Les évènements dramatiques qui touchent chevaux et bétails des campagnes françaises n’ont trouvé jusqu’ici aucune explication tangible. Il est intéressant de revenir sur des évènements similaires survenus aux USA. Contexte différent, mais mêmes questionnements.
L’article qui suit, paru en 2004, se reporte à des évènements qui ont, comme en France actuellement, bouleversé tout un pays, en particulier dans les milieux agricoles. Nous nous abstiendrons ici d’illustrer cet article avec des photos insoutenables …
Des milliers de bovins américains décédés, exsangues et mutilés !
Mystérieux carnages ou totale hystérie ?
En trois décennies, la presse américaine a relevé le décès inexpliqué de 12 000 têtes de bétails, en plein champ, sans cause médicale reconnue, mais avec des mutilations récurrentes (mamelles, muqueuses) très précises, voire minutieuses : l’Amérique rurale a pris peu, dénonçant de multiples complots impliquant tout à la fois politiciens véreux, sectes sataniques, agents secrets et pilotes d’OVNIS… tentons de démêler tout ceci…
C’est à partir des années 60, que le phénomène se mit à cristalliser dans l’esprit des fermiers américains. Plus précisément à partir du 9 septembre 1967, quand le jeune cheval (un hongre appaloosa de trois ans) du nom de Snippy, fut retrouvé par son propriétaire, gisant sur le flanc à 800 m du ranch, avec des blessures épouvantables sur le cou… avec des plaies extrêmement nettes, comme si elles avaient été effectuées au scalpel. Et Snippy gisait dans une zone vierge de toute trace, comme si le pauvre cheval avait été projeté de plusieurs dizaines de mètres, puis mutilé par des mains expertes.
Des voisins accourus constatèrent que son pelage ne présentait aucune brûlure (ce qui est le cas lors d’accidents de foudre), que le sol, était souillé d’aucun épanchement mais qu’une odeur douceâtre (“une odeur de pharmacie”) flottait au-dessus du cadavre.
Aux alentours immédiats, huit petits trous apparaissaient dans le sol meuble, d’environ 12 cm de profondeur, et des marques noires (une quinzaine) marquaient l’herbe rase de la prairie. Et un peu plus loin, un fragment de chair, qui, ramassé par un témoin, lui provoque une brûlure intense dans la paume de la main.
Le shérif très occupé ne se déplaça pas, et c’est un garde forestier qui fit les constatations officielles.
Dont une supplémentaire : le cadavre laissait échapper des radiations radioactives, de même que les empreintes dans le sol.
La presse locale, puis régionale et bientôt nationale se passionna pour cet incident. Et le ton était donné. Comme par le ” Pueblo Chieftain” du 5 octobre 1967, qui assurait : ” tout porte à croire qu’un chirurgien radioactif à bord d’un OVNI est bien le coupable”.
Début octobre, le cadavre de Snippy était toujours sur place, dans un état, observèrent d’autres journalistes, de quasi-momification. A l’inverse, un groupe d’ufologistes (association NICAP) équipé de matériel performant ne trouva pas trace de radioactivité, et attribuèrent les “marques noires” à des mousses sombres, fréquentes dans les champs.
Puis un médecin hématologue procéda à une énième autopsie : les organes internes avaient eux aussi disparu ! Mais ce spécialiste, qui avait gardé l’anonymat, disparut lui aussi…
Deux semaines plus tard, un vétérinaire était appelé pour donner son avis. N’ayant pas grand-chose à constater, il donne des explications toutes prosaïques (actions de prédateurs de type corbeaux, coyotes et mouches à viande), mais qui ne convainquent personnes, car le mouvement est lancé, il s’agit bien d’un OVNI. D’ailleurs dans la région, on a aperçu de ces engins depuis plusieurs années. Et puis, ce n’est pas la première fois qu’un véhicule extraterrestre s’en prend au bétail !
