BVD bovine: les critères sérologiques et virologiques pour l’abattage des bovins malades.

Il existe actuellement une polémique concernant la surveillance du cheptel français, en particulier lorsque des élevages entiers sont condamnés à l’abattage, parfois dans des conditions dramatiques (la viande, elle, est consommable).

En France, la stratégie BVD actuelle repose surtout sur la vaccination des femelles reproductrices (génisses et vaches) avec des vaccins inactivés ou vivants atténués, et sur l’élimination rapide des IPI identifiés, mais l’abattage total du troupeau reste exceptionnel et encadré au cas par cas.​

Quels animaux sont vaccinés ?

La cible prioritaire de la vaccination BVD est le « bloc reproduction » : génisses avant mise à la reproduction et vaches reproductrices, afin de protéger le fœtus et éviter la naissance de veaux IPI. Les veaux peuvent être indirectement protégés via le colostrum enrichi en anticorps maternels lorsque les mères sont correctement vaccinées.​

Dans certains schémas, tout le troupeau peut être vacciné (laitier ou allaitant), mais la priorité règlementaire et économique reste la protection des femelles gestantes ou futures gestantes. Les taureaux ne sont généralement pas ciblés systématiquement, certains vaccins vivants étant même déconseillés chez les reproducteurs mâles.​

Types de vaccins utilisés

Deux grandes catégories sont utilisées : vaccins inactivés (par ex. Bovilis BVD) et vaccins vivants modifiés/atténués (par ex. Bovela, Rispoval BVD). Les inactivés sont surtout utilisés pour l’immunisation des vaches et génisses contre l’infection transplacentaire, avec primo-vaccination en 2 injections et rappels avant chaque gestation.​

Les vaccins vivants atténués protègent également contre la naissance de veaux IPI pour certains (Bovela), avec souvent une primovaccination en une seule injection et rappel annuel, mais avec des restrictions d’emploi (gestation, taureaux). Le choix du type de vaccin et du protocole se fait avec le vétérinaire sanitaire, en tenant compte du statut BVD du troupeau, des mouvements d’animaux et des autres prophylaxies.​

Critères d’élimination des animaux

Dans le cadre du plan national, tout bovin viropositif (porteur de virus sur cartilage auriculaire ou autre test virologique) est considéré comme IPI tant qu’il n’a pas été recontrôlé négatif, et ne peut sortir que pour l’abattoir en transport direct. En l’absence de recontrôle négatif, l’animal porteur du virus doit être euthanasié ou abattu dans un délai maximal de 15 jours.​

Les élevages infectés sont soumis à un programme d’assainissement comprenant le dépistage de tous les animaux sans statut BVD et l’élimination systématique de tous les IPI identifiés, jusqu’à disparition de la circulation virale et obtention d’un statut « indemne ». Des mesures renforcées de gestion des introductions (test virologique obligatoire des animaux introduits) complètent ce dispositif pour éviter la recontamination.​

Quand parle‑t‑on d’abattage total du troupeau ?

Contrairement à la tuberculose, pour laquelle l’abattage total reste la règle dans les foyers confirmés, l’éradication de la BVD en France repose sur l’abattage sélectif des IPI et non sur l’abattage complet du troupeau. Le plan BVD prévoit un dépistage généralisé, puis l’assainissement par élimination des seuls bovins porteurs de virus ; un troupeau est dit infecté dès qu’une circulation virale ou un porteur est mis en évidence, mais la mesure associée est l’élimination des IPI, pas la réforme globale.​

Un abattage de la totalité du cheptel pour BVD ne fait pas partie des mesures standard prévues par l’arrêté ministériel BVD et, si une telle décision était discutée, elle relèverait d’une appréciation exceptionnelle par la DDPP/Préfecture (par exemple impossibilité pratique d’assainir, non‑respect répété des mesures, ou cumuls d’enjeux sanitaires) en concertation avec le vétérinaire sanitaire et le GDS. Dans la pratique de terrain, l’objectif affiché à l’horizon 2030 est l’éradication par surveillance, dépistage auriculaire systématique des veaux, gestion stricte des introductions et abattage rapide des IPI, tout en maintenant les troupeaux en production.​

Vocabulaire: qu’est ce qu’un IPI ?

Un IPI (Infecté Permanent Immunotolérant) est un bovin infecté à vie par le virus BVD, né d’une mère contaminée entre le 30e et le 125e jour de gestation, tolérant le virus sans développer d’anticorps protecteurs et l’excrétant continuellement de la naissance jusqu’à la mort, agissant comme une “bombe à virus”.​

cette pince permet à la fois de prélever un échantillon de cartilage, et de boucler l’animal avec son identification.

Le statut IPI est confirmé par un test virologique positif (antigène sur cartilage auriculaire ou sang) non infirmé après recontrôle à au moins 21-30 jours d’intervalle (pour exclure une virémie transitoire), selon les protocoles GDS et l’arrêté ministériel du 31 juillet 2019. Un bovin est qualifié “non IPI” par un test négatif initial, statut valable à vie si aucun doute persiste.​

La viropositivité des IPI est permanente et incurable : l’animal excrète le virus toute sa vie (jusqu’à la plupart du temps avant 2-3 ans, souvent par maladie des muqueuses), sans limite d’âge pour le statut. Opérationnellement, tout IPI identifié doit être éliminé (euthanasie ou abattoir direct) sous 15 jours maximum suivant la confirmation, sous peine de mesures renforcées par les services vétérinaires (DDPP).​

Le test virologique pour dépister les IPI dans le cadre de la BVD repose sur un prélèvement de biopsie auriculaire (car cartilage ou peau de l’oreille) suivi d’une analyse par PCR en temps réel ou par détection d’antigènes viraux. Ce prélèvement est préféré pour sa simplicité et la fiabilité qu’il offre en dépistant le matériel génétique (ARN viral) directement sur l’animal vivant, souvent dès l’âge de plus de 6 mois.​

Le protocole standard pour confirmer un statut IPI comprend un test positif suivi d’un second prélèvement environ 2 à 3 semaines plus tard pour confirmation, afin d’écarter la possibilité d’une infection virémique transitoire.​

Pour la PCR virologique, les prélèvements peuvent également porter sur le sang ou le lait, mais la biopsie auriculaire est la méthode la plus couramment utilisée dans les campagnes de dépistage massives, notamment à la naissance par bouclage auriculaire

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admin1402

Vétérinaire à Toulouse, je gère bénévolement ce blog suite à l'arrêt de parution du journal "paper" Effervesciences" survenue durant la crise covid. Désormais, les infos sont en ligne, gratuietement.