Les tortues marines sont en grand danger, dans un premier temps à cause de l’engouement mondial pour la “turtle soup”, puis maintenant à cause des déchets plastiques, enfin du fait de la raréfaction des plages accueillantes pour leur reproduction.
La “turtle soup” a constitué un met raffiné dans la tradition britannique victorienne. Cette préparation requiérait de la viande de tortue verte (Chelonia mydas) consommée à l’origine par les habitants des Caraïbes, mais aussi par les marins au cours de leurs explorations sur les mers. Les animaux, gardés vivants sur les navires, représentaient une source de nourriture fraîche particulièrement recherchée pour nourrir l’équipage.. Le plat s’exporta ensuite au royaume Uni, et devient un plat raffiné et coûteux.
La demande est telle que la production de soupe s’industrialise: la mise en boite commence sur les côtes texanes en 1869. Un usine, installée à Fulton, utilise 1000 tortues par an, qui sont transformées en 18 tonnes de viande pour les préparations.
Mais comme les prises se raréfient, on fait évoluer la recette en “mock turtle soup” (en anglais, mock signifie copie, contrefaçon) en remplaçant la coûteuse viande de tortue par … de la tête de veau, avec les mêmes ingrédients. Et c’est le départ d’un engouement cette fois-ci populaire pour cette recette et conquiert le monde entier.
De nos jours, la “mock soup” peut contenir diverses viandes de reptiles, comme des tortues de petite taile, voire même des aligators issus de fermes asiatiques.
Si la pêche aux tortues luth est désormais prohibée (ce qui n’empêche pas un intense braconnage), ces pauvres animaux subissent actuellement deux types de graves drames environnementaux:
- du fait de la surpêche et de l’acidification des océans, on note un important développement des méduses. Excellent bonus pour les tortues, qui s’en nourrissent activement. Sauf que les déchets plastiques ressemblent à s’y méprendre à ces méduses casse-croûte et que les tortues par milliers en subissent des occlusions digestives fatales.
- les tortues sont très fidèles à leurs lieux de reproduction et de ponte. Il leur faut des plages chaudes (mais pas trop) et tranquilles. Et ceci devient bien rare. Par exemple, sur l’archipel d’Hawaï, sur quinze site historiques de ponte, seuls six sont encore actifs, dont 90% (374 nids) sur un seul et unique site, le banc de sable de la Frégate française. En cause, un réchauffement insidieux, un tourisme embarrassant, un braconnage permanent et la prédation de chiens et d’oiseaux de mer.
Source: Alice au pays des sciences, par Anne Cecile Dagaeff et Agatha Liévin-Bazin