Et l’on ressort cet article du “Farmer’s Advocate” de 1897. Car six ans avant les frères Wright, les Américains ont eu droit au passage dans leur ciel d’engins bizaroïdes, qui plus est aux intentions néfastes…
A Woodson (Kansas), un notable local, Alexander Hamilton, est réveillé dans la nuit du 21 avril par un bruit provenant de son enclos à bétail. Il se lève en vitesse, et aperçoit alors un cigare volant d’environ 80 m de long, équipé d’une nacelle et de projecteurs, avec un équipage visible à travers le cockpit de six êtres étranges.
Apercevant les Hamilton, ces visiteurs leur braquent alors un projecteur aveuglant et mettent en route un dispositif bruyant (le bruit d’un “écrémeuse”), alors que l’engin s’éloigne doucement, mais avec sous l’appareil un câble rouge, une sorte de lasso, ayant saisi par le cou une pauvre génisse épouvantée.
L’appareil disparu, les Hamilton dépités vinrent raconter leur aventure au village. Et c’est. Et c’est là qu’ils apprirent que la génisse avait été retrouvée à Coffey, 6 kilomètres plus loin, avec les membres brisés.
Le témoignage recueilli par le rédacteur du Farmer’s Advocate, était accompagné d’un certificat de caution morale par onze personnalités locales (su shérif au pharmacien), assurant que Hamilton était sain de corps et d’esprit, et qu’il avait vraiment vécu ce qu’il avait relaté.
Ce petit article, qui fit grand bruit dans les limites du Kansas pendant quelques semaines, était oublié depuis belle lurette quand se produit le drame de Snippy.
Ce témoignage irréfutable, avant l’invention de l’aviation et l’arrivée des premiers OVNI, venait appuyer solidement les partisans des ” visiteurs du ciel”.
Et ces partisans étaient nombreux, car les cas de mutilations se multipliaient, étendant la zone des méfaits à tout de Middle West, puis à d’autres états plus éloignés.
Et pendant les années 1970, ce phénomène constitua un thème récurrent et sensible, reposant sur la mort effective de milliers de bêtes, morts individuelles ou en groupe, mais aussi sur des “à-côtés” dramatiques, comme ces paysans qui tirèrent au fusil contre des hélicoptères de contrôle des pylônes électriques, le prenant pour des prédateurs, ou des mouvements paysans de colère (communiqués injurieux contre une administration impuissante, voire complice, primes de plusieurs milliers de dollars pour obtenir preuves et témoignages…).
C’est que l’affaire prenait aussi une tournure économique sérieuse, qui dépassait maintenant le million de dollars.
Au-dessus de la mêlée des petits journaux locaux, les grands titres nationaux y allèrent de leur enquête.
Le 22 décembre 1974, NewsWeek titrait sur “les maraudeurs de la nuit”, sans trop s’engager dans des conclusions qui fâchent. Le 4 mars 1975, c’est le New York Times qui accompagne l’enquête du gouverneur de l’Oklahoma pour résoudre cette énigme des mutilations. Et de publier alors un rapport qui soupçonne plutôt des maniaques du bistouris étudiants en mal d’émotions, dérangés du cerveau, ou voisins jaloux. Avec l’action postérieure de prédateurs ou charognards pour amplifier ou modifier les mutilations.
Des ouvrages paraissent également, comme ” Le Mystère de la Grande Prairie”, et une revue spécialisée est même éditée sous le titre évocateur de Stigmata ! C’est même un sujet de film “Etrange Récolte” qui sort sur les écrans…
C’est désormais une affaire d’état, et le 20 avril 1979 est organisée a Albuquerque une importante conférence sur les mutilations de bovins par le Sénateur du Nouveau-Mexique, Harrisson Schmitt.
