Prenons la Guyane, le seul département français où cette vaccination BCG est obligatoire: c’est actuellement le moins touché, et en nombre de cas, et en nombre de décès.
Prenons le cas de l’Allemagne: à l’est, historiquement (la RDA), on a systématiquement vacciné ceux qui sont actuellement séniors. C’est actuellement la partie de l’Allemagne la moins touchée, et en cas, et en nombre de décès.
Les chiffres sont là, et on peut comparer des populations nombreuses, très nombreuses, vaccinées versus des populations non vaccinées, donc l’équivalent de placebos.
Ce vaccin a eu un effet protecteur pour le Covid. Au bout de combien de temps ? Sur quelles types de populations ?
La vaccinologie n’est pas une science exacte.
Autant de sujets vaccinés, autant de réponses immunitaires, y compris des catastrophes médicales.
Les vaccins mettent en jeu notre immunité adaptative (anticorps). Mais l’immunité naturelle, celle des êtres primitifs, est nettement plus puissante.
Avec de multiples précautions, c’est très certainement l’avenir de l’infectiologie.
Sous l’égide de l’éminent Pasteur, des chercheurs français, Calmette et Guérin, ont mis au point dans les années 1920 le BCG, un vaccin vivant avec pour principe vaccinateur le microbe vivant de la tuberculose, Mycobacter bovis, avec le même principe à priori efficace de la vaccination antivariolique.
Vaccin vivant, cela veut dire que la bactérie (ou le virus) a été atténuée par des procédés divers (et secrets) et qu’on peut l’injecter sans crainte (!!!!???) pour imposer à un organisme une immunité puissante contre ce micro-organisme. Ce vaccin BCG, comme nos vaccins actuels, est perçu à l’époque avec beaucoup de méfiance tant par les populations que par le corps médical. D’autant que de graves incidents en ont émaillé le parcours : en 1930 éclate le drame de Lubeck., où sur 250 enfants vaccinés, 72 meurent d’une tuberculose généralisée … la bactérie bactérie s’était « réveillée » avec un caractère particulièrement virulent.
Cette gloire nationale a été diversement utilisée dans le monde, mais elle est actuellement en bout de course, inefficace sur une maladie qui est elle même en forte régression, avec toujours cette « bécégite » possible sur les sujets vaccinés.
Mais ce BCG, vieux briscard de la vaccinologie, avait d’autres tours dans son sac : la stimulation immunitaire qu’il entraine permet de ralentir l’évolution de certains cancers, en particulier ceux de la vessie, où l’on peut imposer un contact direct entre la tumeur et le vaccin.
C’est en Afrique, où les sujets vaccinés sont très nombreux et les pathologies infectieuses très diverses, que des médecins de terrain ont pu observer, puis vérifier, que les enfants vaccinés BCG étaient nettement moins touchés par des maladies infectieuses, ce qu’ils appellent un effet « off targets », soit «au delà de l’objectif »…
Une protection partagée également chez les enfants vaccinés avec un vaccin, vivant lui également, contre la rougeole.
Ces médecins (Peter Aaby et Christine Benn) en alertent l’OMS en 1997, et vingt ans plus tard, cette institution « envisage » des essais sur le BCG et le vaccin rougeole, mais dans des protocoles loin des réalités de terrain, au grand dam de nos médecins qui y voient un enterrement de première classe pour leur découverte.
Mais Aaby et Benn ne sont pas les seuls à remarquer des effets « off target » dus aux vaccins vivants.
En 2010, Mihai Netea, un immunologiste hollandais, remarquait que des injections de BCG protégeaient des travailleurs exposés professionnellement aux candidoses (levures champignons), mais aussi aux listérioses dues à des aliments contaminés.
Comment expliquer ces observations ?
Le BCG est supposé entrainer une action puissante en excitant notre « immunité innée », une capacité de défense très très ancienne qui vise indistinctement tout ce qui n’est pas « le soi », donc les bactéries invasives, mais surtout les cellules malades (qui accueillent un virus ou un parasite) et les cellules cancéreuses.
Cette immunité est naturellement entretenue par le contact avec le monde extérieur : le contenu intestinal, les poumons, la peau. Mais cette immunité se relâche du fait de notre propension à tout stériliser autour de nous et à réduire la diversité de notre microbiote intestinal et cutané.
Injecter un vaccin vivant, c’est introduire un élément vivace et étranger qui va réveiller ce système immunitaire endormi. D’autant que les antigènes de surface des mycobactéries a des points communs avec ceux de cellules malades et cancéreuses.
Cellules malades ? Ces cellules qui hébergent malgré elles, sans pouvoir s’en débarrasser, des virus (SIDA), des parasites (leishmaniose, boreliose, Chagas, etc) et sur lesquelles les anticorps de notre immunité acquise sont sans effets.
Cette immunité innée avait une mauvaise image. On disait d’elle « c’est une armée de soldats amnésiques », sans mémoire pour gérer des maladies ultérieures.
D’où toute cette vaccinologie pour produire des anticorps spécifiques et induire une réserve de « lymphocytes-mémoire ».
On avait donc laissé de coté l’immunité innée, sauf le BCG dont on redécouvre justement des qualités généralistes.
Immunité innée sans mémoire ? Voire… Certes, pas de production d’anticorps, mais une autre manière de protéger : les sujets vaccinés, en cas d’infection (quelque soit l’agent infectieux), voient monter en flèche la production de cytokines IL1, Il2 et Il 12, ainsi que d’interférons gamma. Ces substances mobilisent toutes les capacités immunitaires, y compris les globules blancs nettoyeurs (polynucléaires et macrophages) qui eux, sont mis en repos par les vaccins producteurs d’anticorps.
Une telle réaction est bien sûr salutaire sur un temps limité, et sur un organisme qui saura en gérer l’intensité. Ces cytokines sont à manier avec précaution.
De multiples essais thérapeutiques sur le Sida et le cancer ont tourné à la catastrophe à cause de cette toxicité. Ce qui explique au passage les « bécégites » couramment constatées.
Donc, le BCG, il faut savoir le manier et sans doute en reconsidérer la formulation et le mode d’emploi.
Car des études européennes sont formelles : les enfants vaccinés BCG sont protégés contre l’asthme (- 30%), l’eczéma et les allergies alimentaires, autant de maladies dues à un excès d’anticorps (trop de vaccins = trop d’anticorps ?).
Par ailleurs, des médecins ont remarqué que deux injections de BCG réduisaient dans le temps l’intensité de diabètes de type 1 (maladies auto-immunes).
Et là, gros questionnement : ce diabète de type 1 n’est pas dû à une surdose d’anticorps, mais plutôt à une attaque des cellules du pancréas par des lymphocytes devenus incontrôlables.
L’effet du BCG, au contraire, aurait pu envenimer les choses et accentuer le diabète… il y a donc autre chose.
Comme si cette bactérie (plus précisément mycobactérie) encore vivante apportait à elle toute seule une information de type «réveillez vous et agissez au mieux ». En quelque sorte, une immuno-modulation permettant à l’organisme de se réorganiser, de se « rebooter » pour mieux fonctionner.
Concernant le virus Covid, on prend le train en marche: on ne sait qu’après coup que les populations vaccinées ont été épargnées. Mais immédiatement, et en attendant le fameux-vaccin-qui-règle-tous-les-problèmes, quelles actions à mener avec le BCG, sur quelles populations, et à quelles doses ?
Jean-Yves Gauchet