Avec une population en baisse de 40% en 10 ans, le chardonneret est victime de l’appauvrissement de ses ressources naturelles (moins de praires, moins de graines sauvages), mais aussi d’un trafic important sur les deux rives de la Méditerranée.
Des deux côtés de la Méditerranée, dans le sud de la France et plus encore au Maghreb, le chardonneret se meurt d’être tant adoré. Sa capture à l’état sauvage a pris une telle ampleur qu’elle menace l’espèce, déjà fragilisée. La passion pour cet oiseau est ancienne – en Afrique du Nord, on trouve trace de son usage domestique dès le VIIIe siècle. Il porterait chance au foyer. Sa beauté, délicate, a charmé plus d’un peintre. Et, pour une fois, son ramage se rapporte à son plumage : son chant est vif, virevoltant, varié… Si bien que certains capturent des oiseaux pour les« écoler » (les entraîner), les enfermant plusieurs mois avec un oiseau maître chanteur ou des enregistrements sonores, afin qu’ils apprennent à imiter leurs vocalises à la note près. Les plus virtuoses prennent une grande valeur, qui peut dépasser les 500 euros.
Mais le plus souvent, son commerce est moins juteux. En France, les spécimens tout juste capturés seraient vendus entre 20 et 50 euros, puis revendus jusqu’à 80 à 100 euros au marché aux puces de Marseille, épicentre de ce trafic.
Au Maghreb, le problème est nettement plus aigu: entre 1990 et 2016, son aire de répartition s’est réduite de 57 %, et il a quasiment disparu de Tunisie et d’Algérie. Cette pénurie a conduit, selon l’étude, « à l’augmentation de sa valeur économique et à la mise en place d’un réseau d’échanges internationaux dans l’ouest du Maghreb », le Maroc approvisionnant massivement ses voisins.
Quinze millions de chardonnerets seraient ainsi détenus dans les foyers marocains, algériens et tunisiens, provenant presque exclusivement de captures à l’état sauvage.