Pas n’importe qui ce Harrisson Schmitt : astronaute américain de la mission Apollo 17, et piéton de la Lune, il possède un Doctorat de Géologie, et fait sérieusement son métier de politique : les fermiers subissent un phénomène… étudions ce phénomène, et mettons-y les moyens.
Et ce finaud trouve une astuce pour impliquer l’Etat dans son enquête. En effet, le Ministère fédéral de la Justice avait toujours refusé de s’intéresser au phénomène, arguant que c’est à la police de chaque état de résoudre de tels forfaits. Sauf… si les actes ont lieu sur un territoire fédéral. Et Schmitt trouve quelques cas de décès/mutilations survenus soit dans des réserves indiennes du Nouveau-Mexique, soit dans des forêts fédérales…
Aussi grâce à ces subterfuges, le FBI est “mouillé”, et cette fois-ci au plan national, avec les moyens importants d’une agence fédérale.
Fin politique Schmitt est pourtant un piètre organisateur de conférences : il se laisse envahir par des farfelus de tous poils qui perturbent les tentatives d’explications rationnelles ou de bon sens, élaborées par les shérifs, vétérinaires, ingénieurs et fonctionnaires réunis à Albuquerque.
Schmitt lui-même brouille les pistes, puisqu’on l’entend dire à la tribune : “soit nous somme confrontés à une situation OVNI, soit c’est une conspiration massive extrêmement bien organisée”. Pour un responsable politique qui voudrait rassurer ses ouailles, c’est plutôt réussi !
Aussi cette conférence historique, très médiatisée, sombre dans la confusion et ne fait en rien avancer les choses. Au contraire, des camps se sont formés, avec des partisans aux idées bien arrêtées, qui poussent le FBI nouvellement mandaté à enquêter dans de multiples directions :
La piste des prédateurs sauvages
Quels animaux, en plein Middle West pourraient jouer le rôle de prédateurs nécrophages pour expliquer cette vague de mutilations ?
D’abord, avant d’être mutilée, une vache doit d’abord décéder… et pas forcément du fait d’un autre animal.
Les accidents, la foudre, des maladies individuelles (mammite, pneumonie) ou d’élevage (charbon, brucellose) peuvent être à l’origine du décès de bandes entières (jusqu’à 30, 50 animaux) dans des zones isolées, et que l’on retrouvera mutilées par l’action de nécrophages, avec des régions anatomiques ou des organes privilégiés : tout ce qui est mou, sans épiderme et qui est à portée de mâchoire : on retrouve les yeux, l langue, les mamelles etc.
Et là, les suspects sont nombreux, depuis les coyotes, lynx, chiens errants, jusqu’aux asticots de mouches, aux fourmis, en passant par les corbeaux, pies, rapaces, jusqu’à même des petits rongeurs qui ne dédaigneraient pas un tel festin !
Sans nier cette possibilité qui crève les yeux, les fermiers mirent l’accent sur cette fameuse “précision chirurgicale”, sur l’absence de traces autour des dépouilles… et bien sûr, sur le passage concomitant d’hélicoptère ou d’objets volants bizarres.
La piste des voleurs de bétails
Hantise des cow-boys, les voleurs de bétail ont été souvent évoqués par les fermiers, non pour les morceaux de viande emportés (des bas morceaux sans valeurs), mais parce qu’il manquait des bêtes à l’appel. Les mutilations auraient alors été des leurres pour brouiller les pistes. Les enquêteurs compétents ont vite compris que c’était une mauvaise piste : les éleveurs du Grand Ouest ne savent pas à 50 près la taille réelle de leur troupeau, comment peuvent-ils parler de bêtes manquantes ?
La piste des sectes sataniques
De nombreux témoignages font état de la présence de “gens bizarre”, affublés de robes et visiblement peu soucieux de se laisser approcher, dans les zones et dans les périodes où ont eu lieu des massacres/mutilations. Des croix, des panonceaux avec l’inscription “Sabeth” auraient été retrouvés.
