L’hormèse (ou hormésis), cette fabuleuse capacité de l’organisme à l’auto-guérison (1)

Jusqu’où pousser le stress pour fortifier l’organisme?

Série de trois articles:

Premier article , l’hormésis, qu’est ce que c’est ?

Schéma bodyssime.com

Le phénomène est connu depuis des siècles: des agressions de faible intensité (chaleur, froid, douleur, jeûne, dessication, etc …) peuvent provoquer des effets bénéfiques sur notre organisme, en induisant une réaction de surcompensation après une phase de déséquilibre.

Des études récentes sur les végétaux, les drosophiles ou les rongeurs viennent corroborer les observations séculaires nous concernant. Mais ces effets seront très différents selon l’intensité, la durée du stress provoqué, ainsi que selon l’âge du sujet.

S’il fallait résumer cet article en une phrase, on pourrait reprendre l’aphorisme de Paracelse: “tout est poison rien n’est poison, c’est la dose qui fait le poison”.

Mais il faudrait en rectifier “la dose” par “le dosage”, qui prend en compte la quantité, mais aussi la cadence, la durée, et le contexte biologique de l’observation (heure, saison, âge et constitution du sujet, etc …).

Et tenter de comprendre s’il s’agit là d’une loi générale en biologie qui s’applique forcément suite à un stress, une agression de faible intensité, ou s’il y a plusieurs types de compensations, qu’il faut alors déceler, isoler, et étudier séparément … Nous évaluerons dans cette optique les caractéristiques particulières de l’hormésis proprement dit, de la mithridatisation, de la vaccination, de la désensibilisation, et bien sûr de l’homéopathie …

Mithridate, le mythique intoxiqué volontaire.

Son histoire (légende?) est dans tous les livres de sciences: ce monarque s’installe sur le trône en jetant sa mère en prison, et en écartant son frère, puis en chassant de leurs terres tous les roitelets installés autour de la Mer Noire. Autant dire qu’il comptait bien des ennemis; il acquiert alors une connaissance impressionnante sur les poisons, et il adopte pour lui-même une méthode de protection qui consiste à ingérer des doses de poison faibles, mais toujours plus importantes, afin d’acquérir une protection biologique (mais pas une immunisation, voir plus loin!) contre ces diverses substances. A tel point que vaincu par son propre fils Pharnace, il ne peut s’empoisonner et se fait trucider par un esclave galate …

Cette belle légende a été éprouvée en Italie et en France, dans les cours papales et monarchiques des XVémes et XVIémes siècle. Avec un succès tout relatif, quand on compte le nombre de décès inopinés dans les grandes familles de cette époque …

Cette “mithridatisation” est donc une sub-intoxication, réalisée approximativement avec des substances très actives et dangereuses dont on veut se prémunir. Si elle est réalisée maladroitement, le sujet a toutes les chances de s’intoxiquer pour de vrai, avant même de profiter d’une quelconque protection.

Quand la variolisation devient vaccination.

La variole a été des siècles durant une maladie redoutable, très contagieuse, avec un taux de mortalité de 20 à 30%.. Ramsès V, tout comme des rois incas ou des empereurs de Chine, tout comme notre Louis XV national, sont décédés de la variole.

Mais on savait, grâce à des pratiques nées en Chine, installer une certaine protection aux individus par l’inoculation d’un “matériau varioleux”conservé plus d’un an, issu de pustules d’un malade de l’année précédente. On avait noté que les “variolisés”étaient moins touchés, bénéficiaient d’un réel bonus de survie lors d’épidémies.

A contrario, il y avait “de la perte”, soit quelques pour cent de mortalité due au traitement … et ce d’autant plus que des médecins avaient modifié la méthode d’inoculation, remplaçant l’aiguillon traditionnel des “variolateurs” par une lancette moderne … qui traversait l’épiderme: le virus n’était plus arrêté par l’épiderme (cellules de Langerhans), mais passait directement dans le derme, et par là dans tout l’organisme … la mort au bout de la lancette …

NB: comme la médecine parfois bégaie: la plupart des vaccins actuels sont injectés par voie sous-cutanée ou intra-musculaire. Avec le effets secondaires qu’on connaît. On sait actuellement que la voie intradermo (celle de la variolisation) est bien plus efficace avec moins d’effets secondaires. Oui mais … encore faut-il savoir réaliser des injections intradermo !

Le nouveau BCG, prévu pour être inoculé en intradermo, restera dans ses frigos: les pédiatres ont majoritairement décliné cet acte qu’ils n’ont pas appris en faculté …

Le britannique Daniel Sutton se fait reconnaître mondialement comme expert en variolisation, et installe des centres d’inoculation jusqu’en Amérique. Il amasse une fortune considérable.

Mais parallèlement, de nombreuses observations de gens habitant la campagne permettaient de constater que le paysans qui trayaient les vaches échappaient le plus souvent à la variole. On les disait atteints de la vaccine, une maladie cutanée transmise par les vaches.

C’est Jenner qui ramasse la médaille, en établissant un protocole simple et efficace, sans véritables effets secondaires: en inoculant un stress de faible intensité (la vaccine), il entraînait une réaction de protection contre une maladie grave, la variole.

Ironie de l’histoire et du vocabulaire médical, on appelle vaccin (autologue) un procédé qui est calqué sur la variolisation et non pas de la vaccination de Jenner …

Désensibilisation à doses croissantes.

Souvent appellées “allergies”, les hypersensibilités à des protéines exogènes peuvent être soignées par des prises régulières et croissantes de la même substance qui provoque les symptômes, que ce soit par injection ou par voie sublinguale. Un travail d’équilibriste, car on utilise précisément, à doses infimes pour commencer, la cause de la maladie. D’où ce vocable de “vaccination anti-allergique”.

Auto et isothérapies.

Il s’agit toujours de soigner “le mal par le mal”, en choisissant chez le malade lui-même l’élément perturbateur (une bactérie, un virus, un parasite) pour réaliser un vaccin curatif (pour le sujet lui-même), ou préventif (très efficace en médecine vétérinaire, par exemple pour débarrasser un élevage de mammites chroniques).

Mais l’élément perturbateur peut être recueilli dans un liquide biologique du malade (sang, urine) et être réinjecté tel quel avec ou sans traitement modulateur. C’est le cas de l’auto-hémothérapie où le sang réinjecté est traité aux UV pour atténuer les virus avant la réinjection.

Similia similibus curentur.

Cette utilisation d’un perturbateur à très faible dose, c’est également la méthode instaurée par Hannemann, l’homéopathie . Avec le respect de ce principe de similitude selon lequel un patient devrait être traité au moyen d’une substance produisant expérimentalement chez une personne saine des symptômes semblables à ceux présentés par la personne affectée. Ces substances choisies (les remèdes) étant administrées à doses pondérales non toxiques (dilutions au dixième: 3 DH, 4 DH, etc …) ou en hautes dilutions, le “manque de matière” étant alors rééquilibré par la dynamisation. Aux basses dilutions, on attend un effet “pro-remède”de protection (définition de l’hormesis), alors qu’aux hautes dilutions, on attend un effet anti-remède, sur des bases physiques non encore élucidées.

A venir, deux autres articles très bientôt dans ce blog:

1- l’hormésis, comment ça marche ?

2- Perspectives en terme de santé