L’hydrogène natif …l’oublié.

On l’avait oublié … parce qu’on ne l’avait pas cherché ….

Le pétrole classique est derrière nous, et la curiosité nous a poussé vers des hydrocarbures « exotiques », aux origines organiques prouvées (nos pétroles et gaz de schiste, bingo, il y en a partout, mais attention à la dégringolade …), aux gaz légers comme le méthane (il y en a partout, dans le permafrost ou sous les océans, mais on ne sait pas l’exploiter), et puis on re-découvre maintenant les potentialités gigantesques d’une production continue d’hydrogène dans des sous-sols sur tous les continents.

Dans le numéro 86 d’Effervesciences, deux interlocuteurs faisaient le point sur cette théorie du « pétrole abiotique », c’est à dire sur l’éventualité d’une production d’hydrocarbures au sein du sous-sol, non pas suite au chauffage sous pression de sédiments organiques en profondeur (théorie généralement admise), mais soit par accumulation « historique » de méthane d’origine cosmique (toutes les planètes ont eu, ou bien ont encore leur part d’hydrocarbures légers), soit par production continue d’hydrogène ou de méthane par réduction de l’eau..

Les « pétroles lourds » sont bien d’origine organique, comme la houille …

Mais au niveau du méthane CH4 et encore mieux de l’hydrogène, il y a bien d’autres possibilités qu’on a bien négligées pendant une centaine d’années, tant le pétrole était abondant … pourquoi se casser la tête et imaginer des théories compliquées puisque pratiquement, nous sommes servis ?

Oui, mais nous sommes en 2020,

Le pétrole classique est derrière nous, et la curiosité nous a poussé vers des hydrocarbures « exotiques », aux origines organiques prouvées (nos pétroles et gaz de schiste, bingo, il y en a partout, mais attention à la dégringolade…), aux gaz légers comme le méthane (il y en a partout, dans le permafrost ou sous les océans, mais on ne sait pas l’exploiter), et puis on re-découvre maintenant les potentialités gigantesques d’une production continue d’hydrogène dans des sous-sols sur tous les continents.

Depuis l’incendie du Zeppelin Hindenbourg en 1937, l’hydrogène a été considéré comme un carburant maudit, fugitif, instable.

A tel point que le gaz de ville qu’on produisait alors (les fameux gazomètres), composé de 96% d’hydrogène, fut alors rebaptisé « gaz à l’eau », ça passait mieux dans les esprits.

Seules certaines industries, et les énormes lanceurs spaciaux, ont continué d’utiliser l’hydrogène.

Pourtant, certains s’accrochaient et développaient des projets tous azimuths : voitures à hydrogène, stockage d’énergie au pied de centrales solaires ou d’éoliennes qui produisent le plus souvent à contre-temps des besoins, recherches sur des composés plus sûrs et plus pratiques comme les hydrures … Surtout qu’en brûlant, l’hydrogène ne produit que de l’eau, et zéro CO2 … A une époque où le carbone, c’est l’ennemi, il y a désormais toute une filière technologique prête à embrayer si l’hydrogène vient à nous .

Hé bien justement l’hydrogène, il n’y aurait qu’à se baisser pour le récolter …

Car si la production par l’homme d’hydrogène passe par l’hydrolyse de l’eau (qui demande une forte consommation énergétique), la Terre dans ses entrailles le réalise à grande échelle sans quasiment qu’on s’en rende compte, dans deux situations :

  • au fond des mers, le long des « dorsales médio-océaniques » (limites divergentes de deux plaques tectoniques, sièges d’un volcanisme permanent) où l’on observe ces colonnes appelées « fumeurs noirs » et « fumeurs blancs ». A ce niveau, une circulation hydrothermale met en contact, à haute température, l’eau de mer et les roches très réduites venant du plancher terrestre, les péridotites. Ces roches s’oxydent au contact de l’eau selon l’équation

2 Fe+ et 2 H+  >>  2 FE++ et H2.

Avec production d’hydrogène qui se perd dans l’eau, et de roches nouvelles comme la magnétite ou des minéraux magnésiens comme la serpentine, le talc et la brucite.

Mais cette productio a lieu  par 3000 m de fond, c’est pour l’instant inexploitable.

  • il existe des zones terrestres donc faciles d’accès, où de bonnes conditions physico-chimiques sont réunies. En particulier le centre des grands massifs terrestres de péridotite, où un contexte tectonique particulier expose les roches à l’action de l’eau. Ces zones sont appelées des cratons, elles sont parfaitement localisées.
Document IFREMER

On connaît par exemple le site historique du Mont Chimère, en Turquie où se consument en permanence des gaz, essentiellement de l’hydrogène.  En Russie, plusieurs emplacements ont été étudiés. Le plus connu est le forage de Zapoliarny, en presqu’ile de Kola : on a creusé là jusqu’à 12300 mêtres de profondeur, sons des pressions intenses, et les boues extraites étaient bouillonnantes, saturées d’hydrogène.

Deux chercheurs français, sous l’égide de l’IFP-Energies Nouvelles, sont allés collaborer au sud de Moscou avec l’équipe de Nikolai Larin. Dans une zone (voir photo) parsemée de dépressions (appelées « trous de sorcières ») correspondant à des effondrements de terrain après dégazage de l’hydrogène. Il ne s’agit pas de méthane lacustre, mais bien d’hydrogène pur qui bien plus bas.

Un calcul peut-être un peu rapide, avance la production de 40 000 m3 de gaz chaque jour … et tout ça part à la belle étoile …

Au Kansas (USA), un agriculteur a la chance de posséder à – 800 m un aquifère profond qui libère une eau gazeuse particulière (selon Eric Deville, IFP-NE, une sorte d’eau de Perrier, avec des bulles d’hydrogène.

Cette production en continu est une énergie renouvelable, pas facile à capter et à conserver, mais elle est abondante et universelle (voir carte).

Dans certains endroits, on sera tenté de l’obtenir en injectant de l’eau : le procédé pourra être couplé avec une exploitation géothermique.

Avec quelles conséquences environnementales ? Nous ne sommes qu’en phase un de ce far-west énergétique …

Robert Velay

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