Et si on parlait amerologie ?

Amérologie ? Jamais lu ni entendu ce mot… Et pour cause, il apparaît aujourd’hui dans ce blog, car il faut réunir dans un même corpus tous les savoirs traditionnels, voire ancestraux jusque là dévolus à la botanique et la phytothérapie, avec le tourbillon des recherches actuelles concernant les plantes amères, les molécules de synthèse amères, la physiologie végétale (comment les amers interfèrent entre végétaux) et bien sûr animale, c’est le sujet principal qui nous concerne directement.. L’amérologie est donc une vraie science, au service de notre bien-être et de notre santé. Une science encore à construire, qui doit réunir les talents de bonne volonté …

Le houblon est avec la gentiane l’amer naturel le plus actif sur de nombreux récepteurs de notre corps.

Les plantes amères ont de tous temps constitué la base de remèdes efficaces, employés par dans la sphère religieuse (monastères) ou populaire (guérisseurs), puis dans un cadre plus rationnel (apothicaires).

Bien que bousculées par la Science médicale triomphante, les plantes amères sont restées un bastion très solide de la phytothérapie, selon des usages reposant sur les résultats, mais sans trop savoir “comment ça marche”…

Pour leur utilisation, on évoque ainsi:

  • Une stimulation de la digestion : Les plantes amères agissent en stimulant la sécrétion des sucs digestifs (salive, sucs gastriques) dès leur détection au niveau des papilles gustatives. Elles favorisent aussi la production de bile par le foie (action cholérétique) et son évacuation par la vésicule biliaire (action cholagogue), facilitant ainsi la digestion des matières grasses et contribuant à une meilleure détoxification hépatique.
  • Un effet tonique général : Outre le système digestif, les plantes amères ont une action tonique sur de nombreux organes, y compris le pancréas et même le système nerveux, en particulier en période de fatigue ou de convalescence.
  • Un renforcement de l’immunité : Certaines traditions de naturopathie évoquent également une stimulation des défenses naturelles par la régularisation des fonctions digestives et métaboliques.

Les plantes, et même leurs ingrédients, n’étant pas brevetables, toute la recherche médicale s’est tournée dès le XXème siècle vers la découverte de nouvelles molécules, le plus souvent copiées sur des substances végétales naturelles, mais faciles à fabriquer de manière industrielle, générant d’énormes profits. L’usage des plantes était alors dévolu aux naturopathes et autres phytothérapeutes, dans un. cadre toujours plus restreint (non reconnaissance des herboristes, liste rallongée des plantes bannies).

Mais cette recherche effrénée des molécules végétales à copier a donné lieu à un très important savoir scientifique, sur les plantes elles-mêmes, et sur leurs modes d’action dans nos organismes, les posologies à respecter, les résultats cliniques espérés et atteints …

Et de fait, nous avions jusqu’ici d’un côté des chercheurs au savoir gigantesque, mais peu au fait des subtilités du monde médical, et de l’autre des praticiens de santé dont les études et le cursus hospitalier a totalement ignoré la valeur clinique des plantes amères.

Et au milieu, un grand vide qui reste à combler, de praticiens directement en contact avec les réalités, à réunir sous une bannière crédible, en partageant ces nouveaux savoirs.

Cette bannière peut s’appeller amérologie, une sciences à part, dérivée à la fois de la phytothérapie, et de la physiologie dans ses découvertes les plus récentes. Ce terme d’amérologie m’a été soufflé par une consoeur vétérinaire, elle-même très férue de soins alternatifs efficaces.

Une amerologie, donc, qui doit hausser la phytothérapie au rang de science exacte, en adaptant les substances amères aux besoins spécifiques d’un organisme à soigner.

Prenons un exemple: les irritations cutanées. On sait depuis des siècles que la reine des prés est une plante qui dans son totum (l’ensemble des substances actives) soulage les douleurs et les inflammations de causes diverses. En mettant plus récemment ce bénéfice clinique sur le compte de ses tannins et flavonoïdes, cicatrisants et anti-inflammatoires, mais aussi des salicylates , ces précurseurs de l’aspirine. Donc la phytothérapie utilise avec succès cette plante (avec quelques précautions pour les patients sous anticoagulants), mais sans réellement connaître le fonctionnement réel du traitement.

Dans le cadre de l’amerologie, il en va tout autrement: on va profiter de tout ce savoir institutionnel, de ces travaux de recherches du monde entier, pour assembler dans le bon ordre les éléments du traitement:

Ainsi, on part des récepteurs d’amertume TAS2R présents dans l’organe à soigner, (nous en possédons 25 de types différents, répartis dans notre bouche et dans les organes internes). Justement dans la peau, on sait maintenant qu’agissent les TAS2R de type 4 et 38 pour les cellules épithéliales, 14 et 38 pour les cellules immunitaires du derme. Reste alors à choisir les amers dont on sait par de multiples études qu’ils actives ces récepteurs. Il y en a plusieurs dizaines, et là le choix repose sur leur innocuité, leur efficacité, leur disponibilité, leur capacité à intégrer un vecteur thérapeutique (lotion, crême, élixir, savon …).

Gentiana lutea: des fleurs magnifiques, mais ce sont les racines qui produisent nos amers …

Dans ce cas des irritations cutanées, on pourra privilégier la reine des prés (sans surprise!), mais aussi la gentiane, (amarogentine), ou bien le thé vert (épicatéchine).

Selon mes propre recherches, on peut se reposer sur une dizaines d’amers, dont les actions se renforcent ou se recoupent dans de multiples actions de soins.

Vous l’avez compris, l’amérologie en est à ses balbutiements, et si elle est riche en savoirs, elle est pauvre en “amérologues”. Amérologues que j’aurai à coeur de rassembler et d’encourager. Afin de les engager à devenir amerothérapeutes!

Jean-Yves Gauchet

gauchet31@gmail.com

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admin1402

Vétérinaire à Toulouse, je gère bénévolement ce blog suite à l'arrêt de parution du journal "paper" Effervesciences" survenue durant la crise covid. Désormais, les infos sont en ligne, gratuietement.