On connait la notion d’eau virtuelle : c’est la valeur en eau d’un produit, c’est à dire la quantité d’eau qu’il a fallu consommer pour le fabriquer. La nuit virtuelle, c’est la quantité de temps d’activité nocturne dévolue à une prestation dans notre monde globalisé.
Les lecteurs d’Effervesciences sont bien au fait de la notion d’eau virtuelle : c’est la valeur en eau d’un produit, c’est à dire la quantité d’eau qu’il a fallu consommer pour le fabriquer. Par exemple la viande bœuf aura demandé 15 000 litres d’eau pour un kilo, pour « seulement » 5000 litres pour le porc et 4 000 pour les volailles. Un kilo de café torréifié aura coûté 20 000 litres d’eau. Et cela permet de glisser des critères d’environnement dans des chiffres purement économiques.
Quel rapport avec la nuit ?
Nous vivons actuellement dans un monde global où par le biais d’internet, il existe à tout moment un besoin dans une zone à une heure donnée, qui pourra être satisfait par une autre personne « quelque part » sur Terre. L’exigence de disponibilité à toute heure du jour et de la nuit signifie l’effacement du temps diurne et aussi des distances.
La compétition économique est sévère, les pays « à l’autre bout de la planète » proposent des prestations sans contraintes ni sociales ne fiscales, et toute une partie de notre économie se joue désormais à distance, en temps réel, permettant de fournir soit des prestations immédiates (veille téléphonique), soit des activités normalement dévolues au lendemain (ex : gestion des courriers de consommateurs), et ceci au détriment social des employés qui dorment pendant ce temps …
On ne sait plus si c’est la nuit française qui s’est transportée au Vietnam ou si c’est le jour vietnamien qui vient s’imposer chez nous. D’où cette notion de nuit virtuelle.
Mais un nouveau phénomène se met désormais en place : beaucoup d’employés mal rémunérés en Europe, et surtout aux USA, sont volontaires pour faire ce boulot dévolu à une nuit virtuelle … mais pendant leur nuit réelle : arrivés chez eux en fin de journée, ils se mettent devant l’ordinateur jusqu’à des 2/3 heures pour faire les mêmes prestations, payées au tarif de la nuit virtuelle, quelques centimes par tâche. La nuit virtuelle s’est effacée, c’est une diurnisation tragique (voir effets sur la santé) de la nuit…
Angelina Viva