La terra preta ( « terre noire » en portugais, est un type de sol aménagé par l’Homme dans le bassin d’Amazonie il y a quelques siècles, et sans doute dans d’autres contrées tropicales , et dont on ne peut jusqu’ici que constater l ‘extraordinaire fertilité, sans savoir en reconstituer la formulation. C’est pourtant une piste évidente, pour une fertilisation naturelle des sols.
Les OGM améliorent, au mieux, les rendements de 5 à 15 %, la terra prêta de 20 à 40%. En cette période de moratoire d’OGM, ce mode de cultures devrait dans certains pays générer un développement important de l’agriculture biologique. Il devrait fixer la main d’œuvre et réduire le chômage des pays peu développés, concurrencés par une agriculture subventionnée et polluante.
Il existe désormais un mouvement écologique qui , au plan mondial, s’agite pour la promotion di biochar, l’introduction de charbon végétal dans les sols pour les amender, en améliorer la texture, et enfouir au passage du carbone terrestre.
Ainsi sont proposées diverses méthodes destinées essentiellement aux horticulteurs et aux jardiniers du Dimanche, mais qui reposent sur des ingrédients très divers, parfois difficilement disponibles.
La méthode de fabrication de la terra prêta a été découverte sans doute fortuitement par des populations rurales, à l’occasion d’incendies exceptionnels de forêts comportant des caféiers sauvages (appelés « arbres à perroquets » par les amérindiens) dont les baies n’étaient pas mûres.
L’action conjointe du climat (hygrométrie, température, compost des végétaux locaux) a fait le reste … puis les populations ont su imiter la nature et reconstituer ce déroulement spontané en y rajoutant « leur » compost humain …
Les produits de base sont donc :
– le charbon de bois (d’autant plus actif qu’il aura « cuit » longtemps)
– le terreau végétal et les déchets organiques des populations
– des fruits non matures des caféiers sauvages.
Les principes actifs sont :
– l’acide phosphorique, dont le rôle retrouvé est de détruire les éléments présents dans le charbon de bois (et en améliorer encore la porosité).
– Les sucres végétaux du compost qui permettent l’installation immédiate de nouveaux éléments propices à la fertilité (dont les lombrics ne sont pas les moindres.
Pour la méthode traditionnelle, il s’agit de mélanger à 100 kg de charbon de bois un kilo de graines de caféier sauvage, lorsqu‘elles sont rouges (c’est à dire pas encore mures, elles sont au mieux de leur apport en phosphore) et de les laisser infuser pendant un mois, en les arrosant et en les remuant régulièrement.
Ensuite, on étale le produit en couches de 10 cm sur le sol à cultiver, en y rajoutant les déchets de cuisine et l’humus disponible … Tous ces ingrédients sont disponibles en tout endroit de zone tropicale.
Pour la méthode familiale, on ne dispose pas de graines de caféier fraiches … Alors Michel Carlin, un lecteur d’Effervesciences qui nous a contactés, propose une solution étonnante : pour 1 kg de charbon de bois mouillé à 40% d’eau, ajouter 1 litre de coca cola , qui apportera , et le sucre, et l’acide phosphorique nécessaires. Laisser macérer 30 jours en veillant à une humidité constante, mélanger à 50 litres de tourbe, et attendre encore 30 jours. On répand alors 5 cm à la surface du sol pour cultiver.
Pour la méthode industrielle, un savoir-faire breveté en protège les secrets, mais la formule générale est la suivante :
– un gramme d’acide phosphorique et quatre grammes de sucre pour un kilo de charbon humidifié à 40% pendant 30 jours à la température minimale de 20°.
– Mélanger ensuite avec 50 litres de tourbe pour chaque kilo de préparation.
– On laisse agir pendant 30 jours à 20°, puis on étale 5 cm sur le sol pour cultiver.