Les bonbonnes de ce gaz consommé pour ses effets psychotropes sont jetées aux ordures et provoquent des dégâts considérables dans les incinérateurs, notamment dans les Hauts-de-France.
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Le gaz hilarant ne fait pas du tout rire les usines d’incinération de déchets. Depuis le début des années 2020, les producteurs de protoxyde d’azote mettent sur le marché des bonbonnes de plus en plus grosses. Certaines atteignent la taille d’un extincteur.
Si des restaurateurs en utilisent dans les siphons à crème Chantilly, par exemple, ou encore pour créer des textures originales, elles sont surtout consommées pour leurs effets psychotropes, un fléau sanitaire. Et ensuite ? « Usagées, elles se retrouvent dans les camions de vingt-cinq tonnes qui déversent directement dans notre grande fosse en béton. Impossible d’ouvrir les sacs et de trier en amont », explique Ingrid Lepron, responsable d’un site de valorisation énergétique à Saint-Saulve, près de Valenciennes (Nord).
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Problème, elles atterrissent ensuite dans les fours de cette usine d’incinération chauffés entre 1 000 °C et 1 200 °C, ce qui provoque une dilatation des gaz résiduels et l’explosion des bonbonnes. « On doit alors arrêter le four, ce qui prend jusqu’à deux jours. Les dégâts peuvent nécessiter ensuite l’intervention de sociétés spécialisées, avec des alpinistes qui sécurisent le four – il fait dix-sept mètres de haut – avant que les réparations soient faites », explique Mme Lepron. Il faut souvent changer des grilles de four endommagées. Parfois, le béton réfractaire est touché, des portes sont soufflées ; les dégâts peuvent être considérables.