Les gigantesques abattoirs industriels ont montré une de leurs faiblesses sur le plan sanitaire: ce sont des nids à Covid. Mais économiquement, et plus encore sur le plan éthique, ils constituent un non sens très critiquable. Or, on peut faire bien mieux, localement, sur le lieu d’élevage, comme c’est déjà d’usage en Suède.
Autrefois, le bétail “de bouche” était abattu dans des “tueries particulières”, en général tenues par un boucher, avec passage d’un inspecteur vétérinaire. Puis s’est mise en route une concentration très rapide des établissements, qui ont quitté le coeur des villes, pour devenir de véritables usines. Un exemple parfait de ratage extrêmement dispendieux: les abattoirs de La Villette, qui n’ont jamais fonctionné et qu’on a transformé en halle culturelle de bric et de broc…
L’idée de base de ces grands abattoirs: allier le rendement économique à la qualité sanitaire. Et pour cela, aller chercher les bovins par camions entiers dans toute l’Europe, sur des parcours parfois de 2000 km (cas de taurillons irlandais expédiés en Italie …).
Ces trajets sont exténuants pour le bétail qui perd au passage plus de 5% de son poids, et qui subit par le stress une acidose sanguine très préjudiciable pour la qualité future de la viande.
Un petit apparte concernant les abattages rituels: ces pratiques encadrées par des responsables religieux sont en contradiction avec les textes sacrés qui eux, exigent respect et repos pour les bêtes “sacrifiées”.
Dans le numéro 75 d’Effervesciences , nous avons déjà évoqué ce grave problème, avec la solution naturelle (les tranquillisants chimiques sont interdits 72 heures avant l’abattage) d’extraits végétaux (tilleul, lavande, etc) qui calment les animaux durant leur trajet et dans les files d’attentes en bout de chaîne.
Aux Amériques, il est courant de faire appel à des “slaughters” qui viennent directement au pré avec tout le matériel nécessaire, qui abattent sur place, récupèrent le sang et les abats, et emmènent les carcasses réfrigérées dans un centre de contrôle sanitaire. Zéro trajet pour l’animal, quasiment zéro stress (mugissements des autres bêtes, aiguillons électriques pour avancer dans la file).
En Europe, ces initiatives sont balbutiantes. Elles sont en cours de développement en Suède (habitat rural très dispersé) et en France, c’est à l’initiative d’une éleveuse de charolais, Emilie Janin, que les choses sont en train de bouger.
Pour résumer le projet, 3 camions vont se déplacer de ferme en ferme pour abattre les bovins.
Ces camions remplacent totalement un abattoir classique : un camion procède à l’abattage, un camion stocke les déchets et un camion stocke les carcasses.
Mais pour quoi faire?
Pour éviter au maximum le stress induit par le transport sur de très nombreux kilomètres et par la mise à mort dans des abattoirs aux cadences infernales. Ici, les animaux seront étourdis dans leur ferme. Le rythme prévu est de 5 animaux par heure.
Pour permettre une meilleure rémunération des éleveurs. Le BOEUF ETHIQUE va acheter les animaux aux éleveurs et va les revendre à différents intervenants. En éliminant de nombreux intermédiaires, LE BOEUF ETHIQUE va pouvoir acheter les animaux au prix juste, estimé à l’aide du coût de production calculé par INTERBEV (soit a priori, environ 1 euro/kg de carcasse de plus que le marché actuel).
Pour redonner de la confiance aux consommateurs. LE BOEUF ETHIQUE met en place une “charte de qualité” avec les éleveurs travaillant avec eux. Cette charte a pour but de s’assurer du respect du bien-être des bovins tout au long de leur vie ainsi que de la qualité des animaux.
Depuis quelques jours, LE BOEUF ETHIQUE a lancé une campagne de prêt participatif sur MiiMOSA : https://www.miimosa.com
En contribuant à l’appel de fond participatif du Boeuf Ethique, non seulement vous participerez à une petite révolution dans la filière de la viande et accessoirement vous ferez une bonne opération financière.
Thomas Delost, docteur vétérinaire
Jean-Yves Gauchet, docteur vétérinaire
Bernadette Brésard, docteur vétérinaire