D’où la piste des sorciers ou adorateurs du diable (ces sectes existaient réellement et commençaient à faire parler d’elles par le biais de films comme l’Exorciste ou Rosemary’s Baby), qui auraient pour leurs cérémonies eu besoin d’organes et de sang. Le “choix” d’organes sexuels (vagins, pénis) ou de mamelles, laissait en effet envisager une utilisation perverse de ces pièces anatomiques, “délicatement découpées” par des chirurgiens hors pair.
C’est une piste que les politiciens ont suivie avec application, car la surveillance des sectes entrait dans leurs attributions.
Des recoupements, des écoutes téléphoniques, des perquisitions n’ont rien donné… de fait, pour obtenir un cœur de génisse, il est beaucoup plus simple de le commander à son boucher !
Incidemment, cette piste profite au moins à un certain Kenneth Bankston, un braqueur qui purgeait une lourde peine au pénitencier fédéral Mario (Illinois) : affirmant qu’il connaissait les membres d’une secte responsable de ces mutilations, il exigea d’être déplacé au Minnesota, mais “pas à Minneapolis où régnait ce groupe d’illuminés vendus à l’Enfer, et qui avait des adeptes jusque dans le milieu de la Police “, et qui préparait les assassinats de personnalités comme Hubert Humfrey ou l’actrice Kim Novak.
Transféré effectivement dans une petite prison de comté, Bankston s’en échappa immédiatement, et on courut derrière lui longtemps…
D’où viennent ces hélicoptères ?
Nous l’avons vu, de nombreux témoins affirment avoir vu roder des hélicoptères dans les zones de ces carnages. Appareils furtifs, non identifiés, qui après enquête de police n’avaient pas d’aéroport de décollage ni de plan de vol. Des appareils modernes, capables de voler même par temps exécrable.
Au moins là, si l’on n’avait pas de mobile, on avait l’instrument : car c’était bien le moyen idéal pour sauter les clôtures, choisir des animaux éloignés, les repérer, les tuer et les mutiler…
Les rumeurs allaient bon train sur le modus operendi. “Il suffisait” de tirer une flèche anesthésique, puis de descendre sur le pré dans une nacelle pour dépecer la bête parfois seulement endormie sans laisser de trace au sol. On pouvait également lui pomper tout le sang (vivante qu’elle était encore…) Ou même l’emmener dans les airs et la lâcher plus loin, pour faire croire à une chute, un accident…
Pour des policiers pragmatiques, ces hélicos pouvaient n’être qu’une illusion, ou dans le meilleur des cas des actes de malveillance d’éleveurs rivaux (les cow-boys sont maintenant pilotes…), ou le signe d’une activité de contrebande de marijuana avec le Mexique voisin.
Mais ces rumeurs étaient tenaces. Et relançaient sans arrêt la question : comment ces hélicos font-ils pour échapper aux radars et aux avions de l’Armée ?
Incompétence ou complicité ?
Des expériences menées par l’Armée ?
Nombreux étaient ceux qui pointaient du doigt le silence de Washington, l’impéritie des contrôleurs aériens, l’incompétence des biologistes, enfin c’était incompréhensible, en plein XXème siècle de voir des milliers de bêtes se faire charcuter impunément ! Alors, c’est que “ils” étaient dans le coup.
Remettons-nous dans l’ambiance. L’Amérique sort à peine du bourbier vietnamien, où l’on a utilisé (en vain) des armes biologiques (défoliants), et sûrement les essais se poursuivent. Et puis surtout, l’affaire Watergate a montré à quel point une administration pouvait mentir et retenir des informations.
Et l’on se souvient de catastrophes officielles, comme cet accident, une fuite de gaz neurotoxiques ou un essai bactériologique malheureux qui, en 1968 avait tué 6 400 moutons en Utah, qui furent remboursés rubis sur l’ongle 376 000 dollars. Mais aussi des essais nucléaires du Nevada, en 1953, où périrent des milliers d’animaux. Mais aussi de nombreuses épidémies en voisinage des centres d’essai militaires, pour lesquelles les autorités furent innocentées.
