Ces effets secondaires bien mesurables des vaccinations ARN seraient à priori transitoires et sans gravité: un allongement des périodes de règles et des saignement plus importants. Mais sur quelles causes, sur quelles durées, et avec quelles implications sur la fertilité ?
La chronologie du cycle menstruel est régulée par les ovaires, dont le fonctionnement est sous le contrôle de l’hypophyse, elle-même sous l’influence de l’hypothalamus.
On parle en endocrinologie d’axe hypothalamo-hypophyso-ovarien. Or, ces fonctions physiologiques hormonales peuvent être affectées par des situations de stress. Le stress généré par la pandémie ne devrait pas être à l’origine des changements observés dans la cohorte des femmes vaccinées dans la mesure où de telles modifications n’ont pas été observées durant la même période dans le groupe des non-vaccinées. Par ailleurs, l’analyse des données recueillies avant et durant la pandémie n’a pas montré au niveau populationnel de changements de la durée du cycle menstruel dû au stress de la pandémie.
Selon les chercheurs, les vaccins à ARN messager provoquent une réponse immunitaire robuste ou représentent pour l’organisme un facteur de stress susceptible d’affecter de façon temporaire l’axe hypothalamo-hypophysaire-ovarien.
Compte tenu du calendrier d’administration des vaccins anti-Covid-19 à ARN messager aux États-Unis (21 jours pour Pfizer et 28 jours pour Moderna), une personne recevant deux doses en un seul cycle pourrait recevoir la première dose au début de la phase folliculaire du cycle, dont on sait qu’elle est affectée par le stress.
En résumé, selon cette étude américaine, bien que la durée du cycle menstruel soit légèrement augmentée après vaccination anti-Covid-19, celle-ci n’a cependant pas été associée à des modifications de la durée des règles, font remarquer les auteurs de l’étude publiée dans Obstetrics & Gynecology.
On peut s’étonner d’un tel constat alors même que, selon une correspondance publiée dans le British Medical Journal (BMJ), plus de 30 000 notifications de pharmacovigilance relatives aux changements en matière de règles et de saignements survenant entre deux cycles ont été rapportées après vaccination anti-Covid-19 (par ARN messager ou vecteur adénoviral) au Royaume-Uni à la Medicines and Healthcare Products Regulatory Agency.
Plus récent (mi février), cet intérêt de l’EMA, organisme européen de contrôle, sur les effets constatés à grande échelle des vaccinations ARN sur les cycles féminins.
En France, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) signalait fin décembre 2021 l’existence de troubles du cycle menstruel pouvant affecter à la fois la fréquence et l’intensité des saignements. « Les règles peuvent être irrégulières, douloureuses (dysménorrhée), trop abondantes ou trop prolongées (ménorragie) ou absentes (aménorrhée). Il est également possible que des saignements surviennent entre deux cycles (métrorragie »), pouvait-on lire dans un point de situation sur la surveillance des vaccins contre la Covid-19.
Il y a donc une réelle incertitude sur les causes et sur les implications de ce que l’on constate (durée des troubles, effets possibles sur la fertilité) … avec autant de discordances. Une “explication” récente consiste à évoquer un effet nocebo … qu’on ne constate que chez les vaccinées…
Pour des femmes jeunes et en bonne santé, avec la tiédeur nouvelle du variant omicron, la balance bénéfice/risque penche t’elle encore du coté du vaccin?
Jean-Yves Gauchet