire, avant la formation des planètes, des comètes et des astéroïdes, et qui a ainsi pu ensuite se retrouver à l’intérieur des comètes et des astéroïdes. Pour simuler l’évolution qu’aurait pu subir cette matière organique une fois incorporée au sein d’astéroïdes, le résidu analogue obtenu en laboratoire a ensuite été soumis à une altération aqueuse en milieu anoxique, c’est-à-dire qu’il a réagi avec de l’eau liquide en absence d’oxygène à 150°C. Après cent jours sous altération aqueuse, le résidu analogue a connu une telle évolution chimique qu’il ne restait plus que 2 % de sa composition originelle. Des mesures par spectrométrie de masse à haute résolution ont montré que le contenu final s’est rapproché de la matière organique identifiée au sein de la météorite de Murchison, la chondrite carbonée la mieux documentée, avec 46 % de molécules organiques en commun contre 28 % pour les analogues qui n’ont pas subi d’altération aqueuse.
Ces résultats suggèrent qu’une partie la matière organique météoritique pourrait donc être d’origine interstellaire et n’avoir que partiellement subit l’altération aqueuse dans les astéroïdes.
Ces travaux prouvent que trois molécules présentes dans les zones de formation des systèmes planétaires et soumises aux processus d’altération qu’elles ont pu subir lors de la formation de notre système solaire, suffisent à former une diversité moléculaire importante, approchant celle des météorites.