Car en 1970, Nixon avait ordonné l’arrêt de tout essai dans le domaine des armes bactériologiques – mais les militaires, on connaît, il n’en font qu’à leur tête !
Le Sénateur Church n’assure-t-il pas que les chercheurs continuent de manipuler des bactéries Clostridium, qui peuvent développer tétanos et botulisme…justement des maladies suspectées sur certains cadavres.
Et l’on comprendrait mieux alors ces va-et-vient d’hélicoptères non identifiés. On fait des essais sur des bovins isolés, on attend le résultat, et on revient faire des prélèvements, de sang, mais aussi de mamelles (le lait est un bon traceur de substances toxiques), et l’on mutile pour faire croire à des prédateurs ! Avec des appareils sophistiqués comme des bistouris lasers, que seuls des scientifiques peuvent posséder… le crime est signé !
La piste des OVNIS
Mais il fallait aussi tenir compte de tous ces témoignages décrivant le passage de vaisseaux silencieux et furtifs, dans le même espace-temps que les mutilations. De nombreux shérifs suivaient cette piste. Surtout à partir de 1974, lorsqu’une émission TV très suivie, le NBC Tomorrow show, avait laissé l’antenne à un ufologiste convaincu, Terry Mitchell, qui commença à citer le cas Hamilton de 1897 ( ! !), puis à citer des statistiques montrant la correspondance entre l’observation d’OVNI et les mutilations, enfin son propre témoignage, avec photos, de traces rondes sur le sol, trouvées régulièrement dans les zones concernées.
Qu’est-ce que des extraterrestres pourraient bien faire de pis de vache ou de langue, voire de sang ? Est-ce prosaïquement pour se nourrir, ou bien font-ils des prélèvements (mêmes motifs que pour les militaires) pour surveiller l’état de salubrité de ces troupeaux ?
Comme on le voit, des décès bien réels, des mutilations constatées, récurrentes, mais des pistes multiples et contradictoires pour des esprits simples et surchauffés : pour ces fermiers du Middle West, les vaches sont la seule ressource, le journal local et la radio les seules sources d’informations, le shérif leur seul interlocuteur… on a vite fait de tourner en rond !
D’abord le fameux “cas Hamilton” de 1897 se dégonfla comme une baudruche, car quatre-vingt ans plus tard, on retrouve des témoins qui savaient… que cet article était un énorme canular, monté de toute pièce par une bande de copains, certes notables, mais réunis au sein d’une confrérie appelée Ananias, et dont le souci premier était de faire des farces et des canulars dans la région. Celui-ci était de taille et avait porté ses fruits pendant quasiment un siècle !
L’expérience du shériff Marschall
Et puis il y eut cette fameuse expérience du 4 septembre 1979, dans le Comté de Washington (Arkansas), au cours duquel le shérif Herb Marschall avait voulu en avoir le cœur net : il réquisitionna une bête malade, et avec l’aide d’anesthésiques puissants, l’animal fut sacrifié dans un champ sous surveillance de quatre policiers et d’une caméra infrarouge. Personne ne bougea.
Au bout de dix-huit heures, la bête était gonflée, l’extrémité de la langue avait disparu, et l’anus déjà évidé par les mouches à viande. Ces insectes rongeaient, devant la caméra, les bords des tissus exposés avec une très grande régularité, qui pouvait passer pour une extrême précision, et suçaient les fluides corporels, asséchants ainsi les tissus qui semblaient “vidés”.
Puis au bout de trente heures, les gaz issus de l’intérieur de la carcasse repoussèrent, comme des doigts de gants, la vessie, l’utérus, le vagin et une partie de l’intestin vers l’extérieur du corps… c’était le début d’un festin pour les busards.
