En apithérapie (soins avec les produits de la ruche …), les actions de soin les plus puissantes sont obtenues avec le venin d’abeille, qui contient selon la saison, l’essaim, le type d’abeille, des molécules très actives et même dans certaines conditions, extrêmement dangereuses.
Le miel, avec les différents produits de la ruche, ont de tous temps constitué une panoplie thérapeutique pour l’homme, à la fois comme excellent complément alimentaire, mais également comme pansement, comme désinfectant buccal et respiratoire. De nombreux textes grecs ou égyptiens en décrivent l’utilisation, pour soigner comme pour embaumer les morts .
Le Coran fait une place importante à ces pratiques, et l’apithérapie représente un socle thérapeutique important dans des pays comme l’Iran (http://www.apitherapy.ir), avec une connotation religieuse qui en renforce l’utilisation.
Mais les actions de soin les plus puissantes sont obtenues avec le venin d’abeille, qui contient selon la saison, l’essaim, le type d’abeille, des molécules très actives et même dans certaines conditions, extrèmement dangereuses.
Deux molécules ont été extraites, la mélittine et l’adolapine, qui stimulent fortement la production de cortisol, comme l’ACTH. On comprend alors que ce venin soit utilisé comme anti-inflammatoire.
Plus récemment, des chercheurs anglais ont extrait et étudié un nouvel élément très actif, l’apamine, qui agit sur les canaux membranaires des neurones avec un effet toxique (convulsions, paralysie respiratoire), mais qui a très faible dose, semble améliorer l’apprentissage et la mémorisation. La dose, encore la dose, toujours la dose ! Voici une piste intéressante pour relancer des capacités cognitives, mais les soins actuels de l’apithérapie sont appliqués dans d’autres domaines.
Prenons cette américaine, Claudia Naccarato, qu’on peut voir sur cette photo en train d’appliquer un glaçon sur son bras après s’être administrée une piqure de venin : elle élève elle-même ses abeilles, elle a appris tous ces grstes auprès de puissantes associations de malades.
Sa maladie est auto-immune (sclérose multiple) et cela fait quinze ans maintenant qu’elle se fait ce traitement en solitaire, avec des doses régulièrement décroissantes ( actuellement, 3 piqures par semaines …).
L’apithérapie est développée dans le monde entier , mais particulièrement en Nouvelle zélande, en Asie, en Iran, dans les pays de l’Est, et aux Etats-Unis.
En effet, c’est l’américain Charles Mratz, lui-même apiculteur, qui a transformé une technique médicale sur le déclin (difficultés d’approvisionnement, études scientifiques peu convaincantes), en un courant thérapeutique populaire qui se développe en parallèle du système médical.
Les « apiphiles » ont leurs sites internet, leurs forums, leurs bourses d’échange pour se procurer des abeilles ou des venins plus ou moins dilués ou purifiés.
Pour les puristes … ou les pouvoirs publics, il manque de preuves scientifiques pour valider les différentes techniques de cette apithérapie. Ce sont essentiellement des témoignages de succès thérapeutiques , de soulagements pour des affections où la médecine académique était vaine. Les biologistes ont , tout au plus, identifié les substances actives, comme la melittine, qui à l’injection serait 100 fois plus puissante que l’hydrocortisone.
Ce qui, immédiatement, retient le patient potentiel, c’est le risque d’allergie au venin : ce risque est réel, mais il ne s’attache qu’à 2% des personnes. On peut se prémunir contre de graves accidents, en effectuant un test d’allergie en milieu médical, puis un second test avec du « vrai » venin, et non pas un soluté destiné aux diagnostics. Et enfin, pour ceux qui se lancent, d’avoir toujours avec eux un auto-injecteur d’épinéphrine ( Epipen, ou Twinject).
Le venin est administré traditionellement en plaçant ( photo supérieure) une abeille coincée entre les branches d’une pince, soit en regard de la zone douloureuse ( on peut considérer que c’est une technique particulière de mésothérapie), soit sur des points d’acupuncture réputés pour diriger les actions dans le secteur à traiter. Il faut savoir que l’abeille ne survit pas à cette piqure, puisque le dard, lorsqu’il est implanté, provoque l’expulsion par l’abdomen de toute sa partie caudale, avec la mort qui s’ensuit.
Lorsqu’on extrait par pression le venin sans planter le dard, l’abeille survit et peut produire en quelques mois plusieurs doses de venin. Cette récolte donne lieu à des préparations injectables plus ou moins diluée, qui sont alors partagées dans le cadre de groupes de soins ou d’associations de malades.
Des protocoles très variés
Pour des affections locales et récentes, les protocoles se résument en une séances test de sensibilisation, puis trois séances de deux à cinq injections.
Dans le cas, le plus fréquent, de maladies inflammatoires à long cours (sclérose en plaque), la « posologie » (guillemets car rien n’est codifié, on est dans le domaine des conseils de parrainage ou du ressenti personnel …), est de un à deux traitement par semaine, lequel comprend 20 à 30 piqures !
Les patients tiennent généralement à jour un cahier journalier qui décrit précisément chaque séance ( origine du venin, nombre de piqures, localisation) et les effets ressentis. Ces carnets peuvent être compulsés et comparés par les malades entre eux, afin de faire évoluer les protocoles.
De par le monde existent de nombreuses formulations galéniques ( pommades, lotions, pastilles, ampoules injectables, remèdes homéopathiques) contenant du venin d’abeilles, dans un cadre fluctuant de législations de plus en plus contraignantes.
Petit aparté de connivence: vous pouvez, oui, vous… être votre propre apithérapeute: recevoir chez vous (clé USB) trente heures de conférences (audio + documents projetés sur écran) d’apithérapie dispensées par les meilleurs praticiens lors des Universités d’été des Biosciences à Toulouse.
Venez ici jeter un coup d’oeil …
Les applications : essentiellement anti-inflammatoires
Ce n’est pas étonnant, l’apithérapie est prisée essentiellement dans le milieu de l’apiculture , chez les proches qui n’ont pas peur « de la piqure », mais de plus en plus chez des malades laissés pour compte, avec des maladies douloureuses et invalidantes : les quelques piqures du traitement constituent un épiphénomène, devant le soulagement qu’elles procurent quelques heures plus tard. Mais , comme une injection de corticoïdes, l’apithérapie ne résout pas le problème de base, et le traitement doit reprendre. A une différence près : les traitements corticoïdes de substitution voient généralement leurs effets diminuer avec le temps ( et les effets secondaires s’amplifier), alors que l’apithérapie, qui sollicite la production interne de cortisol, agit de mieux en mieux ou à plus faibles doses.
Les affections traitées sont rhumatismales (arthrites et maladies rhumatoïdes), immunitaires ( sclérose en plaque, asthme et allergies ), ou dégénératives ( Parkinson).
En fait, quasiment toutes les indications des corticoïdes seraient justiciables du venin d’abeille. En fait, toutes celles … qui sont devenues inefficaces …
On note d’ailleurs que les résultats de ces malades soignés au venin interpellent certains neurologues ou rhumatologues qui, à défaut de prendre les affaires en main, font au moins passer le message et aiguillent leurs cas très délicats vers ces réseaux informels de soins.
Info: La Dépêche du Midi