En Australie, un safari pour tuer des millions de souris.

Dans ce continent pour beaucoup désertique, les européens ont apporté des animaux qu’ils pas voulu ou su encadrer : lapins, dromadaires, crapauds buffles, et jusqu’aux chats, prédateurs des petites faunes. Maintenant, l’espèce à éliminer est celle des souris.

Depuis le XVIIIe siècle, plusieurs espèces animales ont été introduites par inadvertance ou par intérêt économique, affectant et, dans de nombreux cas, dévastant l’écosystème du continent.

Certaines ont été introduits dans le but de neutraliser d’autres espèces nuisibles désignées, l’exemple le plus calamiteux étant celui du crapaud buffle. Introduit par les agronomes du Bureau of Sugar Experiment Stations en 1935, la cible du crapaud était les scarabées dont les larves se nourrissant de racines, notamment dans les cultures de canne à sucre. Très mauvaise pioche ! Le crapaud préféra d’autres sources de nourriture et s’attaqua à d’autres espèces indigène, tout en se multipliant. On est passé d’une invasion à une autre.

On pense que l’humble souris domestique est arrivée avec la première flotte britannique en 1788. Sa population a graduellement augmenté, d’abord avec le développement agricole du continent, puis pour des raisons climatiques. C’est désormais un problème économique majeur.

Les populations de souris ont récemment grimpé en flèche, notamment en Nouvelle-Galles du Sud et dans le sud du Queensland, en raison des pluies torrentielles. Les cultures ont été attaquées et les réserves de nourriture pour animaux contaminées. Il y a eu des cas d’infection, notamment de leptospirose.

Cultures déjà asséchées, mais en plus ravagées par les petits rongeurs…

La solution toute trouvée, comme toujours pour chaque ravageur, est l’extermination de masse. Le vice-Premier ministre australien Michael McCormack a exprimé l’opinion largement répandue selon laquelle “La seule bonne souris est une souris morte”. Les chercheurs se mettent en route pour une solution « scientifique ».d’autant que la dotation gouvernementale pour trouver cette solution s’élève à 50 millions de dollars australiens.

La technologie choisie promet d’induire l’infertilité : Cette forme d’extermination est propre, évite de tuer d’autres espèces en cours de route et convient bien aux biocontrôleurs. “Nous l’avons déjà modélisé”, déclare Paul Thomas de l’Université d’Adélaïde, “et cela devrait entraîner une chute de la population au fil du temps.” Thomas se réjouit également de l’approche « X-shredder », qui consiste à cibler le porteur du chromosome X, à savoir le sperme des souris.

Mais devant l’urgence, on en revient à la bonne méthode traditionnelle : le poison.

En l’occurence la bromadiolone, un anticoagulant qui provoque des hémorragies internes et le décès en quelques jours.

“Contrairement à d’autres poisons pour rats, qui nécessitent plusieurs jours d’alimentation par un animal, la bromadiolone peut être mortelle après une journée d’alimentation.”

Mais tuer des souris avec un tel poison en fait circuler le danger dans la chaîne alimentaire, mettant en danger leurs prédateurs.

Peter Brown, qui dirige l’équipe de recherche sur la gestion des rongeurs à l’Organisation de recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (CSIRO), note que «les anticoagulants peuvent s’accumuler tout au long de la chaîne alimentaire, et ainsi les oiseaux de proie ou d’autres animaux peuvent se nourrir de souris mortes. et ils pourraient potentiellement recevoir eux-mêmes une dose mortelle par empoisonnement secondaire. »

Des preuves de la mort d’oiseaux résultant de l’ingestion d’appâts empoisonnés ont déjà été trouvées dans le centre-ouest de la Nouvelle-Galles du Sud. Et c’est en relation avec le phosphure de zinc réputé moins toxique et couramment utilisé. Kelly Lacey, bénévole pour les services d’information, de sauvetage et d’éducation sur la faune de NSW (WIRES), a trouvé 100 galahs morts dans un cimetière de Parkes à la fin du mois dernier. C’était particulièrement exaspérant pour elle, étant donné qu’elle avait été impliquée dans la réhabilitation et la libération d’un bon nombre d’oiseaux dans la région.

Des empoisonnements d’appâts d’animaux domestiques et d’animaux de travail ont également été enregistrés. Peter Best, un vétérinaire basé à South Tamworth, a estimé qu’une admission sur 15 dans sa pratique concernait des animaux empoisonnés.

Source : South front