Et au troisième jour, la carcasse, sans l’intervention d’un sorcier, d’un militaire ou d’un extraterrestre, avait pris tout naturellement l’aspect que les autres victimes du “grand massacre” : les yeux manquaient, laissant les orbites intactes et sèches, la bête était exsangue.
Cette expérience, menée avec rigueur et compétence, n’arrêta pas immédiatement la rumeur. Ni les pertes de bétail d’ailleurs ! Car sur les millions de bovins laissés en liberté dans les champs du Middle West, un petit pourcentage de 0,5 % des bêtes malades ou accidentées nous donne directement des chiffres équivalents à ceux du “grands carnage”.
L’auteur de ces lignes, qui en 1976 visitait un élevage extensif de 36 000 bovins en Californie, avait été effaré de voir ramener au clos d’équarrissage une quinzaine des dépouilles. “Tout va bien, disait le fermier, une quinzaine de morts aujourd’hui, c’est normal… il n’y a pas d’épidémie, le cheptel est en bonne santé” !
Vingt-cinq ans plus tard, la rumeur existe toujours… sur Internet, mais le phénomène des mutilations n’est plus un sujet de fâcherie pour les cow-boys.
Jean-Yves Gauchet.
Maladie, accident ou foudroiement ? Une méthodologie rigoureuse des vétérinaires en France
Contrairement aux USA, où les bovins sont assurés contre les actes de vandalisme, c’est pour des morts accidentelles que les agriculteurs français sont assurés, avec pour première cause, la foudre.
Mais bien des petits malins voudraient faire passer une vache mal soignée (mammite, brucellose, etc.) pour la victime d’un orage.
Alors les assurances et les vétérinaires se sont organisés autour d’un protocole très rigoureux, qui permet d’avoir une vision très précise des décès du bétail dans notre pays.
Le premier acte du vétérinaire est déjà de venir auprès du cadavre (dans le cas des bêtes mutilées aux USA, moins de 10 % des victimes ont été observées réellement par des praticiens…), même dans des alpages d’altitude, ou au fond d’un ravin.
Certaines traces signent à l’évidence le foudroiement : plusieurs cadavres sur le même site, signes de foudre sur des arbres voisins ou sur des cadavres eux-mêmes (brûlures superficielle ramifiée et sinueuse).
Si ces traces ”externes” sont absentes, l’évocation du foudroiement reposera néanmoins sur une rigidité cadavérique précoce, une forte météorisation, des spumosités hémorragiques dans les nasaux, des signes d’asphyxie.
Si ces lésions spécifiques sont absentes, le vétérinaire pratique alors une autopsie (sauf cas de décomposition pour expertise tardive, où l’autopsie n’aurait aucun sens).
L’autopsie peut alors révéler des tableaux nécropsiques compatibles avec un foudroiement, comme des poumons congestionnés, des hémorragies intra-musculaires dans l’encolure et les épaules.
Si vraiment aucune de ces lésions n’est remarquée, on peut vraiment mettre en doute l’hypothèse du foudroiement.
Alors, on se rabat sur un critère extérieur très performant, qui s’appelle Météorage : il suffit de consulter ce site qui constitue la banque de données de tous les orages qui ont eu lieu en France, à telle date. Pour cela, il faut réaliser un relevé très précis de la position du cadavre. Avec le GPS, c’est justement très précis.
L’absence de tout impact de foudre dans un rayon de 4 km (c’est large !) à la période présumée de la mort, aboutit à un résultat négatif.
Dans le cas d’animaux putréfié, où l’autopsie n’est pas possible, la consultation à Météorage constitue le critère majeur pour l’établissement de l’expertise.
Ainsi, avec un réseau de praticiens très disponible et acquis à une rigueur toute nécessaire, bien des bovins ont été déclarés accidentés, malades ou foudroyés… mais on n’a jamais trouvé de bétail enlevé ou mutilé par des hommes verts…