Depuis les organismes les plus archaïques, les molécules chargées de la communication sont présentes dans l’être vivant avant même toute apparition des appareils: la molécule crée le récepteur, le récepteur crée la fonction, la fonction crée l’organe. Et si ça marche, l’Evolution avalise le tout et ça reste dans le génôme…
Hormones et neurotransmetteurs devancent la formation des systèmes endocrines, immunitaires et nerveux. On trouve déja chez les protozoaires les molécules annonciatrices des endorphines, de l’insuline et de l’ACTH, et qui agissent déjà à distance sur d’autres cellules qui en possèdent les récepteurs.
Chez les premiers métazoaires, une spécialisation s’opère: un tissu nerveux (ectoderme) et digestif (endoderme) sont en contact direct avec le monde extérieur, et on voit déja apparaître les premiers “vrais” neurotransmetteurs: dopamine, acétylcholoine, sérotonine, sont déja au rendez-vous pour en activer à bon escient tout l’organisme. Le système nerveux est d’abord neuro-endocrine, les substances sécrétées pouvant agir au voisinage immédiat (synapses), ou bien à distance dans tout l’organisme (rôle hormonal).
Lorsque une nouvelle molécule apparaît, c’est dans le système nerveux (ganglions céphaliques des vers, puis des mollusques), et ce n’est que plus tard que se constituent des glandes endocrines souvent issues du tissu nerveux.
Un même peptide peut agir selon l’évolution selon plusieurs modalités, ou bien subsister au sein d’une même espèce: on voit apparaître des familles (les opioïdes, les cortines) qui peuvent jouer des rôles de messagers nerveux dans le cerveau, mais également endocrines dans l’hypophyse, ou encore paracrines dans les systèmes reproducteurs ou digestifs.
Parallèlement, des types de cellules, comme le pinéalocyte, peuvent au cours de l’Evolution, perdre des fonctions nerveuses (photoréception du “troisième oeil”) pour intégrer une glande endocrine (épiphyse).
La Nature est très économe, et avec un minimum de molécules de petite taille, les peptides, elle s’est constituée toute une panoplie d’instruments performants à qui il ne manque que les récepteurs adéquats. Ainsi, chez les poissons, la prolactine ne sert pas à réguler la lactation d’un saumon … Mais elle sera indispensable à son équilibre hydro-minéral pour résister à des facteurs de stress, et l’on découvrira par hasard qu’il en est de même chez l’homme …
Il en est d’ailleurs de même pour les molécules de défense des végétaux: on en retrouve des récepteurs chez l’Homme, la base du succès de la phytothérapie …
Robert Velay