Ce virus ravageur nous montre à quel point on s’est laissé aller à la facilité dans nos approvisionnements essentiels…
Il y a eu des précédents avec les guerres mondiales, au cours desquelles l’essentiel des ressources était destiné aux armées. Aux civils de se débrouiller pour développer un jardin familial à la bonne saison, et à engranger des conserves pour l’hiver …
C’est après 1945 que s’est mis en route un système productiviste, avec des normes importées d’Amérique, avec des matériels et des nouveaux produits agro-alimentaires du même tabac.
Là où autour de nos villes s’étendaient des zones importantes de maraîchage, des petits producteurs de fruits, de volailles ou de cochons, on a commencé à constater le mitage de ces zones pour accueillir de nouveaux habitants devenus banlieusards. Avec des “pavillons” bien alignées, le garage de coté pour l’automobile indispensable, et surtout une pelouse nickel dont l’entretien tenait lieu de médaille pour le maître des lieux.
Ainsi, exit les maraîchers, exit les petits producteurs qu’on pressurait de taxes et surtout de normes sanitaires équivalentes à celles des grosses industries.
Les grosses industries de “l’agro-alimentaire”, toujours plus puissantes, avec des liens financiers croisés avec les industries chimiques et pharmaceutiques …
Une grande partie de l’alimentation de base (riz, blé, maïs, viandes) provenait de pays lointains où les habitants en “suant sous le burnou” s’exécutaient pour produire plutôt que de cultiver des productions locales à usage local…
Mais la population mondiale, à partir de 7 milliards d’individus, a vu ces pays en forte densité de population, par exemple le Vietnam, réaménager leurs production pour satisfaire une classe moyenne désormais solvable, plus solvable même que les européens. C’est ainsi que les matières premières agricoles ont pris une grosse claque, entrainant la misère dans des pays très dépendants des importations.
Les alertes ont été le fait des écolos, qui ont mis le doigt sur l’immense gâchis du transport et des pertes tout au long de la distribution de ces produits. 30% de pertes? 50% ?
On en était conscients, mais c’était si facile, d’aller chez son épicier du coin pour y acheter bananes, mangues, crevettes de Madagascar, jusqu’à des eaux minérales du Groenland !
Et le virus nous est tombé dessus ! Adieu mangues et bananes … Là, c’est pas grave. Mais on se fait du souci pour la récolte de nos propres producteurs, puisque nous voilà confinés, avec du shimmy pour se déplacer, avec les marchés interdits et les queues compliquées dans les supermarchés.
Bon, OK, on va s’en sortir.
Le système médical aura vacillé, il ne tardera pas à reprendre toutes ses prérogatives. Avec bien sûr un vaccin cette fois ci obligatoire pour tous.
Economiquement, rien ne sera comme avant. Et on donnera des valeurs différentes à bien des choses.
Il sera temps de ranger pour de bon la tondeuse à gazon et de mettre en route un verger / potager capable de produire pour toute la maisonnée. Un blog que je suivais il y a deux ans montrait que 50 m2 produisaient (avec le boulot correspondant) environ 5000 euros de fruits et légumes, au prix de l’époque, qui ont largement monté de 30% depuis deux ans.
Et ces productions, on peut les garder par conservation ou par fermentation, Je me souviens de bouteilles de lait remplies de tomates dans la cave à vin de mes parents. Certaines fermentaient un peu forts et déversaient leur contenu … tant pis, on se régalait tout l’hiver sans se poser de question.
Donc tout va changer.
Je n’ai pas de jardin, mais mes priorités seront bien sûr pour les productions locales, si celles-ci ne sont pas baillonnées par des normes imbéciles comme l’interdiction d’utiliser ses propres graines …
Jean-Yves Gauchet