C’est un argument qui rapproche les écolos des végans (ce sont souvent les mêmes …): les bovins sont (avec la riziculture, tiens les vegans, prenez ça dans les dents !) les plus gros pourvoyeurs de gaz néfastes dans le domaine agricole.

La photo de cette “vache qui pète le feu” a parcouru le web dans tous les sens, pour appuyer un argument écologiste majeur de notre époque: les vaches sont un danger pour notre terre, produisant du méthane par millions de litres… il faut arrêter cette gabegie …
Bon, déjà, on va laisser parler le vétérinaire qui tient ce blog, le méthane ne provient pas (ou si peu) de l’intestin des bovins, mais de leur éructation en cours de rumination. En effet, environ 80 à 95% du méthane est généré dans le rumen par des micro-organismes (archées méthanogènes) qui fermentent la matière organique ingérée. Une plus petite proportion, environ 5 à 20%, est produite dans le gros intestin (dont le rectum) par la fermentation microbienne. Ce méthane est principalement expulsé par voie orale lors des éructations (rots), tandis qu’une moindre partie est émise sous forme de flatulences (pets).

Alors un certain nombre de labos ont flairé la bonne affaire: trouver un processus qui permettrait de diminuer la production de méthane lors de cette rumination, ce serait le jackpot, d’autant que les agriculteurs “civiques” pourraient en être subventionnés grâce aux “bonus carbone” imaginés pour cela …
Des produits sont sortis, les premiers pays à les utiliser sont les scandinaves et le Canada. En tête, le Bovaer, à base d’algues rouges. Mais les ennuis s’accumulent: diarrhées, perte de production laitère… des cas de fausses couches et de décès de vaches ont également été signalés, la plupart étant liés à un inconfort, et les éleveurs ont indiqué que l’état des vaches s’était amélioré après l’arrêt de la supplémentation.
Le Danemark, la Norvège avaient imposé ces produits, ils viennent d’en interdire l’utilisation…
Se pose alors la question de la responsabilité des pays qui ont contraint les producteurs laitiers à utiliser ce produit. Si ces rapports sont exacts, le fabricant pourrait être poursuivi pour défaut de conception et, compte tenu des déclarations ci-dessus, pour d’éventuels défauts d’avertissement.
Les recherches actuelles vont dans plusieurs sens:
- Diverses huiles essentielles et extraits naturels (origan, thym, ail) montrent une diminution du méthane de 10 à 30%, en agissant notamment sur les microorganismes méthanogènes.
- Certains extraits végétaux, comme des tanins, saponines ou huiles essentielles, réduisent la méthanogénèse, avec des baisses allant de 0 à 50% selon les composés
- Remplacer certaines graminées par des légumineuses ou d’autres plantes peut diminuer la production de méthane jusqu’à 10%.
- L’optimisation de la gestion du troupeau et des pratiques de pâturage sont aussi des leviers pour réduire ces émissions.
